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sur 273 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Lamentations d'un vieux beauf complètement à la masse

Oui j'ai lu ce livre. Non c'est pas une blague.
J'étais vraiment curieuse de lire par moi-même ce dégueulis de ouin-ouin.
Déjà, titre du premier chapitre : « Moi aussi, je suis une victime ». Ça donne le ton 🙃 Suit une intro à base de regardez, j'ai une fille, je ne peux pas être misogyne. En plus ma maison est pleine d'enfants, je ne peux pas être un violeur. Et puis à cause de tous ces traumatismes qu'on me cause je suis diabétique et je peux plus manger de sucre. Que tout le monde arrête d'être troméchant avec moi svp, je suis votre ami 🥹 Bref, le premier chapitre n'est qu'une longue tentative de justification d'un pauvre gars qui se victimise beaucoup mais qui a plutôt l'air de se sentir coupable d'il ne sait trop quoi. Mais tout ça c'est bien sûr la faute aux féministes, aux wokistes, aux communistes modernes et même aux gens de la radio… bref, du monde entier sauf lui (et ses potes cis hétéro blancs riches, sûrement).
Second chapitre, ode à la coke avec option étalage de tout son palmarès de jet-setteur camé. Enfin, c'est censé être un avertissement doublé de mea culpa avec glaçage regardez-comme-j'ai-tout-vu-tout-vécu mais bon, passons. Bon ok, je dois bien admettre qu'il livre dans ce chapitre deux ou trois réflexions assez intéressantes, mais il finit toujours par retomber dans son pathos ouin-ouin et c'est vraiment fatigant.
Vient ensuite un chapitre sur ses diverses retraites catholiques. En toute honnêteté, il n'est pas non plus dénué d'intérêt, mais cette fixette qu'il fait sur son zizi et sur son statut d'hétérosexuel éternellement victime du reste de l'humanité gâche vraiment tout son propos. Au final ça tourne toujours en branlette égocentrique dégoulinante de condescendance omnisciente. de même pour le chapitre suivant, traitant des armées et de la colonialisation, dont je n'ai pas vraiment compris ce qu'il venait foutre là, à part étaler encore un peu sa culture et sa science infuse. Plutôt que des confessions, ce livre est vraiment un ramassis d'auto-congratulation et de regardez-moi-comme-je-suis-humble-et-intelligent saupoudré de beaucoup de sarcasme larmoyant.
Et on termine en apothéose ultime avec ce merveilleux chapitre intitulé « le désir effrayant », dans lequel le monsieur nous explique qu'on peu s'estimer heureuses, nous les femmes si ingrates envers nos sauveurs les hommes hétérosexuels, que la loi et la prison existent : sans ça, les agressions sexuelles seraient infiniment plus nombreuses. Mais il faut remettre les choses en contexte : tout ça, c'est seulement la faute de la génétique et de la biologie ! 🤷‍♀️ Absolument pas du patriarcat et de la culture du vi0l bien sûr.
On y trouve également une apologie de la pornographie et de l'institution du mariage qui ne sont certainement pas des outils du patriarcat mais bien ce qui sauve, encore une fois, les méchantes femmes tentatrices du désir irrépressible des pauvres hommes hétérosexuels, dramatiques victimes de leur condition non choisie.

Il se fait porte-parole des hétérosexuels mais je crois que beaucoup d'hétérosexuels s'en sentiront insultés. Tout ce qui est représenté ici, c'est la classe des vieux porcs vexés et frustrés de ne plus pouvoir tremper leur biscotte comme bon leur semble, consentement ou pas.
Le meilleur moyen de devenir effectivement hétérophobe ? Lire ce livre. Heureusement, il mesure seulement cent pages et c'est bien sa seule qualité.

