Voici un petit ouvrage qui examine le mouvement en adoptant une démarche philosophique. Sujet bigrement d'actualité tant la mondialisation est l'aboutissement de ce penchant du mouvement pour le mouvement (synonyme de progrès) et la perte de sens qui l'accompagne. L'impensé de la mondialisation, qui est mouvement, marchandisation et indifférenciation, est son incompatibilité à la nature profonde de l'homme : l'homme n'a pas besoin d'un logement mais d'un habitat, d'une
demeure. Ce n'est pas du tout la même chose. Il faut, comme le dit Heidegger, que « la conscience se mêle à la matière pour former ce que nous appelons un monde, un monde vivable, un monde qui convienne à l'homme. » Cette image de la conscience qui se mêle à la matière est saisissante, tellement parlante, et renvoie à l'enracinement de
Simone Veil, ou encore fait écho à la « Lettre au général X » de
Saint-Exupery, qui constitue la très belle introduction de l'ouvrage : « l'amour de la maison est déjà de la vie de l'esprit. ».
Et Fx Bellamy de conclure : « Le progrès suppose d'affirmer que rien ne nous précède qui puisse limiter notre capacité de mouvement, de changement, de choix. » Pas d'autre programme alors que de déconstruire, tout, jusqu'au langage et à la nature : « la modernité s'accomplit dans la déconstruction des barrières qui empêchaient la circulation, des distinctions qui imposaient un renoncement… » La modernité ignore ainsi le réel et ne peut donc que conduire à un monde qui ne convient pas à l'homme.
A méditer.