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Critique de daniel_dz


L'amusante traque d'un PDG surdoué par un détective qui n'échoue jamais. En note de fond, une réflexion sur la liberté et sur les difficultés d'intégration sociale des gens trop intelligents.

Walker est PDG d'une grosse entreprise. C'est un homme d'action, surdoué, à qui tout réussit. Mais son envie de changer de vie est trop forte et il décide de se faire passer pour mort, y compris auprès de ses proches. Sa mise en scène éveille néanmoins les soupçons du détective mandaté par la compagnie d'assurance. Cet homme d'une grande expérience n'a jamais laissé une affaire non résolue. La traque commence...

Le style est léger et le récit est amusant. Walker est certes surdoué, mais c'est un gentil. Il n'a aucune expérience de voyou. On le voit donc apprendre à devenir un bandit, consciencieusement, comme s'il apprenait un nouveau métier. Cela donne lieu à plusieurs situations cocasses, qui font de ce livre une bonne lecture de vacances d'été. Et puis on le voit mettre en branle toutes les ressources de son intelligence pour cerner son adversaire détective et corser la difficulté de la traque. Je vous laisse découvrir l'issue de ce duel de titans (elle est assez logique).

Lecture facile et divertissante mais avec des notes de fond qui m'ont intéressé. Je me suis régalé du portrait de Walker. J'ai connu des gens qui avaient le même profil. Ils sont comme ils sont, certains les trouvent insupportables, moi aussi, par moments, mais en fin de compte, je les adore. le portrait de Walker est très réussi et il m'a fait remonter de bons souvenirs, merci Antoine Bello ! le portrait du détective est tout aussi réussi, mais je me concentrerai sur Walker.

Les surdoués, même les plus sympathiques, ont souvent du mal à s'intégrer dans la société. J'illustrerais le cas Walker de la manière suivante. Imaginez l'ennui que peut vous procurer une tâche stupide. Pensez à un énorme tas de linge en retard de repassage, ou à une longue attente dans un embouteillage, ou que sais-je. On peut prendre ça avec philosophie, mais la philosophie a ses limites: si la balance penche trop du côté des tâches stupides, la vie devient insupportable. Or plus grand est le QI, plus grande est la proportion de tâches que l'on trouvera stupides. Logique. Voilà pourquoi, je pense, Walker court derrière le temps qu'il peut consacrer à des activités qui l'intéressent. Voilà pourquoi il veut changer de vie.

Fondamentalement, c'est un gentil. Il est attentif aux autres, il prend soin de sa famille, mais on sent qu'il le fait parce que sa raison l'y pousse. Sa femme le décrit très bien lorsqu'elle compare le comportement de Walker à celui de Nick, le détective: « Malgré le côté prince charmant de Walker, je savais ce que lui coûtait chacune de ses attentions. Une heure pour réparer mon ordinateur, un aller-retour en ville pour m'acheter la paire de chaussures sur laquelle il m'avait vue m'extasier. Je ne sens pas cela avec Nick. J'aime croire qu'il me rend service car ça lui fait plaisir ». Dès lors, pour se dégager un temps qui lui est à ce point vital, quitter sa famille est la seule issue pour Walker. Oserais-je une pointe de provocation en avançant qu'abandonner sa famille est aussi inéluctable pour lui que ça le serait pour un suicidaire?

Allez savoir si une grande intelligence est un don de Dieu ou un don du Diable... Et aussi: à quel point est-il libre, à quel point est-il prisonnier ?
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