Ne faites pas comme moi, ne lisez pas ce livre svp et surtout n'allez pas donner d'argent à ce genre de caca. C'est une honte qu'une maison d'édition gaspille de l'énergie et du papier pour ça.
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[Attention, billet d'une longueur interminable, merci d'avance à ceux et celles qui auront le courage de lire jusqu'au bout, vraiment...]

Depuis le temps que je baguenaude sur la toile, en semant de-ci de-là mes critiques, j'ai renforcé mon besoin de me faire ma propre opinion sur les bouquins. Ainsi, certains ouvrages au premier plan médiatique ont pu amèrement me décevoir tandis que d'autres, cibles de tous les reproches, m'ont agréablement surprise. Quand le dernier opus de monsieur Beigbeder est sorti, sincèrement, je n'étais pas vraiment intéressée. J'ai lu quelques uns de ses bouquins et j'en ai vraiment aimé deux, mais pas au point de suivre sa carrière avec attention... Sauf que Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé a fait polémique. Et si j'ai trouvé la défense orale de l'auteur un tantinet ridicule, je me suis dit que je ne pouvais guère avoir d'avis sans lire ledit bouquin, honnêteté intellectuelle oblige. D'autant plus que des avis, sur Babelio, m'ont fait rire et donné envie d'aller y regarder de plus près…


Qu'aborde donc ces fameuses Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé ? L'ouvrage est découpé en cinq parties et se révèle d'un genre pas vraiment identifié. Auto-biographique ? Sans doute. Essai ? En théorie. En tout cas, l'auteur évoque les tags agressifs – et illégaux – qui ont souillé la façade de sa maison. Suite, visiblement à son engagement contre la criminalisation des clients des travailleurs/ses du sexe. Qu'importe son opinion – et la mienne – rien ne justifie qu'on insulte quelqu'un que ce soit sur les murs de sa maison ou de vive voix. Oui, qu'importe mes propres idéaux, je défends le droit de l'auteur à se sentir victime, à s'en plaindre, son droit, même, à ne pas comprendre ou accepter la société telle qu'il l'appréhende. Et ce, malgré la condescendance dont il fait preuve :

"Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, n'ayant pas de temps à perdre, pourtant j'y suis souvent accusé de tous les maux parce que j'abuse d'une certaine liberté de ton dans la presse papier."

Que je n'ai pas été sensible aux arguments de son discours, cela n'a pas tellement d'importance. du moins, cela n'en aurait eu aucune si l'écriture avait été brillante. Scoop, elle ne l'est pas. Oui, monsieur Beigbeder est cultivé, oui, il est doué pour servir quelques punchlines, mais cela ne suffit absolument pas quand on se targue de faire de la littérature, et pas du divertissement. Lorsqu'il se plaint, il le fait avec le vocabulaire et la poésie des masculinistes qui sévissent sur les réseaux sociaux :

"Parce que je suis blanc, de sexe masculin, né bourgeois dans les années 1960, j'ai grandi dans le camp des dominants. Je n'ai pas eu l'impression d'en profiter. J'ai été frappé par un prêtre de mon école quand j'avais sept ans. J'ai été la cible d'un exhibitionniste au bois de Boulogne à l'âge de dix ans. J'ai été dragué par un pédophile au sixième étage de la rue de la Planche en 1979." (page 9)

Avec tout ça, j'aurais pu simplement déclarer que le bouquin n'a que peu d'intérêt à mes yeux, et qu'il n'en aura, finalement, que pour ceux qui, comme l'auteur, semble haïr copieusement ce que lui et ses camarades nomment la pensée woke. Sauf… Sauf qu'il va beaucoup plus loin que simplement parler de sa propre expérience, de ses propres traumatismes et désillusions, il égrène les généralités et les conclusions impérieuses sur les femmes, les hommes, le féminisme et toute la société. Il se prend régulièrement pour le porte-parole des hommes blancs hétérosexuels – et qui se chauffe au fuel ? - et, en cela, je ne peux pas juste hausser les épaules en marmonnant qu'il peut penser ce qu'il veut. Oui, il le peut, mais je refuse de ne pas pointer du doigt et du clavier ce qui pose problème dans son ouvrage.

