Il avait demandé au temps de lui apporter ce que le voyageur supplie au déplacement de lui fournir : une raison d'être.
-Tout est légal. La prostitution, les bordels, les escortgirls...
-Mais, dis-moi, c'est le paradis !
... ils (les clients) nous énervent, ils nous émeuvent, tant qu'ils sont là. Une fois partis, c'est un peu comme s'ils n'avaient jamais existé.
Avant la bienveillance, avant le sens du commerce, avant le bon goût - c'est l'amour qu'il faut. Personne ne peut travailler bien sans amour.
Bien sûr qu'il est moins dramatique de baiser contre de l'argent que de rester assis dans la rue à tendre la main. J'attends avec impatience l'imbécile qui me soutiendra le contraire.
Quand Stéphane n'était pas encore là, je mourais de solitude - et il a suffi qu'il arrive pour que je me languisse de moi-même comme c'est le cas dès lors que quelqu'un, n'importe qui, espère ma compagnie.
C'est sûr qu'il est plus facile de faire des putes des machines de sexe dépourvues du moindre affect, jetant tous leurs clients dans le même panier de mépris et de haine, et tombant miraculeusement amoureuses dès qu'elles posent le pied hors du bordel - parce que les femmes sont ainsi faites, n'est-ce pas? Disons qu'on a voulu les femmes ainsi. Ce serait trop complexe de rendre la parole aux putes et de les voir telles qu'elles sont réellement, pas différentes des autres femmes. Il n'est pas besoin, pour se prostituer, d'être acculée par la misère ou complètement cinglée, ou sexuellement hystérique ou affectivement démunie. Il suffit simplement d'en avoir assez de trimer pour n'acheter que le strict nécessaire.
Ce métier en appelle à la capacité des femmes à perdre leurs repères et à les retrouver tels qu'ils étaient à la même place. En somme, pouvoir baiser sans coeur et sans âme lorsqu'elles sont payées pour, mais hors du bordel, redonner en eux son pouvoir magiquen et aux mots du sexe tout leur sens, comme si aucune transaction jamais n'était venue pertruber la notion de sacré.
- Ça m'étonnerait que je sois la seule [ à faire semblant ]. Ce qui vous blesse dans la pute, c'est de savoir qu'elle simule, et que ça vous fasse jouir quand même.
De Joseph, il m'est resté cette conviction aberrante qu'une femme qui baise autant qu'un homme - c'est-à-dire de façon aussi désinvolte - ne peut être qu'une pute, quelle que soit sa tenue ou les regards avec lesquels elle s'offre.