AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'hypnose ou les portes de la guérison (25)

Redevenir sensible, sans restriction, n'est pas sans conséquences. Rester insensible ou peu sensible permet d'éviter de résoudre les problèmes existants ou ceux qui se présentent. A l'inverse, être sensible oblige à réagir à toute confrontation. Pour accepter de ressentir à nouveau, il faut n'avoir rien à perdre. Le point d'appel, puis d'appui, est souvent une grande souffrance qui oblige à se rendre sensible tout court, sans condition. La personne se laisse ressentir tout ce qui vient, à la manière d'un animal. Elle retrouve sa boussole biologique. Voilà ce que propose l'hypnose : franchir des portes pour approcher le sentio, ergo sum. Le sentir provoque une cascade de réactions en chaîne ; il permet une reprise du mouvement. Se mouvoir à nouveau dans son propre corps et à la place qui est la sienne, voilà ce qui est porteur de guérison.
Commenter  J’apprécie          140
Franz-Anton Mesmer écrivait en 1780 qu'une promenade en forêt permettrait à quiconque de bien ressentir et de comprendre ce qu'est le Magnétisme animal, premier nom de l'hypnose. Milton Erickson, en 1950, avait demandé à une patiente suicidaire de bien vouloir l'accompagner dans sa visite du zoo de la ville. François Roustang, en 2011, suggère à une patiente dépressive de porter attention à elle-même et de "se sentir vivante". Vers quelles portes ces thérapeutes hors du commun poussent-ils leurs patients ?
Mesmer semble privilégier, dans cet exemple, la porte de l'espace qui ouvre vers la nature porteuse de vie et de mort. Franchir cette porte redonne à l'être humain environné et submergé par les cycles naturels.
Erickson, lui, replace sa patiente dans l'évolution des espèces. Il lui fait franchir la porte du temps et lui fait ressentir les origines de la vie, l'animalité et la filiation.
Roustang se tourne vers la porte du corps et incite sa patiente à retrouver son corps et la palpitation, la vibration qui le traverse.
Ces trois thérapeutes exceptionnels ont mis de côté raisonnement et volonté pour privilégier la sensation. Ils attendent le temps qu'il faut pour que la connexion se fasse, pour que les malades ressentent et retrouvent leur place. Il n'y a plus de pensée. Il n'y a plus de langage.
La porte de l'imagination, du virtuel, vient enrichir et amplifier les sensations perçues.
Commenter  J’apprécie          30
"Le chemin est celui d'une recherche qui aboutit à l'impasse. Lorsque l'on a désespéré de trouver, la recherche s'arrête dans le désespoir, et c'est ce moment de désespérance qui permet l'illumination."
François ROUSTANG
Commenter  J’apprécie          20
Le corps est une chose, une matière, un objet, que l'on traite parfois et que l'on maltraite souvent. Depuis Descartes, nous vivons dans la dichotomie corps/esprit, on pourrait dire le divorce. Le corps est traité comme une mécanique, ce qui est à mes yeux un procédé pour le moins réducteur. Spinoza affirme que nous percevons bien l'âme et le corps comme deux choses distinctes. "Selon lui, cela n'implique nullement que l'âme et le corps-pensée et matière-ne soient pas une seule et même substance. L'esprit et le corps ne sont que deux versants d'une seule réalité, deux faces d'une même médaille (...) Tout ce qui se produit dans le corps se produit aussi dans l'esprit, tout ce que vit le corps, l'esprit le pense et vice versa." Ce nouvel éclairage montre le lien étroit, fusionnel, entre l'un et l'autre, qui confirme bien que l'on ne peut étudier l'un sans l'autre. Plus personne ne peut nier que dans le domaine de la thérapie et du soin, il n'est pas possible d'évincer ce binôme qui fait que l'un ne va pas sans l'autre et que, en tenant compte de l'un, on implique systématiquement l'autre. Aussi, se dire que l'on soigne l'esprit en passant par le corps paraît fondé et même nécessaire si l'on veut un résultat.
Commenter  J’apprécie          30
Lorsqu'on rumine, lorsqu'on ressasse son histoire et sa souffrance, la pensée s'active. Il s'agit d'une pensée obsédante, tourmentée, qui cherche à comprendre les mécanismes et les causes pour apaiser le mal. Le discours est donc composé de ce mélange de culpabilité, de colère parfois et de bien d'autres émotions. Mlle D a perdu l'usage de ses jambes à la suite d'un accident qui a blessé gravement sa moelle épinière. Il lui arrive de se comparer aux personnes valides qu'elle croise ; elle pense alors à tous ces voyages qu'elle ne peut plus faire et ressent encore plus fortement ses douleurs. Quand elle travaille, quand elle brode, ses douleurs disparaissent. Une intense occupation la détourne de ses douleurs. Elle n'y est plus connectée. A l'inverse, la plainte, les regrets la ramènent à sa souffrance et ses douleurs s'intensifient.