Malgré les quelques pincettes qu'il tente de prendre, Frédéric Beigbeder se montre anti-féministe. Surtout, il semble ne pas saisir qu'il existe un multitude de féminismes et qu'il n'y a pas, et qu'il n'y aura jamais, un discours homogène féministe. Or ce qu'il décrit – avec des généralités grandioses -, ce n'est pas le féminisme dont je me réclame. Et puis, quand même, il ne semble se revendiquer victime que pour prétendre que les femmes et les hommes le seraient tout autant, et de la même façon :

"Toutes les femmes ont été draguées, droguées, harcelées, abusées, voire pire. Mais les hommes aussi." (page 10)

Oui, des hommes sont victimes. de viol, d'agression, de harcèlement, de violence intrafamiliale. Oui, nous devons les aider à prendre la parole, à changer les choses pour qu'ils soient reconnus et aidés. Sauf que les violences faites aux hommes ne sont pas systémiques. Et, souvent, leur mauvaise prise en charge, relève justement du patriarcat – pour le confirmer, il suffit de lire les commentaire sous les articles qui abordent les cas d'hommes victimes de viol quand la coupable sont des femmes -.

En fait, l'auteur ne semble souhaiter la libération des femmes que si ces dernières adoptent dés lors un comportement qui lui conviendrait, à lui :

"La véritable hétérosexualité enfin équilibrée naîtra le jour où une femme sifflera un homme dans la rue." (page 84)

Sur cette question du combat féministe, monsieur Beigbeder dit tout et son contraire. D'abord que le patriarcat n'existe pas :

"Quel patriarcat ?? Ma génération ne sait pas ce que c'est. Les papas sont tous partis de chez eux. Il n'y a pas de pères non divorcés dans les années 1970. Il est où, le fameux patriarcat dont les féministes me rebattent les oreilles ? J'ai été éduqué par une mère célibataire qui travaillait pour nourrir ses deux fils. Je n'ai d'autre modèle familial qu'une femme seule, et on m'explique qu'il faut vaincre le patriarcat ? Non, mais je rêve ! Heureusement que les femmes avaient du pouvoir dans mon enfance, sinon j'aurais fini à la rue." (page 10)

D'ailleurs, je me demande comment l'existence de mères célibataires pourrait bien prouver l'inexistence du patriarcat. Non, parce que des mères célibataires, il y avait dans les années soixante aussi. Donc avant qu'une femme mariée puisse ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de son mari (la loi date de 1965)…

Plus loin, l'auteur a changé d'avis et parle d'éliminer le patriarcat. Oui, oui, celui-là même qui, selon lui, n'existe pas 74 pages avant :

"On peut éliminer le patriarcat sans stigmatiser les dragueurs, même s'ils sont pitoyables avec leurs chemises ouvertes, leurs 4 × 4 polluants et leurs lunettes de soleil en hiver." (page 84)

Passons sur le fait que drague et le harcèlement de rue, ça n'a rien à voir, je ne suis pas là pour faire de la pédagogie.

Ouais, l'auteur se montre anti-féministe. Et alors ? me demanderas-tu ami-lecteur… Ben rien, il a le droit d'être un Jean-Mascu, comme j'ai le droit de combattre cette idéologie. Surtout, j'ai le droit de dénoncer les inepties qu'il écrit. Genre :

"Ce qui cesse de protéger les violeurs, c'est le séquençage du génome humain. J'ai davantage foi en la police scientifique qu'en la délation numérique. Mais là encore, je peux me tromper, et cette opinion banale ne justifie pas une attaque de terrorisme pictural, merci pour votre compréhension. Si vous êtes agressée, il faut porter plainte tout de suite et effectuer tous les prélèvements nécessaires à une identification génétique."

