L’Amour. Apprendre à aimer sa solitude. Savoir se retirer dans un roc qui préserve la tendresse. Déjouer la dépendance pour que la possession devienne écran de la transparence. Aimer, c’est célébrer en permanence la rencontre de deux solitudes, fêter leur révélation quotidienne, leur éclatement possible dans la mort , la poésie.
Dans ce qui arrive ou n'arrive pas, je sais que le plus beau c'est le temps de l'attente, un espace tendu comme un linge entre un arbre et un pilier chancelant et lointain qu'on aperçoit sans vraiment le cerner. L'autre point - horizon ou sonate - est entouré d'une nappe nuageuse. On l'observe sans le voir. On le capte sans le savoir. Dans l'attente, le regard a de l'imagination et un peu d'humour. Il s'active et se pose sur une ombre ou un lieu vide qui a été ou sera habité. En fait, il ne se pose pas. Il cherche une maison de verre flottant sur la mer. L'inaccessible est là, derrière les mots.
" L'amour est un serpent qui glisse entre les cuisses. "
J'observe de ma fenêtre le silence. Je le regarde passer dans la rue. Je le rejoins ; il m'enveloppe et j'écoute. Il est souvent trompeur. Il pose des problèmes qu'il faut deviner.
Elles se liguent contre moi. Je me trouve en fin de compte sans recours, isolé, dépossédé et abattu. A ce moment-là, je consulte le dictionnaire. C'est un ami ; il est un peu rigide. Il n'a pas beaucoup d'humour. Il me renseigne mais ne m'aide pas dans mes conflits conjugaux. Il est pour l'ordre et la morale. Il est juste et sans équivoque, froid et intransigeant. Il me déprime et me décourage. Je suis amoral. Cela ne pardonne pas, surtout dans un dictionnaire.
La période des fêtes, où les gens se saignent en s'endettant pour avoir l'illusion d'être heureux quelques heures, me rend furieux. Elle me rend plus misanthrope que je ne le suis d'habitude. L'être humain se plie sans protester à la loi des marchands et consomme sans compter ou bien en comptant beaucoup. Il consomme pour être comme tout le monde. Quand la fête devient obligatoire, la solitude, supportable le reste du temps, prend les proportions d'un cauchemar, se fait maladie intolérable. Tout le monde doit être content, satisfait, heureux. C'est un ordre.
Ta destinée comme l'ombre du palmier partout te devance
elle est ton chemin et l'empreinte de tes pas
où que tu ailles elle te cerne
miroir posé sur le sable de tes pensées
L'amour comme dans un roman, comme un film, comme une vieille chanson nostalgique. L'amour comme un matin de brume et de rosée, pudique comme un crime passionnel, fou comme un miroir qui perd ses souvenirs, l'amour à Paris prend parfois le visage d'une détresse, d'un malheur inconsolé.
L'inaccessible est là, derrière les mots.
Dans ce qui arrive ou n'arrive pas, je sais que le plus beau c'est le temps de l'attente ...