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J'ai vraiment eu beaucoup de plaisir durant la lecture de ce roman que je vous recommande chaudement !

John Walker, chef d'entreprise d'une prestigieuse entreprise de transport international, marié à Sarah et père de trois enfants est un homme acculé par ses trop nombreuses responsabilités. Portrait d'un homme comme bon nombre en prise avec la course du temps, pris au piège dans des obligations qui asservissent l'humain. Esclave des temps modernes.
Walker est un homme généreux pour qui l'argent coule à flot, organisé et à l'affût de la moindre minute à mettre à profit.

Qui n'a pas déjà rêvé comme Walker de tout balancé, de retourner son blason et de s'en aller ? de tout recommencer à zéro ? Pour Walker, il en est là. Il n'en peut plus d'être sous pression constamment. Il envisage de quitter sa femme mais même cette optique ne l'enchante pas, comment combinerait-il une garde partagée, le ménage, et sa fonction de chef d'entreprise ? Une seule solution s'ouvre à lui : la poudre d'escampette. .
On le croit mort.
Sarah son épouse est bien sûr dévastée. Mais la liberté et la mort ont souvent un revers. le détective Nick Shepherd est mandaté pour vérifier que le chef d'entreprise est bien mort. Question d'assurance vie et de fric bien sûr.

Une course poursuite s'engage dans les rues américaines. D'homme libre, Walker devient fugitif.

Un roman d'aventure et incroyable qui mène tambours battants une course poursuite vers la liberté, dans les rouages des dangers de la réussite humaine, ode aux espérances sous un souffle épique de quête existentielle.

Un très beau roman !
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Un titre bien aérien, léger pour un roman profond et dense.
Quelle histoire !

Pendant quelques années, le lecteur est invité à partager le parcours idyllique de Walker,éminent chef d'entreprise qui a fondé une famille modèle en épousant la fille du patron ,une femme de caractère, intelligente, belle , aimante.
Une belle maison au Nouveau-Mexique , une vie sociale très riche . En apparence , rien ne manque dans la recette du bonheur et pourtant Walker va remettre en cause cette harmonie apparente.
Alors , si on pensait se détendre en survolant pour le plaisir une saga ou un roman d'amour, c'est raté ! Ici, tout est matière à réflexion, à analyse.

Le roman n'est pas très long mais concis. Chaque mot a son importance , autant de clefs qui progressivement vont permettre de suivre le cheminement de la pensée de Walker , des autres personnages et l' évolution au coeur du quotidien .

Les qualités premières de cet ouvrage se révèlent par une analyse très fouillée de chaque thème abordé : vie professionnelle qui vise l'excellence mais aussi vie de famille succombant à l'hyper-parentalité et, au-dessus plane l'ombre menaçante du burn out .
Ce roman est surtout un traité sur la liberté individuelle , au coeur de la famille et de la société , sur ses limites aussi. Acceptables ou non .
Une question qui peu à peu va tarauder Walker jusqu'à l'obsession , jusqu'aux frontières de l'utopie l'entraînant vers la quête absolue de la seule chose qui lui manque , sa liberté .

C'est un ouvrage où l'on se sent vraiment en communion avec l'auteur, ici tout est subtile ,finement suggéré , et si c'est affirmé , c'est justifié mais c'est une lecture très ouverte qui face à l'inévitable questionnement va apporter des réponses en favorisant la réflexion personnelle.
Plus d'une fois , on bascule dans le jugement .
Difficile de rester imperméable à l'effroi , à l'incompréhension, à l'empathie ,que sais -je encore de la multitude des états d'âme qui emportent le lecteur !
Mais, l'une des richesses de cet ouvrage est certainement la justesse de l'analyse témoignant de la maîtrise d'un sujet on ne peut plus complexe .
Quelle maestria !

Mais ,si intellectuellement cette épopée psychologique n'est pas de tout repos elle l'est encore moins dans les faits car c'est une aventure rocambolesque qui va emporter le héros et son lecteur à un rythme trépident hors des sentiers battus .
Et, sans rien dévoiler, on peut dire qu'on va assister à un combat de titans . Mais, je ne dirai rien de leurs armes même si là encore on reste pantois !

Une lecture aussi agréable qu'éprouvante .Marquante.
Un thriller psychologique de grande envergure !

Antoine Bello , un auteur que je viens de découvrir par
ce roman va se hisser au rang des meilleurs dans ma bibliothèque !
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Je ne connaissais pas du tout Antoine Bello.