Ce discours révèle l'ignorance crasse de l'auteur sur la question. Que les choses soient claires, sur le plan médico-légal, il n'existe pas de preuve absolue d'un viol. Lors de l'examen clinique, le médecin légiste pourra trouver des preuves qu'il y a eu pénétration – et éventuellement, de l'ADN -, et chercher des lésions attestant d'une pénétration traumatique. Sauf qu'une pénétration, même traumatique, n'est pas une preuve absolue de viol. Ben nan. Je le répète, il n'y a pas de preuve absolue, pas de baguette scientifique magique pour prouver le viol. de plus, ce n'est pas seulement une question de porter plainte et que le coupable soit condamné. On peut aussi s'interroger sur la multiplicités des peines avec sursis quand il s'agit de violences faites aux femmes. On peut aussi se poser des questions simples, comme pourquoi si peu de victimes de viol portent plainte ou de quelle manière la culture du viol complique les poursuites judiciaires.

Si la simple ignorance est dangereuse, elle ne me met pas grandement en colère. Contrairement à certains propos de monsieur Beigbeder... Propos imbibés de culture du viol et qui, hélas, nourrissent cette dernière. Car l'auteur parle des hommes comme de créatures seulement préoccupées par la baise, et soumises à des pulsions intolérables.

"Tous des salauds ? Non, mais nous sommes des bêtes, c'est vrai, et nous en souffrons autant que les femmes." ( page 70)

"Dès que je rencontre une femme, je l'imagine en train de faire l'amour. C'est la vérité de l'homme. Quand on ne vous touche pas, c'est uniquement parce que la loi l'interdit." (page 71)

Des animaux qui n'agressent pas, mais pas parce qu'ils voient les femmes comme des êtres humains, des individus dont il faut le consentement, ben nan :

"Oui : la peur de la prison ferme retient les hommes d'agresser sexuellement toutes les femmes qui leur plaisent."

Pour lui, les pulsions des violeurs ne sont pas des pulsions de violence, mais des pulsions de désir :

"La criminalisation des clients de prostituées fut à cet égard une erreur politique, car elle augmente le nombre de frustrés sexuels, tout en précarisant les travailleuses du sexe. le but de la société devrait être de réduire les risques de la masculinité, pas de les décupler." P76

Il va même plus loin quand il semble dire que s'il ne viole pas les femmes, c'est juste que le « non » le fait débander :

"J'ai une chance, c'est que mon désir est incompatible avec le viol. En effet, depuis toujours et sans doute par instinct de survie, une jolie fille qui me dit non devient laide. La non-réciprocité de mon désir est si vexante qu'elle abolit mon envie. Je préfère bouder qu'insister." (page 81)

Monsieur Beigbeder tient un discours masculiniste qui semble vouloir minimiser les violences faites aux femmes. Plus que cela, il utilise la souffrance des hommes, non pas pour les défendre, mais pour mieux attaquer les femmes.

