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Citations sur Les forêts de Ravel (44)

Au volant d'Adélaïde, devenue aussi familière que sa chambre à coucher, le conducteur Ravel acheminait vers les collines fumantes des obus et des vivres, descendait vers les hôpitaux et les points de rassemblement des blessés légers et des rescapés complètement rincés. Il faisait zigzaguer sa Panhard entre les trous creusés dans la chaussée par les éclatements. Parfois un obus éclatait à proximité. Il en sentait à peine le souffle tant sa camionnette tremblait du moteur et cahotait sur le chemin, mais il voyait le bris des branches au passage du projectile et la gerbe de terre et de pierres soulevée par son impact.
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Lorsque leur compagnie fut entièrement réunie, les grues passèrent très bas au-dessus de lui, avant d'obliquer vers les côtes de Meuse. Elles ne criaient plus, mais il entendait, puissant, venu du plus loin du temps, le bruit de leurs ailes appuyant sur l'air. Il sentit l'onde d'un vaste éventail l'envelopper tout entier.
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Un an plus tard, pendant l'hiver 1916, chaque carrefour et la moindre intersection des rues de Bar-le-Duc étaient hérissés de panneaux indicateurs. En bois, peintes au pochoir, leurs fléches indiquaient la direction de la bataille d'une seule lettre suivie de trois points de suspension, un elliptique : V...Est-ce le souci d'économie, l'impératif du secret militaire ou le goût du mystère qui avait parsemé la ville de ce signal dont la répétition était aussi énigmatique que drôle? Même les enfants qui ne savaient pas lire y reconnaissaient le mot Verdun. On eût dit que l'état major avait enrôlé Fantomas. Qui d'autre aurait pu avoir l'idée de soustraire ainsi la ville aux coups de l'ennemi? Pour la masquer aux yeux des Allemands, il suffisait d'en dissoudre le nom. La science de la guerre touchait au merveilleux. En glissant à l'inexistence, les choses finiraient par atteindre le degré absolu du camouflage.
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Il se mit en quête d'une solitude dans le monde.
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Une soudaine crue d’hommes et de matériel avait noyé le pays barrois sous le flot énorme de la guerre mondiale.
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Une organisation au millimètre, à la discipline implacable, avait inventé l’embouteillage qui avance.
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Un an plus tard, pendant l'hiver 1916, chaque carrefour et la moindre intersection des rues de Bar-le-Duc étaient hérissés de panneaux indicateurs. En bois, peintes au pochoir, leurs flèches indiquaient la direction de la bataille d'une seule lettre suivie de trois points de suspension, un elliptique : V...
Est-ce le souci d'économie, l'impératif du secret militaire ou le goût du mystère qui avait parsemé la ville de ce signal dont la répétition était aussi énigmatique que drôle ? Même les enfants qui ne savaient pas lire y reconnaissaient le mot Verdun. On eût dit que l'état-major avait enrôlé Fantômas. Qui d'autre aurait pu avoir l'idée de soustraire ainsi la ville aux coups de l'ennemi ? Pour la masquer aux yeux des Allemands, il suffisait d'en dissoudre le nom. La science de la guerre touchait au merveilleux. En glissant à l'inexistence, les choses finiraient par atteindre le degré absolu du camouflage.
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C'était une musique délicieuse, apparemment très simple et incroyablement raffinée. Joyeuse et douloureuse à la fois, sans qu'il soit possible de dire laquelle dans ces harmonies était joyeuse, laquelle était douloureuse, elle ne ressemblait à rien de connu. La même note éveillait en même temps les deux sentiments dans la petite assemblée. Ils l'empoignaient doucement et lui faisaient boire l'émotion infinie. Ces hommes, réunis au coeur du château, sur le bord de la Meuse où, la bataille rejetait ses épaves, qui avaient vu d'autres hommes, jeunes et forts comme eux, mourir à leurs côtés, dans les draps et le silence de cet hôpital ou au milieu des vagues de terre ignobles et hurlantes dont ils étaient réchappés, qui avaient entendu leurs cris, leurs appels, leurs gémissements, leurs derniers mots, le souffle ultime de leurs agonies avant la paix et la mort, écoutaient le petit soldat pianiste de toute leur attention.
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Il réclamait des livres à ses amis qui lui en envoyaient par paquets. Il préférait leur lecture à celle des journaux. La presse qu'il achetait au café lui était devenue insupportable depuis son retour du front. Comme tous ceux qui en avaient connu ou approché le paysage misérable, il était dégoûté par les commentaires satisfaits des journalistes, leur héroïsme de papier, leur patriotisme de phrases et la bêtise de ce qu'ils racontaient de la guerre. Eux, soldats, avaient vu, entendu, touché et senti. Ils avaient vécu et beaucoup étaient morts. La réalité faisait honte à toute cette logorrhée. Tant de bavardages sur tant de souffrances, d'efforts horribles et de dévouements désespérés. La réalité s'était prodigieusement éloignée du langage des hommes depuis le début de la guerre. Il n'y avait pas de mots pour cette chose surgie comme une terre nouvelle, noire, brûlante et désolée, du côté de Verdun. Son hôtesse allumait le feu avec le journal de la veille.
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L a route de Verdun allait ainsi par la campagne meusienne, en prenant son temps, provinciale sous l'habit militaire.
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