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Critique de Sandrion


Ce roman raconte l'histoire d'une famille de colons, Hortense et Ernest Jacquemain, leurs trois enfants et la domestique. « C'était notre terre quand je dis que c'était notre terre, je veux dire que nous ne l'avions pas volée, que nous en avions rêvé au temps de nos ancêtres, et que l'Etat français nous avait permis de concrétiser nos rêves en nous vendant une bouchée de pain six cent cinquante-trois hectares de bonne terre africaine » : ces premiers mots contiennent déjà tout le rêve puis la passion qui lie ces colons à leur terre, à ce domaine de Montaigne qui se construit déjà sur le meurtre et le sang. Au fil des chapitres qui donnent successivement la parole aux 6 personnages de cette histoire, on voit se dérouler les différentes phases de l'histoire, la domination coloniale, la prise de pouvoir des Algériens, la fuite des colons, la fin de l'Algérie française. le roman est extrêmement bien écrit, dans une écriture ample, basée sur des reprises de phrases comme des litanies, souvent sans ponctuation, mêlant les époques. Les personnages sont haut en couleurs, à la fois attachants, par exemple Hortense, attachée de manière absolument viscérale à cette terre d'Algérie, ou Claudia, petite fille qui, même devenue grande, souffre d'un père qui ne l'a quasiment jamais regardée, et insupportables, en particulier Ernest Jacquemain, ignoble colon raciste et sexiste. Rien ne nous est épargné, dans une langue souvent très crue, des exactions commises à la fois par le FLN (auquel le fils, Antoine, s'est rallié) et par les colons. Certaines scènes sont même à la limite du supportable mais ont le mérite de montrer à quel point cette histoire est complexe et sanglante. Je cite ces propos d'un journaliste du Monde, à mon avis très juste sur ce livre : « C'était un roman de tous les dangers, cette saga d'une famille de colons français en Algérie. Mathieu Belezi courait le risque d'aller à l'excès dans le sens du titre, C'était notre terre, et de succomber à une nostalgie du joli temps des colonies. Ou au contraire d'ignorer les blessures que la guerre d'indépendance, fût-elle juste, avait infligées à ceux qui étaient nés sous ce soleil, aimaient les collines, les vallées, les oueds et se sentaient chez eux sous les acacias et les palmiers. »

Un livre coup de poing… et coup de coeur à la fois.
Lien : https://dautresviesquelamien..
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