Soyons franc, ami-lecteur, oui, monsieur Beigbeider a le droit d'être anti-féministe, masculiniste et de tenir des propos sexistes. Il a le droit de dire et d'écrire tout cela. Comme j'ai le droit de combattre ces idéologies. Sauf que l'auteur semble vouloir plaire à tout le monde et, par conséquent, ne se montre courageux face à personne. Au terme de ma lecture, ma vision de cet homme n'est guère reluisante… Celle d'un bon écrivain, à la jeunesse flamboyante et noyée dans la cocaïne, qui se réveille à la cinquantaine, angoissé par la vieillesse et terrifié de bander mou. Certains achètent du Viagra, d'autres écrivent des bouquins. Quoiqu'il en soit, pour moi, c'est juste un mec qui préfère trouver un ennemi plutôt que de son confronter à ses peurs. Un vieux cynique recroquevillé dans le confort de ses souvenirs, terrorisé par l'évolution des mentalités. Une évolution qui ne peut que lui rappeler que son heure de gloire a sonné dans une autre décennie...
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Ce mec a quand même le culot de prétendre que l'immense majorité des hommes se retient chaque jour de violer des femmes. Je connais tellement d'hommes qui hallucineraient à la lecture de ces lignes...
Ah oui, et ce monsieur prétend aussi que les femmes ne devraient pas râler sur leurs maris car c'est déjà bien beau qu'ils restent pour s'occuper des enfants alors qu'ils auraient pu partir! Ce qui est très gênant, c'est que l'auteur prend ses pensées pour une généralité et dévoile donc au monde entier son faible niveau d'intelligence émotionnelle et son incapacité à penser autrement qu'avec ses organes génitaux. Je n'en reviens pas qu'un tel livre ait pu être publié en 2023. Nous avons encore du chemin à faire...
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Affligeant ! Voici un héritier dandy imbu de sa personne qui ose se mettre en scène en permanence, se cacher derrière une fausse provocation pour pleurnicher, dans le but tout à fait transparent de relativiser la légitimité des combats des personnes ayant subi des discriminations, des harcèlements et des crimes. Ben oui, "on est tous des victimes en fait. Moi aussi, j'ai l'air d'être né avec une cuiller en argent dans la bouche, j'ai l'air d'avoir bénéficié de tous les privilèges, d'avoir toujours côtoyé le gratin, d'avoir méprisé en permanence les autres de mon bon goût inné et proverbial, mais non, ouin ouin moi aussi j'ai un petit coeur fragile, les gens y sont méchants avec moi, d'ailleurs je pleure, voyez". On pourrait croire à une parodie de Groland, à un sketch des Monty Pythons, à un vaste blague du Gorafi, et encore, on trouverait ça légitimement exagéré et caricatural. Mais non, ça se passe vraiment sous nos yeux, au premier degré, et ça existe encore, en 2023. Cet ancien monde moisi qui se lamente qu'il ne "peut plus rien dire" et que "c'était mieux avant". Avant, quand tous les Matzneff, les PPDA et autres Weinstein pouvaient violer à tour de bras, mais avec classe et raffinement, toujours, donc ça passe. Avec les mêmes codes, la même classe et le même raffinement, ce PQ maculé est édité chez Albin Michel, en 2023, en toute décontraction. Sauf que... en fait, non, ça passe plus. du tout.
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Chronique vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=c4zgk8-Zjfw
Bonjour à tous, aujourd'hui on va parler du nouveau livre de Beigbeder, Confession d'un hétérosexuel légèrement dépassé
De quoi ça parle ? Comme le titre l'indique, le livre est sous forme de confession. Il s'agira pour Beigbeder de revenir sur ses erreurs du passé, croit-on, avant de s'apercevoir que la forme est plus un édito rallongé pour s'épancher sur notre époque.

Le premier chapitre, par exemple, se marie très mal avec le reste du bouquin et me fait me demander s'il n'a pas été commandé par l'éditeur pour ajouter un peu de souffre (enfin, de souffre éventé) à la suite des confessions beigbederiennes. En effet, tout est fait pour être répété remâché par les plateaux télés et sur twitter, faut presque le saluer pour ça — abandonner toute ambition littéraire pour devenir un (très) long billet d'humeur sur les ravages présumés de notre temps. Ou ce qu'on appellerait la fragilité bourgeoise, j'ai envie de dire. Que je lise Elle, ou que je zapouille sur CNews, c'est le même laïus : les réseaux sociaux permettent à tous de s'exprimer, c'est l'époque des tribunaux médiatiques, on ne prends plus le temps de réfléchir à froid nos situations, on vocifère, et gnia gnia gnia. Et le problème, c'est pas le contenu, à la limite, c'est pas très original, mais on peut en faire quelque chose, si on prend le temps. Beigbeder cite par exemple Coleman Silk du roman de Roth dont j'ai parlé récemment : La Tache. Si on y réfléchit, et comme le dit Beigbeder, c'est le premier personnage qui emblématise ce que beaucoup appelle la cancel culture. Mais finalement, ce que Roth en fait, c'est uniquement le point de départ de son roman, pour en faire une véritable oeuvre poétique, qui réfléchit les mutations de son pays avec une polyphonie qui empêche de savoir ce qu'il critique, dans le fond. C'est ça, une oeuvre, quelque chose qui dépasse le lieu-commun et devient autre chose.
Une autre chose qui me chiffonne, c'est la faculté à Beigbeder de répéter les mêmes phases sur CNews que celles qu'il a écrites dans son bouquin — sur les wokes par exemple, il s'auto-cite à la virgule près. Comme si il avait écrit ça uniquement pour le pérorer sur les plateaux TV. Et donc, c'est ça, la prouesse dont je parlais plus tôt : l'abandon de la littérature pour la discussion de café. Pleurnicher sur son sort, dire des trucs comme : «

