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Citations sur 5G, mon amour (9)

Il s’agit de préparer l’opinion publique d’un côté et ses représentant-es politiques de l’autre afin d’avoir le champ libre pour innover sans entraves et faire un maximum de profits, sans avoir à se préoccuper des conséquences sociales, écologiques et sanitaires de leurs stratégies. 
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La sécurité est également mise en avant par les chantres du tout connecté. La 5G rendrait possible le développement à très grande échelle de la vidéosurveillance et, comme la technique le permet, d’associer celle-ci à la reconnaissance faciale. La Chine, qui a déjà développé quelques milliers de sites en 5G, nous montre ce que cela peut donner: là-bas, en fonction de leurs attitudes, les citoyen•nes obtiennent une « note sociale ». Tu traverses la route alors que le petit bonhomme est rouge? Les caméras détectent la scène, scannent ton visage, l’associent à ta carte d’identité et font baisser ta note. Idem, si tu critiques le gouvernement sur un réseau « social ». Et si ta note baisse trop, tu perds certains droits, par exemple celui d’emprunter les transports en commun.
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L’arrivée d’un réseau sans-fil de 5e génération est imminente, promet le gouvernement français. Mais comment fonctionnera ce nouvel équipement, censé marquer une «révolution» dans le domaine des communications mobiles ? Extrait de l’ouvrage à paraître 5G Mon Amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles, co-édité par Le Passager clandestin et L’âge de faire.
Après le tout premier réseau sans-fil mis en place en 1981, puis celui de deuxième génération (2G) en 1992, la 3G en 2001 et la 4G en 2012, l’heure de la 5G a sonné. Il s’agit, jurent ses promoteurs, d’une «innovation de rupture», qui va permettre de multiplier les débits par dix, de diviser le temps de latence (durée entre le moment où tu cliques sur un bouton et où ton appareil reçoit l’information demandée) par autant et d’assurer les conversations des milliards d’objets connectés dont nous sommes censés nous équiper dans les années à venir.

En outre, cette nouvelle technologie va permettre de désengorger le réseau 4G, qui a parfois du mal à supporter tout le trafic actuel : dans un stade de football, au moment où ton équipe préférée marque un but et que tous les spectateurs veulent appeler leurs copains pour les prévenir de la bonne nouvelle, il arrive qu’ils n’aient pas accès au réseau. Un désagrément insupportable, assurément. Il était donc urgent de mettre en place un réseau supplémentaire. Car il faut préciser que la 5G ne va pas remplacer ses aînées, mais s’y ajouter. En termes d’ondes, cela se traduira donc par une couche supplémentaire de champs électromagnétiques dans l’environnement.

Techniquement, de quelle manière les opérateurs comptent-ils réaliser cette «prouesse»? Eux-mêmes ne sont pas totalement au point. Ils vont le faire, ils en sont certains, mais ne savent pas encore exactement comment. Nous connaissons tout de même les grandes lignes de ce qui devrait constituer ce réseau de nouvelle génération.

Une révolution en plusieurs étapes
Dans un premier temps, la «révolution» portera assez mal son nom. Il s’agira plutôt d’une évolution, du même type que celles qui nous ont fait passer de la 2G à la 3G puis à la 4G. Pour mailler le territoire, les opérateurs ont virtuellement découpé le pays en milliers de petites «cellules» – d’où le nom de réseau «cellulaire» –, à l’image des alvéoles d’une ruche. À chaque cellule, ses antennes. Le débit offert dépend ensuite du nombre d’utilisateurs présents dans une même cellule. Ce qui explique qu’il y ait beaucoup plus d’antennes dans les zones très peuplées – typiquement, les zones urbaines – que dans les régions à faible densité de population.

La technique de base pour augmenter les débits proposés est donc assez simple: multiplier le nombre d’antennes-relais, du même type que celles qui existent aujourd’hui, c’est-à-dire accrochées à des pylônes, installées sur des toits d’immeubles, camouflées dans de fausses cheminées, grossièrement déguisées en arbres, postées dans des clochers d ’églises, etc. C’est, dans un premier temps, ce à quoi vont s’atteler les opérateurs. De 200.000 «antennes hauteur» implantées en France pour faire fonctionner les trois réseaux existants (2G, 3G et 4G), on devrait passer à plus du double, ainsi augmenter les débits disponibles… et par la même occasion l’exposition du public aux champs électromagnétiques. Ces antennes 5G utiliseront des fréquences de 700 MHz à 6 GHz, sans toutefois dépasser cette limite.

