Sarah ne pense ni aux mots, ni aux gestes. Elle pense aux combats qu’ils ont menés ensemble, Pierre et elle, au chemin parcouru depuis toutes ces années. Elle pense à toutes ces fois où il aurait été plus facile de se poser en victimes et de se laisser assister, mais ils ont toujours fait le choix de se relever, même si c’était dur. Elle pense à ces personnes qui ont eu vite fait de cataloguer Pierre comme le cancre qui ne ferait rien de sa vie, comme le sale gosse qui ne respecte pas assez sa grand-mère ou le débile qui ne veut pas s’en sortir. Elle pense aux coupures de journaux qui ont évoqué les orphelins de la ténor du barreau, et aux voyeurs qui n’ont pas manqué d’affluer. Elle pense à ces réunions parents-profs où on a scellé le sort de son frère par des orientations plus ubuesques les unes que les autres, ou par des sanctions dénuées de sens. Elle y pense, et renonce définitivement à la perspective de l’échec.
S'ouvrir, c'est prendre trop de risque.
Un souvenir, c'est tellement plus savoureux quand on le partage, chacun y allant de son détail amusant. Seul, ça manque de piment, et de fantaisie.
Ne souhaitez pas de simplement le croiser. Il faut qu'il le suive, votre chemin, qu'il saute les barrières et franchissent les clôtures. L'inconnu de votre vœu, il doit être capable d'attendre que vous franchissiez le gué ou de vous rejoindre à 130 sur l'autoroute.
C'est étrange une salle d'attente des urgences. C'est silencieux, mais ça grouille.
Il ne faut pas laisser son cœur aux tourments des angoisses. Le cœur est fait pour aimer, pour conduire votre flux vital dans tout votre corps. Votre cœur a besoin de vous presque autant que vous avez besoin de lui. Alors, ménagez ses sursauts, mais sachez lui rendre grâce. Donnez-lui l’énergie de l’impatience, insufflezlui la palpitation du premier rendez-vous, et surprenez-le, tous les jours.