Je remercie d'autant plus Babelio et Gallimard pour l'envoi de cet ouvrage.

Quelle découverte! J'ai dévoré cette aventure!

Un homme qui a tout décide de tout laisser tomber pour pour pouvoir rester libre. Femme, enfants,travail. Il fuit et fait croire à sa mort. Sera t'il rattrapé? Suspense ...

Ils sont trois, l'homme, sa femme et le détective lancé à la poursuite du fuyard, et chaque point de vue est l'occasion de voir une même situation sous un autre angle.

On ne s'ennuie pas une seconde et de belles réflexions sur la liberté et les choix d'une vie nous poussent parfois à poser le livre et à s'interroger sur notre propre existence.

Je vais lire vos autres ouvrages Monsieur Bello!
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Walker a pris la direction de la Wills, une société de messagerie du sud-ouest des USA, à la mort de son beau-père, fondateur de la société. Infatigable travailleur, négociateur très habile et manageur créatif et à l'écoute, il a considérablement développé la société. Sarah, son épouse, actionnaire principal de Wills, s'occupe du quotidien de la famille.
Mais Walker sent sa vie lui échapper entre contraintes professionnelles et contraintes familiales. D'abord par jeu mental, mais passant bientôt à l'acte, il prépare sa disparition. Lorsque l'occasion se présente, il simule un accident d'avion.
Mais Nick Shepherd, redoutable enquêteur des assurances n'est pas dupe, d'autant que la dépouille de Walker demeure introuvable, et pour cause... Une traque sans merci va alors s'engager.

Même s'il n'est pas "officiellement" classé dans cette catégorie, ce roman est pour moi un bon thriller. Trois fortes personnalités, Sarah, Walker et Nick, s'y opposent. L'antagonisme est clair, mais les enjeux des uns et des autres, et parfois leurs comportements, ne sont pas toujours aussi en opposition ou en concordance qu'ils le devraient, ce qui pimente une intrigue originale dont la fin m'a cependant un peu déçu... On pourrait peut-être reprocher une psychologie des personnages un peu simpliste.
L'écriture est simple et directe. Les chapitres sont courts, alternant les points de vue des trois personnages principaux. La lecture est donc aisée et bien rythmée, offrant un bon moment de détente.
Un bon thriller qui ne marquera pas particulièrement les esprits...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Voici un roman extrêmement plaisant, l'histoire de Walker, 43 ans, chef d'entreprise florissant, qui vit au Nouveau- Mexique et son épouse Sarah, magnifique, aimante , qui lui a donné trois beaux enfants.
Il a une vie de carte postale!
Pourtant, il ne la supporte plus. Il vit dans l'anticipation, dans une quête de temps universelle , avec l'impression que la société attend beaucoup de lui, sans cesse. C'en est trop, vraiment: entre les contraintes de toutes sortes, il étouffe, son "temps "lui échappe,il en souffre terriblement , il essaie d'y échapper....sans succès.

