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EAN : 9782290382363
416 pages
J'ai lu (16/08/2023)
3/5   203 notes
Résumé :
« Cette grande joie sombre du désir qui rapproche les hommes et les femmes, ça me passionne, ça me réjouit, ça m'émeut au plus profond de moi-même. C'est ce désir pulsion de vie que j'aime et que j'ai envie de raconter dans mes livres ». E. B.

Peut-on rester femme en devenant mère ? Peut-on rester soi dans le désir des hommes ?
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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sur 203 notes
Chronique vidéo https://www.youtube.com/watch?v=gIQdx9t665s

Quel plaisir de retrouver cette autrice ! Au début, je me méfie un peu parce que je trouve le style moins travaillé que dans La maison, elle a des tics de petite bourgeoise un peu agaçants, comme le fait de rabâcher le fait que son grand-père était chirurgien, ou les surnoms un peu lénifiants qu'elle utilise pour parler de sa famille (ça m'a fait penser à la fille de Brigitte Macron avec son « ma maman », « mon papa », si vous trouvez une vidéo, c'est assez marrant). Mais au bout de quoi, quinze minutes de lecture, je suis happée, happée. Elle a vraiment quelque chose Emma Becker, une manière de raconter à la fois très fine, très ironique, mais avec le souci de décortiquer les affects, parfois les plus inavouables. Je sais pas, je trouve qu'elle est beaucoup plus punk dans sa démarche que Despentes par exemple. La scène où elle taille une pipe à l'ami de son grand-père alors que celui-ci est en train d'agoniser, c'est à la fois vachement pathétique, mais en même temps, y a quelque chose de tellement vrai, cette pulsion de vie qu'il peut y avoir dans ce genre de moment. Et donc voilà, au niveau du style, rien à dire, j'ai été trop vite en besogne, elle sait écrire, décrire toutes les nuances de ses pensées, c'est très vivant, je sais pas moi, ça me fait comme de l'ASMR, un massage de cerveau, c'est pas juste stimulant de lire ses phrases, c'est aussi étonnamment satisfaisant. Ça c'est un style limpide, pour reprendre l'expression de Elle pour Amélie Nothomb (ou bien d'autres…). L'adjectif, trop utilisé, a perdu sa force, mais c'est vraiment celui que je vois pour qualifier sa plume.

L'inconduite, c'est la scène d'ouverture, celle dont j'ai parlé. Mais c'est aussi l'éconduite on a envie de dire, celle qui étouffe l'autre avec son désir. Et je trouve qu'elle va loin dans le féminisme. C'est-à-dire que c'est l'histoire d'une femme libre, si libre que sa liberté peut nous choquer, nous mettre mal à l'aise.

Bon, et je le dis direct, si certains sont gênés par les passages explicites, passez votre chemin, ce n'est pas un livre pour vous. Parce que ça y va, et ça y va sans se retrousser les manches.

Et si certains veulent lui reprocher la circularité du récit, j'ai envie de rappeler que c'est une autofiction, et que je doute pas que cette quête sans nom, cette soif sans objet, ça doit bien la faire tourner en rond. Je trouve que c'est réaliste comment les petites scénettes s'enchainent sans logique, on pioche, on sent que c'est un peu foutraque comme dans sa tête, moi j'aime bien.

