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Citations sur Journal 1942-1944 - Suivi de Hélène Berr, une vie confi.. (96)

Cela m'est un bonheur de penser que si je suis prise, Andrée aura gardé ces pages, quelque chose de moi, ce qui m'est le plus précieux, car maintenant, je ne tiens plus à rien d'autre qui soit matériel; ce qu'il faut sauvegarder, c'est son âme et sa mémoire.
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Rien ne devient réel avant qu'on en ait eu l'expérience - même un proverbe n'est pas un proverbe avant que votre vie n'en ait donné un exemple. Keats

220 - [p. 212]
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21 juillet 1942
(...) quinze mille hommes, femmes et enfants au Vél d'Hiv, accroupis tellement ils sont serrés, on marche dessus. Pas une goutte d'eau, les Allemands[*] ont coupé l'eau et le gaz. On marche dans une mare visqueuse et gluante. Il y a là des malades arrachés à l'hôpital, des tuberculeux avec la pancarte "contagieux" autour du cou. Les femmes accouchent là. Aucun soin. Pas un médicament, pas un pansement. On n'y pénètre qu'au prix de mille démarches. D'ailleurs, les secours cessent demain. On va probablement tous les déporter. (p. 112)

[* il s'agissait plutôt des autorités françaises zélées, il me semble ?]
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Il faudrait donc que j'écrive pour pouvoir plus tard montrer aux hommes ce qu'a été cette époque. Je sais que beaucoup auront des leçons plus grandes à donner, et des faits plus terribles à dévoiler. Je pense à tous les déportés, à tous ceux qui gisent en prison, à tous ceux qui auront tenté la grande expérience du départ. Mais cela ne doit pas me faire commettre une lâcheté, chacun dans sa petite sphère peut faire quelque chose. Et s'il le peut, il le doit.
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Beaucoup de gens se rendront-ils compte de ce que cela aura été que d'avoir vingt ans dans cette effroyable tourmente, l'âge ou l'on est tout prêt à accueillir la beauté de la vie, ou l'on est tout prêt à donner sa confiance aux hommes ?
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- 10 septembre 1942 -
Maman a eu des détails sur l'exécution du jeune Pironneau [*] . C'était le jour de la grande parade, on l'a emmené à sept heures, avec un autre, dans la voiture cellulaire avec leurs cercueils. Il n'y avait personne pour les fusiller ; ils ont attendu jusqu'à trois heures de l'après-midi, qu'un "volontaire" vienne les fusiller, en obligeant l'un à assister à la mort de l'autre. (p. 137)
[ * Roger Pironneau, résistant de 19 ans, fusillé au mont Valérien le 29 juillet 1942. ]
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Cela m'est un bonheur de penser que si je suis prise, Andrée aura gardé ces pages, quelque chose de moi, ce qui m'est le plus précieux, car maintenant je ne tiens plus à rien d'autre qui soit matériel; ce qu'il faut sauvegarder, c'est son âme et sa mémoire.

Penser que Jean les lira peut-être. Je reviendrai, Jean, tu sais, je reviendrai.
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Et peut-être celui qui lira ces lignes aura-t-il un choc à ce moment, comme je l'ai toujours eu en lisant chez un auteur mort depluis longtemps une allusion à sa mort. Je me souvients toujours, après avoir lu les pages que Montaigne écrivait sur la mort, d'avoir pensé avec une étrange "actualité" : "Et il est mort aussi cela est arrivé, il a pensé à l'avance à ce que ce serait après", et j'ai eu l'impression qu'il avait joué un tour au Temps.
Comme das ces vers saisissants de Keats :
"Ma main que voici vivante, chaude, et capable
D'étreindre passionnément, viendrait, si elle était raidie
Et emprisonnée au silence glacial du tombeau,
A ce point hanter tes jours et transir les rêves de tes nuits,
Que tu voudrais pourvoir exprimer de ton propre coeur jusqu'à la dernière goutte de sans,
Pour que dans mes veines le flot rouge fasse de nouveau couler la vie
Et que ta conscience s'apaise. Regarde, la voici ;
Je la tends vers toi.
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Qui dira jamais ce qu'a été la souffrance de chacun? Le seul "reportage" véridique, et digne d'être écrit, serait celui qui réunirait les récits complets de chaque individu déporté. (...) nous sommes si isolés parmi les autres, notre souffrance particulière même crée entre les autres et nous une barrière, qui fait que notre expérience demeure incommunicable, sans précédent, et sans attaches dans le reste de l'expérience du monde.
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Ce soir, j'ai une envie folle de tout flanquer en l'air. J'en ai assez de ne pas être normale; j'en ai assez de ne plus me sentir libre comme l'air, comme l'année dernière; j'en ai assez de sentir que je n'ai pas le droit d'être comme avant. Il me semble que je suis attachée à quelque chose d'invisible et que je ne peux pas m'en écarter à ma guise, j'en viens à haïr cette chose, et à la déformer.
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