Ce sont aussi les hommes qui nous font mères, Paloma. L'amour des hommes, leur fierté.
Ce sont les hommes qui nous font femmes, Paloma. Nous avons besoin de leur amour pour croître, pour nous sentir merveilleuses, pour exister.
Tu m'as parlé de la ligne bleue des Cévennes, du tranchant des crêtes, de l'émotion que tu ressentais chaque fois que tu venais ici.
Ils étaient partis à la ville, sous d'autres lumières artificielles, retrouver le monde, l'agitation, le bruit des conversations, la vitesse et la fièvre.
C'était comme si la mélancolie des vallées profondes avait tout à coup rattrapé les hommes, et qu'ils avaient voulu en finir avec toute cette tristesse.
Les genêts, la mort parfumée des Cévennes colonisaient les terres autrefois cultivées.
La route courait devant toi, sinueuse, étroite, bordée de châtaigniers délaissés, malades pour la plupart. On percevait encore les bancels des ancêtres, rongés par les ronces, éventrés d'éboulis, des sentiers envahis d'herbes hautes.
Il y aurait ce scintillement sur les feuilles, ce rose encore prononcé des bruyères séchées d'hiver, et dans les endroits les plus protégés, exploseraient d'un jaune soutenu à l'extrême les genêts précoces.
Le ciel de mars était couvert, noir par endroits, mais c'était une fausse menace. On sentait bien qu'il ne pleuvrait pas. Que tout d'un coup, une grande tramontane balayerait tout ça d'un revers de main et que le ciel reviendrait étincelant comme à l'accoutumée et qu'il obligerait à plisser les paupières pour ne pas être ébloui.
On ne perçoit pas consciemment comment certaines personnes vous manquent avant de les connaître, on devine juste, une fois qu’on les a rencontrées, qu’on ne pourra plus jamais vivre sans elles.