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Critique de brumaire


Bartolomé Bennassar est un historien spécialiste de l'Espagne. On ne pouvait que se rencontrer tant j'aime ce pays par beaucoup de côtés comme je le déteste par quelques autres...C'est un autre sujet.
J'avais déjà lu son "Franco" et je voulais reprendre l'histoire de la guerre civile espagnole en relisant" La guerre d'Espagne et ses lendemains" afin de ne pas partir randonner inculte dans le désert des Monegros au mois de mai prochain. Or je n'avais pas lu ce livre qui trainait bien en évidence dans ma bibliothèque. Et effectivement il n'était pas dans ma "bibli" Babelio ni dans aucun de mes petits carnets de notations. Comme quoi on dépense 25 euros parfois pour un livre que l'on ne lit jamais...sauf hasard.
Donc rafraichissement de l'histoire de la guerre civile espagnole (pourquoi et comment en est-on arrivé là....), les premiers combats, l'intervention des puissances extérieures au conflit, les Brigades internationales, les forces nationalistes, les forces républicaines.....etc etc. Bartolomé Bennassar est un historien merveilleux qui nous change de quelques uns qui prennent pour argent comptant leur propre conviction idéologique comme pied à coulisse de toutes mesures. Les faits, rien que les faits. Ce qui ne l'empêche pas de dire "Je" et de donner son avis, circonstancié toujours. C'est l'intérêt du livre. Car le plus important dans le titre c'est le ...sous-titre : "et ses lendemains". En effet après la victoire des nationalistes (des rebelles bien sûr pour les républicains...) l'histoire ne s'est pas arrêtée. Les espagnols fuyant la répression franquiste se sont massivement enfuis en France. Bennassar revient longuement sur cet épisode tragique (la Retirada). Pendant longtemps et encore maintenant il est convenu d'affirmer que La France a été en dessous de tout et a traité les réfugiés républicains comme des sous-hommes . Bennassar remet les pendules de l'histoire à l'heure des archives et des faits. Oui l'administration française a été dépassée (pas prévu que plusieurs centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants arrivent sur le territoire français), oui les camps du Vernet, de Gurs, d'Argeles, ont été une honte (cf La lie de la terreArthur Koestler), mais il contrebalance ces faits avérés par beaucoup de témoignages qui montrent un accueil très chaleureux de la plupart des français. Oui il y a eu des heurts , des animosités, des rejets de certains maires (n'oublions pas que malgré le Front Populaire (enfin ce qu'il en restait...) au pouvoir, la peur des "rouges" était inhérente aux campagnes françaises et les réfugiés espagnols pour les français étaient indistinctement des "rouges" !
Mes grands-parents maternels habitaient Toulouse à cette époque et ma mère m'a souvent raconté l'arrivée des réfugiés républicains dans la ville qui comptait déjà une forte communauté espagnole. Ma grand-mère est devenu l'amie de sa "bonne à tout faire", horrible mot , et a conservé jusqu'à sa mort des liens très fort avec Maria qui est restée toute sa vie à Toulouse. Son mari avait trouvé un emploi à la Poudrerie nationale , le site de la future usine AZF de sinistre mémoire, qui fut bombardé par les anglo-américains en 44 , ma mère assistant du balcon de la maison de ses parents au magnifique feu d'artifice....Bon je m'égare, je m'égare...
Il est un autre sujet chaud sur lequel l'auteur revient : le régime franquiste était -il fasciste ? ah là là ....c'est le genre de discussion que j'ai eu avec des amis espagnols....le point Goldwin de la discussion a été vite atteint :-)
Mon avis est que...Bon je laisse...Disons que dans ce genre de discussion il faut s'en tenir aux définitions établies et rien qu'aux définitions. le paradigme du régime fasciste est bien celui de Mussolini. Pourtant, avant que le Duce s'éprenne d'Hitler dans un accès d'hubris, la répression des "démocrates" italiens a été d'une douceur angélique comparé à celle que Franco va instituer après sa victoire ....plus de cent mille morts. Pour Bennassar Franco avait certes des sympathies prononcées pour les régimes fascistes mais en renard galicien il savait ménager la chèvre et le chou. Oui la Phalange était ouvertement fasciste, d'esprit comme d'actions. Mais les Carlistes navarrais, les Requetes au béret rouge : non ! Les faits , les définitions : rien que cela.
Autre sujet qui fâche : combien de victimes ? Bennassar nous donne une avalanche chiffrée de décomptes d'archives, de témoignages, d'avis péremptoires d'historiens statisticiens .....
Tout cela est vain....Les guerres civiles sont atroces , personne n'en reviendra. En deux ans , sur un territoire beaucoup plus réduit, avec les armes de l'époque, la guerre civile vendéenne a fait plus de victimes que la guerre civile espagnole. 150 000, 200 000, 250 000 morts ? stupide concurrence victimaire. Avec la Démocratie une loi fut votée par les Cortes , elle interdisait tout recours juridique sur les faits passés. Et c'est très bien.
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