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Citations sur A l'attaque (22)

Commerce

L'instinct de monnayer est si grand chez ces gens-là qu'ils vendraient, s'ils le pouvaient, jusqu'aux traces de baisers. (p. 42)
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Le groupe des écrivains prolétariens

(...) Mais la littérature prolétarienne, elle, survit, ce qui est l'essentiel. Malaquais, Meckert, Henri Calet, dans une certaine mesure, avec ses trois beaux livres : -La Belle Lurette, Le Mérinos, Fièvre des polders, ont renforcé la phalange.
Certes la fidélité que l'on soit en droit d'exiger d'un écrivain, c'est de rester attentif à son chant profond; pourtant il est probable que la plupart des auteurs prolétariens demeureront, sans effort, sans préoccupation utilitaire, fidèles au monde dont ils sont issus, et qui a marqué leur enfance, leur adolescence d'une empreinte ineffaçable. Pour les plus grands d'entre eux, l'essentiel du message sera sans doute ailleurs, au coeur de ce carrefour royal où, par delà le pittoresque social, les différences s'exténuent pour atteindre à l'humanisme. (p. 150)
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Le groupe des écrivains prolétariens [ 23 juin 1942 ]

Il est toujours vexant pour un écrivain de se voir loger dans les petits casiers des critiques. Puis on s'y fait. Et tant de gens en sont ravis. Se récuser ne servirait à rien : les petites boîtes sont prêtes, et si jolies avec leurs étiquettes qu'on aurait mauvaise grâce à refuser d'y entrer. Parfois même, avec la pure insouciance de la jeunesse, on fabrique sa petite boîte soi-même, mais cela s'appelle une école, et les critiques vous ont à l'oeil.
C'est ainsi que nous créâmes à Paris, vers 1930, le groupe des écrivains prolétariens, dont faisaient partie, entre autres : Dabit, Poulaille, Guilloux, Giono, Peisson, Tristan Rémy (...)
Somme toute, notre originalité n'était pas aveuglante. Les écrivains, en France comme ailleurs, viennent souvent du peuple. Rousseau, Diderot, Beaumarchais, pour nous en tenir au XVIIIe siècle, nous avaient précédés. Et sans doute les grands auteurs bourgeois contemporains ne devraient-ils pas grimper très haut dans leur ramure généalogique pour y rejoindre un paysan ou un artisan. (p. 144)
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

Le conformisme le plus complet règne dans ces tranchées de la première heure. Comme Jean Paulhan se garde d'interpréter ou de déformer les gens qui vivent à ses côtés, -Le Guerrier appliqué- pourra apparaître à certains comme une oeuvre conformiste; ils songeront à reprocher à l'auteur son indifférence apparente, sa sérénité même devant un aussi triste spectacle. En toute bonne foi, je pense pourtant qu'il n'en est rien et que seul le refus de l'auteur de s'abandonner à "composer" ces premières semaines de guerre, à les arranger suivant telles ou telles idées, à placer ce qu'il a vu dans des cadres préparés à l'avance l'a poussé à écrire ces pages. Il fallait pour cela du courage et une grande probité intellectuelle, soutenue par l'horreur d'être dupe de soi ou des autres. (p. 92)
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

Ce qui ressort de ce livre, c'est que la plupart de ces hommes s'appliquaient naïvement et gravement à bien faire leur nouveau métier de soldat. Pour comprendre cet état d'esprit, il faut ajouter que ces événement se passent au début de la guerre. La flambée de patriotisme d'août 1914 n'est pas encore entièrement éteinte. Bien que les hommes que Jean Paulhan nous montre ne tiennent jamais de longs discours, l'on sent nettement qu'ils ont la certitude de se battre pour quelque but qui les dépasse. Si l'un d'eux hasarde qu'ils se font tuer pour le capitalisme, sa voix ne trouve nul écho, elle s'enlise dans le scepticisme. (p. 92)
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Jean Paulhan : Le Guerrier appliqué [critique publiée dans le numéro de Monde du 17 mai 1930 ]

La guerre se réfléchit dans ce livre ainsi que dans un tranquille miroir. (...)
Même vis-à-vis de lui-même, il a renoncé à toute complaisance. Ce qui lui importait, avant toute chose, c'était surtout de voir les événements, et les hommes qui vivaient autour de lui, dans la plus grande clarté. ne pas les idéaliser, ne pas les diminuer, les placer sous nos yeux tels qu'il les a ressentis, tels qu'il les a vus a été certainement sa plus haute ambition. (p. 90)
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Portraits animés : Jean Paulhan [portrait publié le 4 décembre 1936 ]

C'est à lui que j'avais envoyé mon premier manuscrit. Huit jours plus tard, je recevais sa réponse : "Considérez-vous désormais à la NRF comme chez vous..." Ma confiance dans les hommes était une fois de plus récompensée. (...)
Jean Paulhan, lui, ne croit pas. Il est de la lignée des Montaigne. Toute affirmation le trouve sur la défensive. (...) il n'aime pas les à-peu-près, les généralités, les phrases et les pensées toutes faites. Il se méfie de tout cela. C'est peut-être la seule chose au monde qui l'impatiente, car pour tout le reste il a, comme on dit, une patience d'ange. (p. 88)
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Emmanuel Berl : Mort de la pensée bourgeoise [ critique publiée dans -Monde- du 25 mai 1929 ]

-Mort de la pensée bourgeoise-, même avec ses faiblesses et ses insuffisances, par l'importance des problèmes qu'il soulève, par la vigueur avec laquelle Emmanuel Berl les aborde, demeure pour nous un précieux témoignage et, pour notre époque, un document de premier ordre.
Nous conseillons à nos lecteurs de lire ce livre qui fait preuve d'un courage auquel les intellectuels ne nous ont guère habitués. (p. 71)
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Léon Daudet : Les Flambeaux

[critique de Flambeaux, publiée dans -Monde- le 15 juin 1929. Fils d'Alphonse Daudet, romancier et terrible polémiste, antifreyfusard et nationaliste, Léon Daudet (1867-1942) fut aussi le cinglant rédacteur en chef de l'Action Française de Charles Maurras ]

Ce n'est pas impunément que l'on coupe les ponts avec la vie, avec l'évolution humaine; ce n'est pas impunément que l'on flirte, à notre époque, avec le catholicisme, surtout lorsqu'on arrive à l'âge de Daudet, où une pente naturelle vous amène, par crainte de la vieillesse et de l'anéantissement, à une doucereuse confiture religieuse. (...)
Il ne restera pas grand-chose, dans vingt ans, de cet homme qui aura eu, de son vivant, une personnalité démesurément boursouflée. (p. 73)
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Centenaire de Mistral : une opinion méridionale [ Texte publié en octobre 1930]

Une langue est une oeuvre d'art, mais c'est aussi un outil et l'oeuvre d'art est d'une beauté incontestable quand l'outil n'est pas adapté à son usage normal. Il l'a été autrement, sans doute, dira-t-on. Mais c'est avouer par là que la langue que l'on veut ressusciter n'est plus qu'un bel objet de musée.
La civilisation n'est pas uniquement dans les laboratoires et dans les usines; elle n'est pas non plus dans les ruines. (p. 79)
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