La fameuse «rupture technologique» se situe dans un second temps, avec l’utilisation parallèle d’ondes millimétriques, autrement dit de micro-ondes, via des fréquences beaucoup plus élevées, comprises entre 26 et 35 GHz. Le réseau 5G est prévu pour être hiérarchique : les antennes en hauteur dont nous venons de parler arroseront les zones alentour pour assurer une couverture globale, mais communiqueront aussi avec de plus petites antennes, qui propageront pour leur part des ondes de très hautes fréquences. Pourquoi utiliser des fréquences si élevées?

Notamment parce que le spectre est déjà quasiment saturé dans la gamme de fréquences inférieures à 6 GHz, alors que la 5G a besoin d’une large bande passante – un «tuyau» d’un diamètre important – pour tenir toutes ses promesses : au minimum 400 MHz, et plutôt 1 GHz si possible. Pour trouver autant d’espace disponible ou pouvant être libéré par ses utilisateurs actuels, les autorités compétentes se sont donc orientées vers les ondes à très hautes fréquences.

Le problème, c’est que plus on monte en fréquence, plus la capacité de propagation d’une onde est faible. Au fond d’une grotte, tu captes plus facilement la radio FM que le réseau mobile, la première utilisant des ondes plus longues que le second. Pourtant, les portables actuels utilisent encore des fréquences beaucoup plus basses que celles de ces petites antennes, également appelées «petites cellules» 5G – ou encore «small cells» dans le jargon technique toujours friand d’anglicismes. Les champs électromagnétiques émis pour la 5G passeront donc difficilement à travers les murs. Ils ne traverseront pas les êtres humains (ce qui ne signifie pas que ce soit mieux pour leur santé, nous y viendrons). Pour les plus courtes, une simple feuille traversant le faisceau en tombant d’un arbre pourrait suffire à interrompre la connexion.

Le casse-tête des ondes courtes
Cela pose une évidente difficulté, puisque le réseau est notamment pensé pour faire rouler les voitures autonomes, qui ne doivent jamais perdre leur connexion, sous peine d’inévitables accidents. Alors, comment faire pour que l’automne – période à laquelle les arbres s’entêtent à se débarrasser de leurs feuilles – ne devienne pas la saison des collisions? Plus globalement, comment assurer la continuité des connexions avec des ondes stoppées par le moindre obstacle?

L’idée est de démultiplier le nombre d’antennes, et donc les possibilités de se relier au réseau. Si une voiture autonome est reliée simultanément à dix antennes, elle peut se permettre de perdre l’un des signaux. Lorsqu’il y avait 8 antennes pour la 2G, la 3G et la 4G réunies (le système de première génération n’existe plus), on en promet 64 pour la seule 5G. Et cela dans un premier temps, car les opérateurs prévoient ensuite, du moins en milieu urbain, d’en installer 256 !

Ces « small cells » doivent donc fleurir à tous les coins de rue. Les promoteurs parlent d ’une antenne tous les 100 mètres. Dans cette optique, l’État a déjà prévu de faciliter l’accès des opérateurs au mobilier urbain. Demain, lampadaires et panneaux de signalisation pourraient devenir autant de petites antennes. À Annecy , Montreuil, et au Kremlin-Bicêtre, où ont eu lieu des expérimentations en 2018, un accord avait ainsi été passé avec l’entreprise JCDecaux pour utiliser son mobilier : des antennes ont été installées dans ses panneaux publicitaires (petits et grands), ses abribus, ses colonnes Morris (1).

En outre, toute sorte d’objets connectés pourraient également servir d’antennes. C’est ce qui est notamment prévu pour les voitures autonomes. En roulant, un véhicule de ce type communiquera directement avec ceux qui l’entoureront afin d’éviter les carambolages: la voiture de devant freine, elle prévient celle du milieu, qui ralentit aussi, et envoie le signal à la bagnole de derrière pour qu’elle fasse de même. Quels seront les effets de ces milliers d’antennes sur l’exposition du public aux champs électromagnétiques ? C’est toute la question.