Il se plaint du fait qu'il ait reçu une fessée cul nu dans son enfance par un prêtre — et tu te dis, quel est le niveau de privilège du mec, pour que le seul traumatisme de sa vie, ce soit ça ? Qu'il le mette en comparaison avec le viol que l'une des victimes de PPDA ait vécu, pour dire que lui aussi il a souffert ? A quel moment il s'est dit que c'était une bonne idée de faire ça ? C'est pour ça que je crois que sous ses nouveaux airs naïfs, Beigbeder est toujours le même cynique que dans 99 francs. Il est le publicitaire qui vend à son public sa camelotte, ici, ce sera les reac qui commencent à trouver que c'est pas tout, mais que me too, ça commence à bien faire. (suite en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=c4zgk8-Zjfw

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Les pages se tournent si lentement à mesure que Frédéric Beigbeder, nous raconte son rapport à la drogue et à celles qu'il considère moins que des chiennes, les femmes. Avec une plume lourde, pour ne pas dire étouffante, l'auteur enfonce les portes pour mieux s'engouffrer dans les idées d'extrême droite. Je ne comprends pas pourquoi ce livre fait un tel battage car au delà du fait qu'il fasse la promotion du viol à l'intérieur, c'est surtout très mal écrit !
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J'ai un rapport assez ambigu à Beigbeder, dans la mesure où, bien qu'appréciant peu le personnage, j'ai véritablement adoré quatre de ses premiers livres (en gros, ceux qui vont de 𝐋'𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐮𝐫𝐞 𝟑 𝐚𝐧𝐬 à 𝐋'𝐄𝐠𝐨𝐢̈𝐬𝐭𝐞 𝐫𝐨𝐦𝐚𝐧𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞), dans lesquels je salue le sens de la formule et la pertinence du regard sur le monde (regard qui vaut ce qu'il vaut, mais qui a le mérite d'être honnête). Devant ses livres suivants, j'avance de déception en déception, et si ce dernier est loin d'être le pire (on réservera ce titre à l'infâme 𝐀𝐮 𝐬𝐞𝐜𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐝𝐨𝐧), je suis loin d'être ébloui par le regard qu'il porte sur certains sujets (les femmes, la religion, l'armée, la drogue, le sexe…), et c'est un peu le problème dans un livre en forme de confessions où chaque chapitre renvoie justement et longuement à l'un de ces sujets. A partir du moment où Beigbeder semble peu informé, par exemple sur l'Histoire des colonies françaises, son avis ne vaut plus grand-chose. de même, difficile d'accorder beaucoup de crédit à ses propos sur les rapports sexuels et le désir masculin, malgré l'humour et la justesse de certains d'entre eux, alors qu'il croule sous les casseroles plus nauséabondes les unes que les autres. Au fond, le système Beigbeder, et il le reconnaît lui-même d'une certaine façon, tourne un peu à vide, lui qui ne fait aujourd'hui que se tourner vers son passé et contempler les dégâts en espérant redorer son blason.
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