Mais on va sortir de la critique littéraire pour parler de certains messages politiques. J'ai trouvé dans ce texte qu'elle essayait parfois de camoufler des affects bourgeois derrière le féminisme. C'est un truc qu'on retrouve souvent, je pense au dernier Annie Ernaux, je pense aux magasines féminin où on revient souvent aux questions de « qui doit payer l'addition » ou « je sors avec quelqu'un qui gagne moins, comment faire », ce genre de débat. C'est une manière de ne plus réfléchir en termes de domination (elles pensent que leur indépendance financière est question de mérite, pas de la chance d'être bien née, de privilégier d'un système complaisant envers elles — « j'ai fait tant d'études, je me suis battue par arriver là où j'en suis » etc, sans mentionner que papa ou maman dine chez le PDG une fois tous les 3 mois. Et aussi, que c'est une manière de renverser le patriarcat, sans s'apercevoir que c'est juste jouer sur les mêmes notes, celles qui vont dans le sens du capitalisme). Et donc, la domination, là, avec Jon, n'est pas du tout une domination de genre, mais bien sociale. On a carrément l'impression de voir La vie d'Adèle inversée (par exemple, la manière dont elle parle de lui avec ses amis Alexandre ou Gaspard, ça a quelque chose d'hyperviolent, de déshumanisant). Elle se permet de le ramener toujours à son statut de chômeur, de mec qui bande pas et s'étonne que ça améliore pas la situation. Et bon sang, qu'est ce que ça aurait été dérangeant si ça avait été le contraire : un mec qui entretient une nana et le lui ramène toujours à la gueule. Y a une mesquinerie de petit commerçant là-dedans qui me sortait par les yeux. Mais je trouve parallèlement que c'est super intéressant de l'écrire tel quel, sans fausse pudeur de gazelle (et certainement de ne pas s'en rendre pleinement compte, car même si elle dit un moment qu'elle ne veut pas réfléchir de la même manière que son père, elle ne peut pas s'en empêcher, elle nous prend à partie pour qu'on pense comme elle, mais ça ne marche pas, on peut pas, enfin moi je peux pas, l'empathie était entièrement du côté de Jon). Ça montre vachement bien la difficulté de sortir entre personnes de classes différentes (et bien mieux que le jeune homme). Et comment les différences de classes empoisonnent toute relation humaine : elle le trompe avec un trader, c'est pas anodin, et elle le dit elle-même, même si elle ramène encore ça à une question de bander dur ou pas. (d'ailleurs, je trouve ça intéressant le parallèle entre le statut social et l'érection, les deux ont un rapport avec une vision masculine idéalisée, le bloc qui ne ploie pas, qui ne pleure pas). Après, sur le fait que c'est une bourgeoise, je dois clarifier, parce qu'elle se voit elle-même comme déclassée. Mais ça n'empêche pas qu'elle a, à mes yeux, des préoccupations bourgeoises, et la première, c'est celle de la jouissance. J'ai été étonnée à la fin, quand elle parle de sa position sociale, je trouvais que ça faisait presque dans le middle-class-washing (ouais, ça existe pas, je viens d'inventer le concept) : « C'est de là que je viens, de cet univers parallèle, la banlieue. Même pas la classe ouvrière, non la classe un petit peu au-dessus « (On sent l'euphémisation) « qui envoie ses gosses à l'école privée et aime faire semblant de s'en être sortie en dépit des heures supplémentaires pour payer les leçons de tennis de la petite […] Je suis de cette classe qui a une maison de vacances, oui, mais une maison héritée, passée de génération en génération […] » Pauvre petite fille pas assez riche…

Et d'ailleurs, quand elle dit que la première injustice est une injustice de genre et pas de classe, je pense qu'elle se trompe, (et que c'est encore un reste de bourgeoisie qui parle) : « Ce n'est pas tant la classe sociale qu'il faut transcender, que ce double regard qui rend les gens intéressants ou inquiétants, cruciaux ou anecdotiques, selon le genre avec lequel ils traversent cette existence ».

Il y aussi la question du consentement, avec une phrase terrible qu'elle dit à Jon « En gros, il faudrait que je me force à te voir, mais il est hors de question que tu te forces à me baiser ? »
Et on comprend ce qu'elle veut dire, et on veut ne pas comprendre. On comprend ce que c'est de faire des concessions, des compromis, et en même temps, c'est pas la même chose, on ne marchande pas le sexe comme si c'était vider le lave-linge. Elle l'accule, et plus elle l'accule, plus ça devient malaisant, et plus c'est malaisant, plus c'est intéressant à lire. Cette question de consentement est intéressante parce qu'elle évoque aussi la violence que ça peut être, de ne pas être sur la même longueur d'onde, de se sentir privé de quelque chose. Mais ça ne marche pas comme ça, et alors qu'on a l'impression que la communication devrait aider, plus ils parlent, plus ils s'embrouillent.

