Une fois qu'on a tiré une couverture de sable et de cendre sur des milliers de corps anonymes, on cultive l'oubli.
Alors la poésie se soulève.
Nos enfants ne sont plus des enfants.
Emportés par le vent
ils retombent en pétales obscurs sur nos mains qui tremblent
dans un champ de pierres sans mémoire.
Ce corps qui fut une parole ne regardera plus la mer en pensant à Homère.
Il ne s'est pas éteint. Il a été touché par un éclat du ciel brisant la parole et le souffle.
Ces cristaux mêlés au sable sont les derniers mots prononcés par ces hommes sans armes.
Nous mourons par quantité grandiose et négligeable
et personne ne se souvient du nom, de l’œil ouvert
et du matin abrupt qui nous aligne dans une guerre
que nous n'avons pas faite.