Nicolas Bérard

Ce texte est un extrait du livre
5G mon amour,
enquête sur la face cachée des réseaux mobiles,
de Nicolas Bérard, co-édité par
L’âge de faire et Le passager clandestin.
240 pages, 14 euros.
Disponible en librairie à partir du 06 juin.
L'âge de faire est un journal que l'on trouve en magasin bio et dans des lieux associatifs.
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Connais-tu le site radiofrequence.gouv.fr? Non? C’est normal : en gros, personne ne connaît son existence à part ceux et celles qui l’ont créé. Ce site gouvernemental nous apprend six règles élémentaires permettant d’utiliser son téléphone portable en limitant les risques sanitaires. Évidemment, c’est à n’y plus rien comprendre, puisque ceux et celles qui l’ont créé nous assurent justement qu’il n’y a pas de risque! Les associations voient dans cette contradiction l’effet d’une « opération parapluie » : au cas où un scandale sanitaire lié aux ondes venait à éclater, le gouvernement pourrait « ouvrir le parapluie » pour se protéger des retombées, en prétextant qu’il nous avait prévenu.es.
En attendant, il ne fait surtout aucune publicité à ce site.
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Peut-être ce « gouvernement invisible » a-t-il connu des ratés? Il est en tout cas indéniable qu’il est souvent parvenu à ses fins. Un exemple frappant de sa puissance: les Étatsunien.nes doivent à Edward Bernays leur célèbre petit-déjeuner à base d’œufs et de bacon! Notre bonhomme comptait en effet, parmi ses clients, une société qui souhaitait augmenter ses ventes de charcuterie. Il s’est donc rapproché d’un médecin qui estimait que le petit-déjeuner devait être riche en protéines, par exemple avec des œufs et du Bacon. « Bernays lui fait consigner son opinion par écrit, l’envoie à 5 000 médecins pour avis. Presque tous apposent leur paragraphe. Le stratège fait parvenir l’ensemble à la presse, qui se hâte de s’en faire l’écho comme si il s’agissait de résultats d’une étude scientifique ». Les ventes de bacon ont explosé et font désormais partie intégrante de la culture culinaire étatsunienne.
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De nombreuses expérimentations techniques ont déjà eu lieu en 2019, et se poursuivront en 2020 et 2021. À Lyon et Bordeaux, Bouygues Telecom va tester un réseau 5G grâce à des ondes millimétriques de 3,6 GHz. À Belfort et Châtillon, c’est Orange qui aura ce privilège. À Nantes et Toulouse, ce sera SFR. Free fera des essais à Paris, ainsi que ses trois concurrents. Les quatre opérateurs téléphoniques ne sont pas les seuls à procéder à des expérimentations. Le constructeur Nokia a obtenu des fréquences 5G dans plusieurs villes, tout comme le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (Leti), une branche du commissariat à l’énergie atomique (CEA). On trouve également dans la liste des expérimentateurs des entreprises comme la SNCF, EDF, France TV, Airbus ou aéroports de Lyon.
Les industriels ont dans le même temps été autorisés à utiliser des fréquences beaucoup plus élevées. Dans les gare de Rennes et de Lyon Part-Dieu, au port du Havre, à la Défense à Paris, ce sont des ondes de 26 GHz qui seront testées. Cela avant que la moindre étude sur les risques sanitaires de ces ondes à très hautes fréquences n’ait été réalisée, et sans prévenir les habitant•es et les usager•es des lieux. Sache-le: en fonction de là où tu te trouves, tu sers peut-être de cobaye humain à l’industrie du sans-fil.
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Le problème, c’est que les ondes naturelles sont totalement différentes des ondes artificielles, et plus particulièrement de celles de la téléphonie mobile. Les premières, peu puissantes, sont continues et non polarisées — elles émettent donc de façon constante et dans toutes les directions à la fois. À l’inverse, les ondes de la téléphonie ou du wi-fi sont pulsées – constituées de « trains d’ondes » totalement irréguliers — et polarisées, se déplaçant donc dans un seul sens. Le fait qu’il y ait des champs électromagnétiques dans l’environnement ne prouve donc en rien l’innocuité des ondes. Il y a, naturellement, du dioxyde de carbone dans l’air (0,04 %), et tu en as donc toujours respiré. Mais si la teneur augmente trop dans ton environnement, t’es bon·ne pour la syncope. (page 63)
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Il ne s’agit pas de créer un cadre d’expérimentation objectif, mais d’en créer un qui puisse être considéré comme tel par les médias et les politiques. Il ne faut pas chercher la vérité, mais affirmer l’innocuité des ondes, en avançant des arguments qui ont au moins l’air crédibles, même s’ils ne le sont pas réellement.
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Le 14 octobre 2019, Le Monde révélait que le gouvernement — dirigé, rappelons-le, par Édouard Philippe, ex-lobbyiste de chez Areva — avait envoyé une lettre au président d’EDF par laquelle il lui demandait de prévoir la construction de six nouveaux EPR dans les quinze prochaines années. Cette missive est signée par deux ministres : celui de l’Économie, Bruno Le Maire, mais aussi celle de l’Écologie, Élisabeth Borne. Construire de nouvelles centrales nucléaires, pour alimenter les très énergivores smart cities qui satureront l’environnement d’ondes électromagnétiques, voici donc leur projet pour sauver la planète et nous rendre plus heureux. (page 99)
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