Et puis le désir, le désir qui file entre ses doigts — dès le départ, y a la question du regard de l'autre. Elle n'agit que pour faire plaisir, (enfin, presque que pour faire plaisir), même si elle en prend, on a l'impression que c'est collatéral. Les scènes, c'est toujours un don de soi, elle parle d'abandon, elle parle de possession. Si le plaisir d'offrir est systématique, on repasse pour la joie de recevoir. Et c'est ce qui grippe dans la relation, cette question de performance, d'en faire toujours plus ou toujours différemment, de se réinventer — le sexe comme une élaboration toujours plus complexe et sophistiquée, qui enlève la spontanéité. — un peu comme la lente agonie de Solal et Ariane dans Belle du Seigneur : chercher à retrouver les frissons du début et toujours s'en éloigner davantage. L'impression que j'ai eue, c'est que ce n'était pas tant une question de sexe que d'incomplétude, on le voit quand elle et Jon ne le font plus, elle ne sait pas comment remplir les heures, fumer quelques joints peut-être, mais le sexe en arrière-fond comme une litanie qu'on arrive pas à se sortir de la tête. (comme Michael Fassbender, dans le film Shame).

Jusqu'à atteindre le point de non-retour avec Vincent, le réalisateur. Ils sont dans un marivaudage maniéré et codifié qui fait penser à un film de Haneke(Happy end, je crois) — une sorte d'érotisme un peu poussiéreux et décadent….qui n'aboutit à rien. Et ce rien, c'est le début de la prise de conscience. Et je veux pas faire la moraliste, et le livre ne le fait pas non plus, c'est une prise de conscience douce, gaie : vers l'amour de soi, ce n'est pas une histoire américanisée de grandeurs et de chute, non, juste l'histoire d'Emma qui découvre Emma.


La fin est franchement très belle, ça m'a foutu une claque, je pense que c'est le genre de roman qui arrive à faire évoluer sa pensée sur le féminisme, sans sacrifier le style, sans sacrifier le plaisir esthétique. Il nous fait nous demander, et toi, tu en es où avec le regard de l'autre, tu en es où avec ce que tu veux toi ? Je sais que j'en ai pas beaucoup parlé, mais je ne veux pas gâcher le livre non plus, mais y a beaucoup d'humour, beaucoup de scènes franchement marrantes — et oui, beaucoup de scènes de sexe, mais je pense qu'elles sont importantes pour le pacte d'authenticité fait avec le lecteur. Elle veut parler de ça, elle va parler de ça, sans omettre le parfois-glauque, sans omettre le parfois-sublime. Une autrice à retenir dont je vous recommande le livre.



Lien : https://www.youtube.com/watc..
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On parle beaucoup du roman de Despentes en cette rentrée. Et pendant ce temps là, on ne lit pas l'un des grands romans féministes de cette année. Pas besoin d'afficher un connard de bon aloi en couverture, il est bien plus subtil de tisser sur 360 pages un état des lieux des rapports amoureux entre une femme (Emma Becker) et des hommes.

Si La Maison était le roman de la sororité exacerbée (et mon coup de coeur ultime de 2019), L'Inconduite est le roman du masculin (et peut-être mon coup de coeur ultime de 2022.) Livre du corps des hommes, beaucoup, de leurs regards sur les femmes, de leurs parades amoureuses, de leurs limites. Et il y a quelque chose de neuf dans cette capacité d'une jeune femme à dire sans filtres ce qu'elle connaît d'eux, du désir qu'elle leur porte, de leurs prouesses à leurs bassesses, dire qu'elle a besoin, envie d'eux et qu'elle sait pourtant qu'aucun ne sera à la hauteur de son attente. Lenny, Jon, Gaspard, Vincent et les autres, ont une place prépondérante dans sa vie. Ils alimentent son texte, ses pensées et sa réflexion. Évidemment, à la lecture de ce roman, on peut voir exclusivement une succession de bites et de chattes. Comme chez Nicolas Rey, on peut rester en surface et ne voir que l'autofiction avec de vrais morceaux de sexe dedans. Ici, comme là-bas, c'est nier la portée sociale du texte.
Emma Becker porte son regard plus loin. Sur le fait de ne pas avoir les codes des bonnes classes sociales (le passage sur Goldman est d'une grande intelligence), le fait d'être une trentenaire cultivée regardée avec condescendance par des hommes plus âgés (là c'est le passage avec Balavoine que je souligne).