Il va mettre en scène sa disparition de façon à ne pas peiner inutilement les siens.
Las! Un certain Nick Shepherd, détective redoutable, spécialisé dans les disparitions , s'empare de l'affaire et forge sa conviction: Walker n'est pas mort....
S'ensuit une fascinante course - poursuite sur le territoire des Etats- Unis....
Cet ouvrage , addictif, tonique, entraînant, parfaitement construit se lit comme un polar, un roman- feuilleton-d'aventures multiples "grandeur nature."...
Nous suivons l'urgence et la lutte psychologique intense entre Walker et Shepherd , angoisse, émoi, désarroi, fuite, incompréhension, recherches pointues, atouts et manques de l'un ou l'autre......détermination farouche....
C'est un roman lu avec fascination, amusement , fraîcheur malgré le sujet , passionnant, solide de bout en bout qui montre avec acuité , intelligence et finesse la fragilité des réussites humaines.
Un ton romanesque indéniable pour notre plus grand plaisir et un souffle incroyable!!.
Je salue la prouesse de l'auteur que je ne connais pas !
Je remercie chaleureusement la personne qui me l'a prêté!
J'ai passé un excellent moment !
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C'est un livre que j'aurai pu arrêter lors des premières pages, tellement celles-ci sont bourrés de clichés.
Walker à tout réussit, un très bon boulot, une femme magnifique et aimante, trois beaux enfants, du pognon à la pelle ... Enfin ce sont les critères de réussite de notre société actuelle occidentale, genre si t'as pas de Rollex à quarante ans t'as raté ta vie. Pourtant quelque chose ne fonctionne plus en lui, l'envie de changement le prend et plutôt que de s'en ouvrir à sa femme ou ses proches, il trouve plus simple de disparaitre. Après avoir tout préparer, il organise le crash de son avion. L'assurance-vie chargée de rembourser dépêche son meilleur limier.
C'est certainement ce critère qui m'a fait buggé lors de la première partie, cette disparition égoïste laissant femme et enfants dans le plus grand désarroi. Ça m'a un peu énervé. J'ai sauté pas mal de lignes, cherchant déjà quel sera le titre de ma prochaine lecture.
C'est la seconde partie qui m'a littéralement entraîné. Lorsque le détective Nick Shepherd se lance sur les traces de Walker. C'est un formidable jeu de cache-cache que nous livre l'auteur. L'amour suinte à toutes les pages et nous trouveront les raisons de la disparition de Walker que dans les dernières pages.
La fin est un peu cousue de fils blanc mais dans l'ensemble c'est un bon bouquin totalement dépaysant, certainement grâce à la plume de l'auteur qui nous propose le point de vue des trois principaux acteurs. Un éclairage qui permet de rentrer dans les motivations de chacun et de croire en permanence que nos concepts sont ceux de tout le monde.
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Cela commence comme " L'homme pressé " de Paul Morand, ensuite, le livre prend plutôt les allures d'un roman de Douglas Kennedy, je pense en particulier à " L'homme qui voulait vivre sa vie"... Ayant déjà lu " Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet", je me doutais que l'auteur mettrait sa touche personnelle, originale, à cette histoire déjà utilisée par d'autres auparavant : celle d'un homme qui désire disparaitre et recommencer sa vie ailleurs.

Si je n'ai mis que trois étoiles, c'est parce que mon avis est fort mitigé et que j' ai trouvé dans cette lecture autant de points positifs que négatifs...

Alors oui, mises à part les premières pages qui m'ont agacée ( j'y reviendrai), le lecteur est vite emporté avec enthousiasme par les rebondissements. Car, tout efficace et organisé qu'il soit, Walker, le fugitif, riche homme d'affaires, n'avait pas anticipé l'imprévu, la malchance. Il se retrouve ainsi avec à ses trousses le représentant de l'assurance-vie, qui a l'intuition qu'il n'est pas mort, malgré les apparences. Leurs points de vue sur les évènements alternent, de même que celui de Sarah, la "pas tout à fait veuve".... Cela met évidemment du piquant dans le déroulé de l'intrigue.

Autre aspect positif: le livre fait réfléchir sur le prix que l'on est prêt à payer pour être libre, sur les obligations de la vie qui nous étouffent et nous empêchent d'être nous-mêmes. Et aussi sur l'image que l'on renvoie, le fait que l'on ne connait vraiment personne.

Mais mon plaisir a été gâché pour deux raisons essentiellement: d'abord, je n'ai eu aucune empathie pour le personnage principal, Walker. Il n'a jamais vraiment pris vie à mes yeux.Froid, impatient, toujours projeté vers l'avant, je n'ai pas compati du tout à son besoin irrépressible de liberté. Il avait la possibilité de déléguer, de freiner. Ses moyens financiers le lui permettaient. Il préfère s'enfuir, laissant seuls ses enfants et sa femme, qu'il aime pourtant. Ses agissements m'ont laissée perplexe. Et toutes ces précisions sur le monde des entrepreneurs ( que l'auteur connaît bien) m'ont lassée.

Et cette fin! Une fin idyllique, bisounours, et pas du tout crédible. Le soufflé est retombé lamentablement... On aurait aimé plus de punch , de panache. Bien sûr, ce ressenti n'engage que moi....Soufflé raté mais souffle de l'aventure quand même au rendez-vous. A vous maintenant de vous faire une idée sur ce livre déroutant!
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Que voilà un roman plaisant à lire !
Walker a tout pour être heureux : réussite professionnelle, famille idéale, santé, argent... Mais Walker n'est pas heureux, au point de vouloir fuir cette vie qui en ferait rêver tant d'autres, jusqu'à se faire passer pour mort. Mais pas facile de mener une existence paisible de fantôme quand on est poursuivi par un détective opiniâtre chargé de retrouver les disparus...
J'ai beaucoup aimé ce petit roman frais, gai, et à l'humour politiquement incorrect (Walker s'ennuie pendant les fêtes d'école de ses enfants, Walker visionne en avance rapide les vidéos de son neveu), qui s'acidifie un peu quand il s'agit de souligner les comportements de la haute société. Mais ce roman propose aussi une réflexion sur le temps, la liberté, et la façon dont on se retrouve parfois (souvent ?) coincé dans une vie qui, malgré l'apparence de la réussite et du bonheur, ne nous convient pas du tout.
C'est à la fois grave et léger, le style est agréable et fluide, et on attend le dénouement avec une certaine impatience ; l'intrigue est bien maîtrisée, le suspense est bien entretenu. Quelques incohérences m'ont perturbée, mais sans pour autant gâcher mon plaisir.
Le genre de lecture idéale en cette période, pour qui veut s'évader à son tour !
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Après avoir couru après Ada*, Antoine Bello fait la traque d'un business-fugueur de sa propre vie.

