Une vrai femme, c’est peut-être juste une femme libre !
- Dans cette puberté, il n'y a pas que le corps qui se prépare à devenir celui d'une femme ; il y a aussi ta réflexion, ta vision du monde, tes émotions, ta sensibilité.
— Hé, les filles ! murmure t-elle. A votre avis, ça a le goût de quoi, le bonheur ?
Trois paires d’yeux se tournent vers elle. Réflexion.
— De barbe à papa ? improvise Antonia en posant le magazine sur ses genoux.
— De chiotte ! lâche Jolène, pas joueuse.
— Et toi Judy ? Tu dirais quoi ?
— Vous vous moquez pas de moi, hein ?
— Quelle idée ! répond Marieke
— Je dirais que le bonheur a le goût des quenelles de Papa.
— Et s’il était une couleur ?
— Couleur de peau, répond Antonia sans hésiter.
— Couleur page blanche, propose Jolène. Le bonheur, c’est peut-être quand tout reste à écrire ?
— Le marron des yeux de Maman.
— Et si c’était un bruit ? rebondit Marieke.
— Un premier cri, murmure Antonia.
— Les pages d’un livre qui se tournent.
— Vos rires et le mien, ensemble.
— Et un mot ?
— Farès.
— Cogito…
— Sœurs.
Ou alors, ce malheur arrive simplement parce qu'elle n'a pas assez cru que sa vie pouvait être belle.
- Aidez-moi, je vais mourir ! continue le cri.
- Mais putain, c'est quoi ?
- C'est rien, c'est Jolène ! Elle a ses règles.
[...]
- Abuse pas, non plus ! C'est si douloureux ? demande Antonia en arrivant dans le salon.
- Atroce ! Ça me brûle dans le bas du dos et j'ai l'impression qu'une main est en train de chercher ses clés de voiture dans mon ventre.
- Dans cette puberté, il n'y a pas que le corps qui se prépare à devenir celui d'une femme ; il y a aussi ta réflexion, ta vision du monde, tes émotions, ta sensibilité.
Elle se faufile sous la couette de Jolène. Elle chasse de son esprit l'idée qu'un jour, sa famille s'éparpillera. Chacune quelque part, avec sa propre vie.
— Pourquoi tu fais de moi un monstre ? Celui qui quitte, celui qui ne veut pas devenir père ? C’est pratique, ça aussi ! Tu l’as pas vu ma souffrance, alors ? Elle t’a pas paru assez grosse ?
Son coeur agonise. Il est un chien abandonné sur le bord de la route. Est-ce vraiment la dernière fois que je te tiens la main, Antonia ? Suis-je capable de vivre sans toi ? Il essuie ses larmes […] Farès ferme les vitres par peur que ses rêves ne s’envolent.
Comment un morceau de tissu fabriqué au Bangladesh peut-il créer cette impression immédiate de beauté ? Seraient-ce les petites mains qui, en confectionnant ces vêtements, y enferment leurs rêves de liberté et rendent magiques ces étoffes coupables ?
Tu sais ce que je pense du charme ? C'est un truc à la con inventé par une moche pour se consoler de ne pas être canon.