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Critique de MathieuK


La quatrième de couverture de L'inconduite présente une photo du joli minois d'Emma Becker sous laquelle est inscrite cette question : peut-on rester femme en devenant mère?
Il est donc logique d'imaginer que cette oeuvre d'autofiction apporte la contribution d'Emma Becker à cette interrogation universelle.

Il n'en est rien. L'inconduite est un appel de détresse, un besoin d'amour auquel il n'est pas humain de rester insensible.

Après avoir passé plusieurs années dans un bordel berlinois (expérience qu'elle relate dans son précédent ouvrage La maison), Emma s'est enfin casée avec Lenny. de cet amour est né Isidore mais l'histoire ne peut s'arrêter là...elle aurait été trop belle. Ce nouvel édifice s'effondre aussi vite qu'il a été érigé. le désir s'est enfui et, avec lui, la sagesse d'Emma.

Elle aurait pu en rester là et nous décrire la déliquescence de son couple et la difficulté d'être à la fois mère à la fois épouse, mais ce n'est pas Emma. Emma se jette corps et âme sur n'importe quel inconnu, n'importe où...car elle a besoin de vivre - sous-entendu l'amour - pour écrire et d'écrire pour vivre - sous-entendu l'amour. Il lui faut donc embrasser de tout son être la quête du désir absolu dans les yeux des hommes.

Ceux-ci en prennent d'ailleurs pour leur grade tout au long du livre sans que cela puisse le lui être reproché d'ailleurs, eut égard à ce qu'elle nous en livre. Seul, son grand-père, dont elle nous partage les derniers instants avec beaucoup de tendresse, échappe au sombre tableau dressé de la gent masculine - ce qui ne l'empêche pas de nous décrire comment elle a sucé le meilleur ami du mourant dans le sous-sol de l'hopital où papounet rendait son dernier souffle...

Chez Emma Becker l'attendrissement sincère est à portée de ligne du cynisme le plus cruel. C'est d'ailleurs ce qui fait de ce livre une vraie merveille car cette écrivain a le talent de nous faire vivre ses humeurs, ses envies et ses frustrations avec beaucoup de force et d'émotion.

J'ai donc aimé cet objet littéraire pas tout à fait identifié qui voudrait nous faire croire au scandale de l'inconduite (débauche, dévergondage, excès, folie d'après le Larousse) alors qu'il s'agit d'une main tendue d'une femme qui souhaiterait qu'on la regarde comme Serge Gainsbourg couve Jane Birkin d'un désir ardent dans l'Anamour. le syllogisme entre le titre de ce film et le titre du livre d'Emma Becker est d'ailleurs envisageable.

Une fois refermé ce livre et en rédigeant ces quelques lignes, je réalise d'ailleurs qu'y brille un grand absent : le père dont il n'est fait aucune mention tout au long des 364 pages.
Qu'en aurait pensé Sigmund?
Nous en aurons peut-être l'explication dans son prochain ouvrage...qui sait?

En tout cas, bravo Emma Becker et merci de nous faire partager votre liberté dans toute sa sensibilité!




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