Combien d'entre nous rêvent parfois de faire une R.A.Z du quotidien ?
Cela semble si improbable et compliqué, avec les incassables ficelles de la famille, de la profession et des engagements contraints ou volontaires que nous nous imposons.

C'est bien pour cela que ce livre se lit avec amusement et addiction. On le suit fasciné, ce Walker qui veut tout envoyer balader de sa confortable vie plutôt réussie. On espère même qu'il réussisse, pour vivre son choix par procuration.

Ancrant à nouveau son histoire aux États Unis, dans l'univers de l'entreprise, Antoine Bello produit un roman efficace et tonique, aux accents de thriller, dans une société contemporaine bardée de surveillance des individus par nos technologies actuelles. On se croyait parfois dans un épisode de série, si, derrière le rythme soutenu de la chasse à l'homme, ne s'invitait pas une réflexion sur la liberté, l'indépendance, le lâcher prise ( et les corollaires opposés d'engagement, de responsabilités professionnelle et familiale)

Question de société, de mentalité et de culture, qui pourrait s'inspirer de la notion des "évaporés" japonais où le concept de la disparition volontaire est accepté.

Finalement, après tant de suspens, c'est épuisant de vouloir changer de vie ! il faut être diablement volontaire et/ou parfaitement égoïste.

*publié en 2016
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A l'instar de Marc Dugain devenu écrivain après avoir dirigé une compagnie aérienne, Antoine Bello fait partie de ces écrivains qui passés par la case business puisent dans leur propre expérience pour écrire.
Pari réussi par L'homme qui s'envola. le sujet en est simple. Un manager hors pair à qui la vie sourit et réussit, décide d'aller voir ailleurs.
Il y a du Simenon dans la distanciation que Walker, le héros, met entre lui et sa vie. Comme s'il regardait vivre un étranger.
Dans une interview au monde du 16 juin 2011,Antoine Bello se disait «fasciné» par l'auteur de romans policiers et déclarait : « Je suis frappé par sa précocité, sa manière de brûler les étapes. J'aime la cohabitation entre ses aspirations bourgeoises et la facilité avec laquelle il prend des décisions radicales, comme le fait d'aller vivre à l'étranger. Mais le plus étonnant, chez lui, aux yeux d'un écrivain, c'est sa prolixité. L'acte d'écrire a quelque chose d'anodin pour lui, comme si les mots lui sortaient par tous les pores. Je crois qu'il ferait un très bon personnage de roman. J'ai toujours eu envie d'écrire sur un écrivain, je pourrais attribuer son trop-plein de mots à un de mes héros.»

