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Critique de uaeroffat


Quel phénomène que cet Aurélien Bellanger ! Il y a de l'encyclopédiste dans ce romancier, touche-à-tout passionné et perfectionniste. Il faut avoir lu ses chroniques de France Culture – regroupées dans un gros volume intitulé La France (2019) – pour mieux le comprendre. Bellanger peut faire de la littérature avec tout, y compris le Plan Comptable Général ou… la télévision, comme dans ce cinquième volume de la saga qu'il construit pour décrire notre monde du début du XXIe siècle. Son talent est singulier ; ceux qui se sont essayés à l'imiter, comme Eric Reinhart (Comédie française) se sont vautrés, par prétention et manque total d'humour. Car l'humour de Bellanger rehausse la saveur de ses romans, aide à faire passer des considérations que l'on pourrait trouver trop intellectuelles, souligne les travers, les folies même de notre société. Et dans le domaine de la télévision, on frôle sans cesse la folie furieuse.
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Soyons cependant aussi objectif que possible : la saga d'un producteur audiovisuel de l'ombre a moins de panache et d'intérêt que celle d'un magnat du Minitel puis des nouvelles technologies, moins d'ampleur que celle d'un "aménageur du territoire", moins de virtuosité que celle d'un comparse de Nicolas Sarkozy, moins d'intelligence et de romantisme que chez les personnages gravitant autour de cette principauté d'Europe centrale.
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Le jeune prodige, Sébastien, nous entraîne certes dans les tourbillons d'un univers surfait, prétentieux et machiavélique, ça n'en demeure pas moins sordide, forcément répétitif, jusqu'à la nausée. Heureusement, Bellanger nous offre un "finale" – comme dans les symphonies – baroque, ironique, presque onirique, avec un hommage à Houellebecq, une fois encore. Au pire, si l'histoire de la télé-poubelle de 1992 à 2018 vous attire peu, vous pouvez vous contenter de lire les dix dernières pages du livre : tout y est, surtout la toute dernière page, virtuose…
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Le hasard de la fabrication du livre y ajoute même une piquante pirouette. Vous avez peut-être remarqué que les livres ont un nombre de pages généralement d'un multiple de 8. téléréalité s'achève en page 244. Juste de quoi placer 2 feuilles blanches (245 à 248) avec le colophon en page 248. Pour des raisons inconnues, Gallimard a choisi d'imprimer 256 pages, ce qui nous "offre" 5 feuilles blanches en fin de volume. Dix pages que nous pourrions écrire… ou que Sébastien Bitereau aurait refusé de nous communiquer ? Comme quoi le livre (en papier) reste un objet subtil et mystérieux !
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Post-scriptum : alors que j'achevais la lecture du roman, j'appris par la radio que Olivier Dassault venait de disparaître dans un accident d'hélicoptère (coïncidence que vous comprendrez après avoir lu "téléréalité").
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