Et puis, Emma Becker est une grande autrice, de celles dont j'admire le ton, le drôlerie, la capacité à jouer d'elle-même. Il y a des citations de choix, des chapitres que j'ai lu, relu (Jane, Serge et l'Anamour, oui, j'ai une obsession pour la chanson). Je lis de plus en plus d'autrices nées à la fin des années 80. Moi qui pensait stupide de parler de voix d'une génération, je m'y retrouve pourtant. Et je suis heureuse de voir émerger cette parole on ne peut plus libératrice et portée de si belle manière.

Lâchez Despentes, lisez Becker.
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📚 RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚

Emma Becker est une auteure qui ne mâche pas ses mots ! Avec « L'inconduite », que l'on peut qualifier d'autofiction romancée (mais romancée jusqu'à quel point ?), la narratrice est mariée, maman d'un petit bébé, Isidore. Les sentiments envers son mari, Lenny, s'étiolent peu à peu, la routine plombe le couple.

« L'inconduite » est un roman pour les femmes. Histoire de s'affranchir de cette image de la mère imposée par notre société. La narratrice se retrouve oppressée et prisonnière par ce nouveau rôle. La maternité transforme complètement une femme. Mais elle n'a pas changée totalement notre héroïne : elle refuse d'abandonner la partie la plus colorée de sa vie, celle qui la fait pétiller : les hommes, le regard des hommes sur elle, le désir qu'elle éprouve pour eux et son besoin d'être désirée. Elle considère le sexe comme un jeu, extrêmement ludique. Elle n'hésite pas à échafauder des plans érotiques avec ses amants, histoire de pimenter tout cela. Quelquefois, cela ne se passe pas comme elle le souhaiterait (les hommes ne sont pas des machines, lol), et l'humour prend alors le dessus.

« J'aimerais bien être la Jane Birkin de quelqu'un, pour une fois. C'est trop demander, putain, un type qui me regarde comme s'il n'avait jamais rien vu de plus beau ? »

Sans filtre, sans tabou, Emma nous propose un roman qui mêle maternité, sexe, désir et amour. Une réflexion très juste sur ce qu'il advient du couple après la naissance d'un enfant, sur ce que l'on en fait. Une fois que l'on est devenue mère, que nous reste-t-il, à part les biberons, les couches à changer, l'éducation à donner ? Comment ne pas se perdre dans tout cela ? Comment rester femme ?

« Mais ces plages d'intimité ont toujours une fin, et nos entrevues dehors, dans la nuit qui se rafraîchit d'heure en heure, pourraient se passer entre deux portes – au fond, c'est vrai : rien n'a changé.
Victor et moi baisons au pied de notre chêne, ma robe nouée dans le dos, sa main sur ma hanche. Ce matin il me semblait que c'était le but ultime, au-delà ce serait le néant de l'existence normale qui reprendrait, comme à chaque fois que je quittais Victor. »

Emma a trouvé la solution : vivre pour soi, ne pas tout donner pour son enfant, après tout, trouver son bonheur ailleurs n'est pas interdit. Être une mère à 100% de son temps n'est pas une obligation gravée dans le marbre. L'occasion de nous en dire plus sur les hommes et la sexualité. Comment le statut social peut nuire à une relation, par exemple.

Alors, je dois bien avouer, quand même, que les scènes de sexe m'ont un peu gavée à la longue. le roman démarre sur les chapeaux de roue et ne faiblit pas, au risque de choquer. Emma est une auteure hors du commun. Avec son écriture franche, suggestive et flamboyante, lire l'un de ses romans est une expérience hors norme.