Parmi toutes les portes empruntables, celle de la pensée se présente tout naturellement à une personne qui souffre. Les consultations hospitalières de la douleur sont assaillies de personnes qui cherchent désespérément une explication à leurs douleurs et qui se retrouvent dans une cogitation intellectuelle intense. Cette activité de la pensée ressemble à un labyrinthe sans issue. La question se pose alors de savoir si c'est la réflexion qui est mal menée ou si c'est la porte de la pensée qui est murée, sans issue.
Commenter  J’apprécie          150
- Il y a donc plusieurs corps. Quelle est l'expression d'un corps douloureux ?
- Avant de définir ce que peut être un corps douloureux, il convient de se poser la question : quand sentons-nous avoir un corps ? Et comment le savons-nous ?
Seule l'expérience nous permet de répondre à cette question. "En effet, nous dit Balthasar Thomass, nous sentons notre corps seulement quand il lui arrive quelque chose : quand il est affecté, voire troublé, par une sensation. Faites-e, l'expérience ; asseyez-vous calmement et observez ce que vous sentez - et donc savez - de votre corps. Vous pouvez sentir une bouffée de chaleur, une démangeaison, une aigreur dans l'estomac, un filet de vent frais caresser votre nuque... Mais si rien ne vous trouble, vous ne sentirez rien. Vous sentez les affections de votre corps, ses réactions à son environnement, mais vous ne sentirez pas votre corps en lui-même!" Seule l'expérience va nous permettre de faire la distinction et la comparaison et c'est de cette comparaison que naît la sensation douloureuse mais aussi celle d'exister et de vivre.
Commenter  J’apprécie          10
Le corps ne se contente pas d'être une enveloppe, un contenant, le symbole de notre unité, un carrefour, un réceptacle ; il est aussi doté d'un pouvoir de parole.
Non pas cette parole vocale que nous émettons dans le cri ou le discours.
Il est le lieu d'expression des non-dits, des inconcevables, des irrecevables, des inacceptables. Il est le relais des mots, des maux. Le langage courant ne s'y trompe pas. "J'en ai plein le dos...", "J'ai la tête prise...", "Cela me démange...", "J'ai le souffle court, les jambes coupées, un coup de poing à l'estomac..."
Le corps se fait métaphore pour nous parler à nous-mêmes comme s'il devenait un témoin, l'interlocuteur d'un discours intérieur. Utile pour nommer ce qui est innommable, tenter de partager, sans être nécessairement compris.
Commenter  J’apprécie          30
Une personne dit : « Je me déteste, je ne me supporte pas comme je suis ! – Mettez-vous à côté de vous ! Asseyez-vous et regardez-vous. » Je pourrais dire à la personne : « Détestez-vous ! » Ce qui l’entraînerait à adhérer à ce qu’elle pense d’elle. Je peux dire aussi : « Mettez-vous à côté de vous et supportez-vous ! » A un moment donné, la personne dit oui. Là, elle entre dans la réalité et il y a un autre processus qui se met en place. Elle va enfin trouver, là où elle est. Elle va enfin adhérer à son état actuel. Et quand on entre dans la réalité, c’est-à-dire dans ce que je peux supporter, je suis vrai.
Commenter  J’apprécie          130
« Il fut un temps, raconte François Roustang, où les médecins faisaient tout autre chose que de quantifier. Ils avaient un rôle social, une présence, une forte intuition et implication personnelles. Si l’hypnose a tellement de succès aujourd’hui c’est parce que les médecins sentent que la médecine s’est déminéralisée, déshumanisée. Et l’hypnose vient combler ce manque. »
Commenter  J’apprécie          30
Dans d’autres cas, un thérapeute me rapporte qu’il a dit à une dame qui était écrasée par son passé : « Ça appartient à votre histoire, pas à votre personnalité. » Autrement dit : « Laissez tomber votre histoire ; vous avez toutes les raisons de souffrir définitivement, alors laissez-la tomber. Aujourd’hui, tout va bien. » Se placer dans le présent a été le remède.
Quand un patient me dit avoir souffert pendant son enfance, il m’arrive de lui dire que « l’enfant a souffert parce qu’il était obligé de subir, mais l’adulte d’aujourd’hui a quitté cet environnement et peut se dégager du passé ». Après avoir décrit la situation et pour être suivie d’effet le thérapeute ajoute : « Maintenant, faites-le ! Installez-vous dans le présent ! »
Le patient quitte le conditionnel, l’intentionnel, pour passer à l’action dans le moment présent.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (20) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Freud et les autres...

    Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

    3
    4
    5
    6

    10 questions
    438 lecteurs ont répondu
    Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}