Antoine Bello nous fait comprendre que Walker n'est pas un manager comme un autre.
« Il était le premier à reconnaître qu'une partie de ses déboires venait de son inaptitude à déléguer. Il préférait s'acquitter de tâches indignes de lui plutôt que de les voir traitées moins bien ou moins vite par ses collaborateurs. A force de faire la travail des autres, il avait accumulé une somme impressionnante de compétences dans les domaines les plus variés.»
Ces phrases pourraient sortir de la bouche d'un cadre soumis au feu roulant des questions d'un consultant mandaté par son employeur pour examiner la structure des tâches «parasites» qu'il effectue et ainsi lui apprendre à mieux travailler en se concentrant sur sa mission.
C'est l'une des forces du roman, sa description réaliste du monde du travail. de la logique morbide de développement des entreprises, de la concurrence qu'elles se livrent, de leur logique absurde et contraire à toute éthique humaine.
Le malaise de Walker est là. « le nombre de sujets requérant son attention suivait la courbe de ses ventes. »
Il prétend continuer à diriger son entreprise en étant partout à la fois et se heurte à une réalité du monde du travail, la spécialisation proportionnelle au volume de l'activité.
De même sa famille, Sarah et leurs trois enfants, Jess Andy et Joey, ses parents âgés...
Et lui dans tout ça ? « Il aurait aimé discuter cinéma, intelligence artificielle ou conquête spatiale, mais c'est à croire que personne ne partageait ses hobbies. »
C'est à mon sens la raison qui le pousse à fuir son monde, à «s'envoler».
«Un indicateur mesurait impitoyablement la progression du mal : son calendrier se remplissait désormais tout seul.» (...) «La nuit, Walker contemplait le plafond en se disant qu'il était booké jusqu'en 2040.»
La première partie du roman décrit le lent processus conduisant à l'enfermement du manager dans sa tour d'ivoire. à mesure que cet enfermement l'isole, son envie de fuir grandit. Grandit aussi son envie de démontrer qu'il n'est pas ce à quoi tout le monde le réduit.
«Walker voulait plus de temps pour lui sans avoir de compte à rendre ; il en faisait une question de principe. (...) Il désirait un espace de liberté, une indépendance que sa vie actuelle ne pouvait plus lui offrir.»
Ce qui est d'abord un rêve...
«Même si Walker n'envisageait pas sérieusement de tout plaquer, y penser lui faisait du bien. C'était un dérivatif, un exutoire dans lequel il se réfugiait chaque fois qu'il sentait l'étau du quotidien se resserrer sur lui.»
...va prendre corps, « Walker profitait de ses trajets en voiture pour dresser la liste de ce dont il aurait besoin.», puis devenir réalité : « Chaque fois qu'il menaçait d'exploser, Walker faisait un pas supplémentaire vers la réalisation de son plan.», lorsque par un concours de circonstance, en l'occurrence le marché de renouvellement de la flotte aérienne de son entreprise, lui fait miroiter les opportunités offertes par le côté obscur des affaires, celui qu'il n'a jamais voulu explorer... « Il avait brûlé ses vaisseaux. Il rêvait jusqu'alors de partir ; il n'avait désormais plus le choix.»

La première partie du roman décrit la réalité exclusivement vue par Walker. Une fois qu'il a quitté cette réalité, Antoine Bello donne la parole à son épouse Sarah, ses enfants ou son assistante Libby.
Dans la deuxième partie, construction, vocabulaire, style d'écriture, tout change. le roman donne désormais alternativement la parole à Sarah et à Walker. Antoine Bello nous montre que Walker est Walker et Sarah est Sarah. Il le fait avec humour, par exemple lorsque Sarah se réfugie dans les détails du quotidien pour cacher son chagrin :
« Mes pneus crissent au démarrage, j'ignorais que c'était possible avec une Prius.»
Le lecteur comprend l'impossibilité de couple peut-être trop heureux, peut-être trop égoïste, peut-être en dehors des réalités, en entendant Sarah dire « qu'il n'y avait pas d'heure pour parler du quotidien avec lui. le matin, c'était trop tôt, le soir c'était trop tard, et entre les deux, il travaillait.»

Dans L'homme qui s'envola, Antoine Bello revisite le thème de Faust. Là où Faust rêve de puissance, Walker rêve d'évasion avec ce que cela comporte de regret et de remords lorsqu'il constate que le retour arrière n'est pas une option.
Chez Walker, comme chez le jeune Faust ou le peintre de la peau de chagrin, on retrouve la même détermination à sacrifier l'essentiel pour faire du rêve une réalité.
«Il préférait vivre avec le remord d'être parti plutôt qu'avec le regret d'être resté.»
Mais une fois passé de l'autre côté du miroir impossible de regarder en arrière et encore moins d'y revenir. « Il inspira un bon coup et s'élança dans l'inconnu.»

Ce roman palpitant, qui se lit d'une seule traite, aux rebondissements multiples, aux surprises nombreuses, nous entraîne vers ce voyage dans l'inconnu, avec tous ses impondérables.

Antoine Bello pose de façon originale et contemporaine, puisant les exemples dans la réalité économique, la question essentielle et existentielle du pourquoi et pour qui vivons-nous ? Question à réponse forcément multiple. A vous de lire L'homme qui s'envola. Vous ne le regretterez pas...

Fin mai, Babelio et les éditions Gallimard organisent une rencontre avec Antoine Bello, je les en remercie sincèrement ainsi que pour l'envoi du roman L'homme qui s'envola.
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