Avec une pointe d'humour, Emma décrit la condition féminine à travers le prisme de la sexualité. Si nous, en tant que mère, nous mettions ce statut de côté pour reprendre notre condition de femme, ne réagirions-nous pas comme la narratrice ? On peut parfaitement s'identifier à elle, on la comprend, même si on n'irait pas forcément jusqu'à faire ce qu'elle fait (quoique…)….Quelle mère n'a jamais rêvé d'avoir une journée à soi, pour redevenir femme ?

La seule chose qui m'a dérangée étant le fait qu'à la fin du livre, j'étais bien incapable de définir où exactement Emma voulait en venir. OK, on a saisi l'objectif premier de l'auteure. Mais la narratrice, elle, qu'a-t-elle trouvé dans toute cette ébauche de sexe ? Mieux se connaître ? J'ai trouvé qu'Emma n'avait pas été au bout de sa démarche, et c'est dommage. Quant à la fin, elle m'a laissée assez dubitative…Trop banale.

Un roman court, qui se lit vite, qui permet de se poser pas mal de questions, un voyage étonnant, mais à ne pas mettre sous tous les yeux ! Un roman qui bouscule les conventions, qui va déranger et faire débat, c'est sûr ! Les hommes se sont emparés de ce thème, cela ne pose aucun problème. Que dire d'une femme écrivant sur ce sujet ? Absolument scandaleux lol ! Je dis bravo à Emma d'avoir su rester audacieuse !

« On ne dit jamais je t'aime à son enfant comme après l'avoir un peu oublié. »

#EmmaBecker #LInconduite #AlbinMichel #RentréeLittéraire2022
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Le livre commence sur la fin de vie et la mort du grand-père de la narratrice.
Puis elle parle de son mari, Lenny, et de leur bébé, Isidore.
Ensuite elle nous fait part de sa vie amoureuse, ou plutôt sexuelle.
Et sa sexualité, elle la vit à un rythme effréné.
Prostituée dans une maison close, elle multiplie d'autre part les expériences sexuelles plus personnelles.
Bon, page 100, j'ai refermé le livre.
Je ne me sentais pas d'assister à tout cela jusqu'à la page 366.
Je ne comprends pas ce livre, ses intentions, son utilité.
Je laisse Emma Becker à sa vie, à ses relations, à son destin.
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Pauvre Emma ! Sa vie n'est vraiment pas facile.

Elle est « séparée » du père de son fils. Elle passe son temps à voir des hommes (dans l'espoir de trouver une personne capable de la satisfaire. Certains y arrivent mais sur un lapse de temps court), Elle a un fils qui semble être un fantôme. Il fait des apparitions dans sa vie de temps en temps : Elle le couche, l'amène au parc. Et enfin, elle a besoin effréné de s'occuper du crayon des hommes qu'elles désirent.

J'ai eu beaucoup de mal à comprendre où l'autrice voulait en venir. Voulait-elle qu'on plaigne Emma. de mon côté, ça été totalement le contraire. Je n'en pouvais plus de l'entendre se plaindre, de ne jamais se remettre en question. Elle en veut à tous les hommes qu'elle croise de ne pas être assez dur, ne pas répondre précisément à ses besoins, de ne pas comprendre ses petites attentions vestimentaires…

De plus, j'ai la sensation que la question : Peut-on rester femme en devenant mère n'a pas été abordé. Oui, elle a un fils mais je n'ai jamais eu la sensation qu'elle s'exprimait comme une mère. Je me suis trompée en achetant ce livre. Je pensais lire un chemin de pensée et de questionnements d'une femme. A la place, on se retrouve à suivre ses envies frénétiques de sexe. Vu le thème, qu'elle parle de sexe je trouve ça normal, mais dans beaucoup de situation cela ne servait pas la narration. Ce qui est à mon goût dommage car j'attendais beaucoup de ce livre.

