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Citations sur Messagers du désastre (20)

p.142.
Par ma mort je veux protester contre le monde qui ne fait rien et permet l'extermination du peuple Juif. Je sais que la vie humaine n'a pas de valeur en ce moment. Mais par ma mort je veux offrir ce que je n'ai pas été capable de faire de mon vivant, contribuer à briser le mur d'indifférence pour qu'on puisse peut-être sauver les quelques Juifs qui restent en Pologne. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne, je la lui offre.
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p.124-5.
Ainsi de la décision du gouvernement britannique de libérer en 1921 cent cinquante Turcs qui avaient été internés sur l'île de Malte en 1919 : « Je fus choqué. Une nation avait été assassinée, et les coupables libérés. Pourquoi punit-on un homme quand il tue un autre homme, pourquoi le meurtre d'un million est-il un moindre crime que celui d'un seul individu ? »
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p.119-20.

En 1918 encore, un journal turc de langue française n'hésite pas à dénoncer la barbarie... des Arméniens :

On frémit devant les tableaux des atrocités commises par eux […]. Ils ont tué tous ceux qu'ils ont rencontrés, ils ont brûlé les villages, abattu les animaux. […] Les organisations arméniennes appliquent systématiquement leur plan d'anéantissement de la race turque. […] L'histoire se prononcera certainement un jour sur le compte de ces criminels civilisés. Quant au présent, ces insensés doivent savoir que leurs crimes leur coûteront cher. Ce n'est pas à une poignée d'Arméniens […] qu'il est donné d'exterminer la race turque ; celle-ci est si forte qu'elle est garantie par la nature et Dieu même contre l'anéantissement. Tout au plus ces crimes et ces atrocités provoqueront-ils une indignation inoubliable dans le vaste monde qui va jusqu'aux confins de la Chine et comme les Arméniens sont par Dieu même condamnés à vivre justement au milieu de ce monde, quelles que soient dans les mains dans lesquelles ils se trouvent, il deviendra un enfer pour eux. Voilà le seul résultat auquel ils peuvent aboutir tant de crimes⁴⁴ !


En un effet de miroir bien typique des assassins de masse, les Turcs attribuent leurs propres infamies à leurs victimes, et prétendent se défendre de ces « criminels civilisés », oxymore qui les définit parfaitement eux-mêmes. Conviction négationniste des bourreaux qui se pensent en victimes et font montre d'un « racisme apocalyptique » alors qu'ils ont exterminé tant d'Arméniens. Les Ottomans ont perdu la guerre, mais ils ont gagné leur pari : anéantir les Arméniens. Ceux qui n'ont pas été exterminés physiquement ont été détruits autrement. Les viols, les conversions et les mariages forcés, les vols d'enfants élevés comme des musulmans les ont anéantis en tant que peuple, en tant que chrétiens, et leur culture millénaire a été ravagée dans les églises et les bibliothèques brûlées. Quant à l'accaparement des maisons et des biens, il allait permettre de gagner économiquement la paix turque. Sans Arméniens.


44. Hilal, 14 mars 1918. Exemplaire conservé dans les A.V., secrétariat d'État, Guerra 14-18, 244, fascicule 112.
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p.96.
George Orwell réfléchit alors à l'un des paradoxes des guerres : leurs cruautés sont toujours dénoncées comme celles de l'autre camp et guère analysées pour elles-mêmes, quand elles ne sont pas niées comme ce fut le cas après la Grande Guerre. « Tout se passe comme si la vérité devenait mensonge dès qu'elle sort de la bouche de votre ennemi. » Mais, s'offusque l'écrivain engagé, « le pire n'est pas à propos des atrocités, les mensonges dont elles sont l'objet à des fins de propagande. Le pire est qu'elles existent. […] Ces choses ont réellement eu lieu, voilà ce qu'il ne faut pas oublier. »
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p.61.
« Les Juifs sont en train de mourir. Il n'y aura plus de Juifs. Pourquoi ont-ils des dirigeants ? Il faut que les Juifs rencontrent les dirigeants des Alliés, qu'ils exigent. Si on leur refuse les rencontres, qu'ils restent dehors, qu'ils refusent de boire, de manger. Qu'ils meurent. Qu'ils meurent lentement. Que l'humanité les voie. Peut-être sera-t-elle enfin émue ? [Karski-Zygelbojm saute sur ses pieds, tourne en rond dans la pièce] Folie, folie, ils sont fous ! Le monde entier est fou ! Ils ne comprennent rien,. Ils me laisseront pas mourir. Ils m'enverront deux policiers et m'enfermeront à l'asile. […] Tous, sont fous. Je ne sais pas ce que je dois faire dans ce monde de fous. »
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p.50.
Dans la première série, les prisonniers de guerre sont assassinés « lors de tentatives de fuite », corps pris dans les barbelés, femme pendue - « pour activité de guérilla ». Dans la seconde série, on identifie des corps d'enfants et d'adultes dans des ghettos ; des tas de cadavres cachectiques qui prouvent que ces civils sont morts de faim et/ou de maladies induites par les privations. Or seuls les prisonniers de guerre intéressent les diplomates qui légendent en polonais et en anglais ces clichés-là. En revanche, aucun détail explicatif ne figue sur ceux des ghettos.
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p.46.
Raphael Lemkin arrivé aux États-Unis en avril 1944 a-t-il entendu ce discours relayé dans le monde entier, alors qu'il consacre déjà à nommer ce crime ? Ses parents, ses proches, en Pologne, subissent l'enfermement en ghetto, le travail forcé, les tortures, avant le meurtre. Churchill détient évidemment des informations très précieuses sur ce que vivent les Juifs polonais, baltes, ukrainiens, biélorusses puisque les Britanniques ont percé en juillet 1941 ce code Enigma et lisent les rapports de tueries perpétrées par les Einsatzgruppen. Mais il ne prononce pas le mot « Juif ». L'homme politique, écrivain, a bien choisi ses mots. Il évoque toute la partie est de l'Europe victime de cette « cruauté extraordinaire ». Les termes « exécution » et « extermination » ne réfèrent pas à une situation particulière et tous les peuples sous occupation nazie sont cités un par un, sauf les Juifs. Dans l'été 1941, la confusion entre les crimes de guerre et les crimes contre les Juifs est totale... ou entretenue.
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Les messagers ont témoigné. Par l'invention du terme génocide, par son combat pour la convention, les textes de Lemkin ont institué un mémorial pour les anéantis.
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Karski se battait contre les nazis, en soldat, Lemkin concevait le "crime des crimes" en juriste.
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Reste un paradoxe: si l’univers mental issu du premier conflit mondial et des années vingt et trente a, dans la majorité des cas, empêché la compréhension du sort spécifique des Juifs, il a contribué à la lucidité précoce de certains
des passeurs de l'indescriptible. Lemkin et Karski sont des témoins oculaires devenus des témoins moraux, prêts à prendre tous les risques pour faire passer leur message. Dante, qu’ils citent souvent, écrivait que l’espoir vient à l’homme parce qu’un autre homme en est le messager.
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