Je me suis forcée à le lire en entier car j'espérais une amélioration. Hélas, ce n'est jamais arrivée. Malgré tout, l'écriture est fluide. A mon goût, c'est un livre qui ne se lit pas comme un simple roman. Il faut être dans un certain état d'esprit pour recevoir tous les propos d'Emma Becker. Cela ne met pas en doute le talent d'écriture de l'autrice. Je fais juste partie de ses personnes qui ne sont pas sensibles à sa formulation même si les (ébauches de) questionnements soulevés sont, je trouve, très intéressants.

Pardon, un passage a été pour moi, enfin satisfaisant (heureusement que je me suis forcée à aller au bout du livre) : le coup de gueule d'Emma sur Vincent. le personnage ne parlait pas que de son cul. Elle cherchait à se libérer des diverses problématiques qui remplissaient sa pensée et qui l'empêchait de s'épanouir : la distinction entre les différents milieux sociaux, les coutumes, les idées reçues… Emma essaie enfin de se libérer.
Malheureusement, cette critique ne servira pas à promouvoir le livre.

Ce n'est que mon avis, à vous de vous faire le vôtre.
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critiques presse (3)
LeFigaro
22 septembre 2022
Son livre La maison, écrit après deux ans passés dans un bordel à Berlin l'a fait connaître. Elle récidive avec L'Inconduite, un récit sur le désir après la maternité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
01 septembre 2022
L’autrice de « La Maison » puise à nouveau dans sa propre expérience pour raconter sa liberté sexuelle et établir un codex néoféministe. Lucide et drôle.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaPresse
31 août 2022
Avec sa plume libérée et ses réflexions toujours décomplexées, disons qu’Emma Becker n’a pas fini de faire jaser. De brasser les uns, carrément choquer les autres. Peut-on rester femme en devenant mère ?
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Peu importe le thème, tant qu’il se sentait pa r capillarité ourlé de mon aura sulfureuse. J’étais sa créature crachotant des morceaux de Bataille, disant tout haut ce que lui n’avait jamais osé murmurer. Cecil aurait adoré écrire, mais il était devenu médecin. Il ne se fatiguait pas pour qu’on croie à une seconde vocation éclose et qui l’aurait détourné de l’écriture, non, c’était clairement pour le fric. Avec le temps j’ai appris à lire entre les lignes. C’était beau sur moi , la vocation. C’était beau, c’était admirable sur les autres, l’astreinte qui ne payait pas les factures, le statut social qui, sans le statut financier allant avec, n’était au fond qu’un fardeau, la solitude, les humeurs sombres, l’espérance de vie moindre, il faut bien le dire, par rapport à celle d’un chirurgien esthétique résidant rue de Passy. Ça vous faisait une maîtresse intéressante. Pas le genre qu’on présentait à ses amis. Pas le genre qu’on consolait d’un rendez-vous manqué avec un bijou, ou qu’on avait au moins la décence d’écouter quand elle parlait, mais pour un petit coup pas compliqué dans la voiture de fonction, ça marchait très bien. Et puis il n’était pas très à l’aise avec le bordel.
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* Est-ce que j'ai décidé d'être écrivaine parce que j'ai senti, très tôt, que cette faim de poésie ne pourrait jamais être comblée que par moi? Que les hommes, dans leur immense majorité, sont inaptes à la générosité affective? Entre Monsieur et ce livre qui commence, rien n'a changé, j'en suis toujours à inventer des mondes pour les hommes que j'aime, où ils se promènent en héros ; et sous ces latitudes même mon mépris, mon dépit finissent en élégie. J'aimerais pas écrire sur autre chose, pour une fois, que mon cul et ma tête jamais assez remplis, jamais satisfaits ? Je me connais, même s'il me poussait la créativité nécessaire pour pondre un roman d'horreur, je trouverais quand même un moyen d'y placer une petite nana tremblante d'amour pour un abruti qui ne le mérite pas. Elle sera toujours là, tapie dans un coin, vexée de n'être le totem de personne.

* Je n’appréhende la douceur et la violence des hommes que de cette façon, en reniflant leur peau ; on pourrait trouver cette quête totalement creuse, reste que je me sens plus proche d’eux ainsi qu’en m’émerveillant de leur intelligence ou de leur héroïsme, tout comme ça me suffit de ne connaître de Foucault que ses blousons en cuir, ses orgies en sauna et l’amitié qu’a eue pour lui Hervé Guibert, je me sens plus proche de la vérité en parlant de leur bite que de leurs combats, peut-être parce que leurs combats sont compliqués et vains et trompeurs, alors qu’une bite ça ne sait pas mentir. Parler de leur bite, c’est les faire tenir dans le creux de ma main.

* J’en conclus que sucer un homme équivaut à lui faire baisser sa garde, à l’amener à un niveau où je peux le comprendre, où il n’est plus aussi impressionnant – un niveau où j’existe pour lui, où je suis donc perméable. Le problème, c’est peut-être ça, qu’il en soit des hommes de ma vie comme des hommes qui écrivent. Prendre leur queue dans ma bouche, désarmer la bombe qu’ils représentent, sauver ma peau.

* Il faudrait que je puisse vivre sans ce constant regard masculin, que je puisse me définir par moi-même, ma liberté, ma capacité d’agir. Qu’est-ce que je m’encombre de cette cohorte d’imbéciles qui me pompent mon temps et ma force vitale ? Qu’est-ce qu’ils ont à m’apprendre sur moi que je ne connaisse pas déjà ? Pourquoi ai-je l’impression de leur devoir ma carrière ? Ce n’est pas suffisant, un fils dont m’occuper ? Est-ce qu’il faut en plus que je consacre l’essentiel de mes journées à penser à eux, à pourquoi ils n’ont pas agi, à ce qui les a poussés à agir contre toute attente, pourquoi faut-il, en partant de chez eux, que je passe le reste de la journée dans leur tête, dans leur appartement où je ne suis plus ?

* Écrire et vivre sont deux choses distinctes. Oui, mais pas quand on écrit comme moi. Pas quand on vit dans
la perspective d’écrire. A moins qu’on n’écrive pour donner un sens à cette pitoyable petite existence, et que chaque micro-évènement ne soit motif à des centaines de pages. C’est du bluff, ça n’est que ça. Ma vie n’est pas intéressante, ça n’est rien qu’une vie parmi des milliards d’autres, la différence, c’est que j’ai la présomption de penser qu’elle mérite d’être racontée. Ma raison d’être sur cette terre se résume tout entière à ce culot. Sans ça, je ne suis rien qu’une petite bonne femme percluse de doutes, et ces doutes sont la façon la plus agréable que j’aie trouvée de gagner ma croûte.
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Pour expliquer ce que je fuis en essayant de fuir Lenny (à part peut-être la sensation d'appartenance à quelqu'un, à un lieu), il faudrait que j'explique comment c'est d'essayer d'écrire des choses sur soi, des choses graves et intimes, prise en tenaille entre les cris du Petit et le regard du père, de supporter le pouvoir qu'on s'accorde sur votre corps et sur votre tête juste parce que vous vivez là et que vous ne pouvez pas y changer grand-chose, les demi-accords pour garder une bonne atmosphère, les dix minutes de levrette sur le canapé après avoir couché le Petit et avant de se coucher soi-même, la tête dans l'oreiller, à transformer sa haine en corvée, et entendre le sifflement de générations et de générations de femmes, comment on a fait, nous, comment on y a survécu, pourquoi ton statut d'écrivain te protègerait-il d'une vie de femme tout ce qu'il y a de plus banal, la bouffe, le ménage, les exigences sans fin, et quand la journée est finie, une autre journée commence, une demi-journée où il faut faire rentrer le boulot et la réplétion de l'homme puisque rien n'est gratuit ici-bas, tout a un prix, ton travail a un prix, ta tranquillité a un prix, et la tranquillité des femmes passe toujours par un de leurs trous, sur les trois il y en a forcément un que tu peux céder à moindre coût vers vingt-deux heures, presque morte de fatigue, et que tu aies dit "c'est fini entre nous" au fond n'importe pas, le fait est que tu vis encore ici, tu manges ici, il y a de l'argent que tu peux donner pour t'en acquitter et la marchandise que tu dois livrer ici chaque soir, que tu devrais livrer en tout cas, et les soirs où tu y échappes on ne manqueras pas de te le faire remarquer, regarde ma patience, mon indulgence, je sais que tu me voles mais tu me rembourseras à un autre moment, j'attendrai, chaque fois que tu passeras la porte les bras chargés de courses je serai là et j'attendrai mon heure, parce que mon heure vient toujours, et lorsqu'elle ne vient pas c'est là que je m'énerve, c'est là que je dis en frappant les murs qu'il faut que tu partes, ma vie est un enfer, tout est de ta faute, sans toi je me déteste mais tout pourrait s'arranger avec une pipe, avec une pipe j'oublie que rien ne va dans ma vie et j'oublie jusqu'à l'avoir dit, je ne le pensais pas, ce que je voulais dire par là c'est que j'aimerais que tu me suces, même si tu n'en as pas envie, tu as fait ça pendant trois ans contre de l'argent, tu n'as qu'à imaginer que tu te paies quelque chose en me prenant dans ta bouche, on pourrait dire que c'est un fantasme, mais si tu tires la gueule à cette idée je peux aussi te rappeler qui t'héberge ici.
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Ça fait partie des choses qu on devrait ne jamais montrer. Qu' on emballe les années 70 dans le même suaire, qu'on m'expédie ça au centre de la Terre, près des déchets nucléaires qui nous grignotent par la racine. On serait moins malheureux si on n'avait pas, dans le rétroviseur, des couleurs aussi vives et une telle illusion de bonheur.
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Parce qu'il est très perceptible que je pourrais me mettre à pleurer, Gaspard me fait l'amitié de considérer en silence, quelques instants, le cul-de-sac navrant de banalité dans lequel j'ai encore miraculeusement atterri. Et puis il me dit: « Emma, tu sais bien que ton problème, à toi, c'est que tu n'as pas seulement envie de baiser. Tu as envie dêtre amoureuse. »
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Vidéo de Emma Becker
"C'est beau, un beau roman. Ce n'est pas méprisable, mais la vérité seule donne le ravissement parfait." Ces quelques phrases, écrites par Jules Renard dans son journal le 3 septembre 1902, montrent déjà l'importance de la question de la vérité du roman. Et pour notre invité du jour, Laurent Binet, qui invente de livre en livre de nouvelles manières de raconter L Histoire, c'est une question cruciale. Comment dire L Histoire sans la romancer ? Ou plutôt, comment la romancer en respectant sa véracité ? Voici une partie des questions que nous abordons au fil d'un entretien, qui est aussi un parcours dans l'oeuvre de Laurent Binet. Et pour la découvrir, nous entendrons aussi les voix de nos libraires Marion et Michaël, qui nous parlent de leur lecture jubilatoire des quatre romans de l'auteur.
Bibliographie : - HHhH, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/1251668-hhhh-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- La Septième Fonction du langage, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/9969084-la-septieme-fonction-du-langage-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Civilizations, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16139467-civilizations-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Perspective(s), de Laurent Binet (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22535980-perspective-s--laurent-binet-grasset ;
- Dans une coque de noix, de Ian McEwan (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/15057428-dans-une-coque-de-noix-roman-ian-mcewan-gallimard ; - Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, d'Eduardo Galeano (éd. Pocket) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/368604-les-veines-ouvertes-de-l-amerique-latine-es-ve--eduardo-galeano-pocket ;
- Mémoire du feu, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/3775616-memoire-du-feu-les-naissances-les-visages-e--eduardo-hugues-galeano--lux-canada ;
- Les Enfants des jours, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/8926612-les-enfants-des-jours-un-calendrier-de-l-his--eduardo-galeano--lux-canada ;
- Une sortie honorable, d'Éric Vuillard (éd. Acres Sud) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/19971146-une-sortie-honorable-eric-vuillard-actes-sud ;
- L'Inconduite, d'Emma Becker (éd. J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22563715-l-inconduite-emma-becker-j-ai-lu.
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