Une superbe illustration de ce magnifique récit.
Les dessins à l'aquarelle en nuances de gris sont parfaitement adaptés à cette histoire à la fois sombre et tendre, fascinante et bouleversante. L'ambiance est incroyable.
Je ne suis juste pas sûre qu'elle soit très adaptée à être lue sans avoir lu au préalable le roman. Les détails ne sont pas très nets, et on pourra notamment avoir du mal à identifier les différents personnages secondaires, et à ressentir leur force et leur personnalité telle qu'elle ressort du roman.
C'est donc pour moi à prendre pour ce que c'est, une adaptation graphique d'un grand classique, et peut-être pas une BD "à part entière".
Néanmoins, si l'on s'en tient à cette première intention, l'exercice de style est remarquablement exécuté, et apporte également beaucoup à ce récit. Extrêmement fidèle au texte original, on ne s'y ennuie pourtant pas du tout (même en ayant lu le livre 3 jours plus tôt seulement ;-) ). Les dialogues sont respectés au mot près, les quelques ellipses et simplifications forcément nécessaires sont judicieusement choisies. J'ai adoré le fait que l'auteur ait respecté la construction des chapitres jusqu'à les introduire par l'extrait du début de chacun de ces chapitres, dans une page vide accompagnée seulement d'une belle illustration, cela rythme parfaitement cette BD.
La principale liberté prise par rapport au texte original, c'est le changement dans le décor des différentes scènes : là où pratiquement tous les échanges entre les protagonistes ont lieu dans la chambre commune des gars du ranch dans le roman de Steinbeck, ici on voyage un peu plus, sur le porche, dans la cour, et ça semble effectivement beaucoup mieux convenir au style graphique qu'un huis clos qui aurait peut-être manqué de relief.
On manque peut-être de compréhension des personnages secondaires par rapport au roman, mais c'est compensé par le fait que le graphisme apporte autre chose, d'autres émotions, un autre vécu de cette histoire, joliment complémentaire à son modèle.
Le seul regret que j'ai peut-être, c'est le physique choisi pour Lennie et George. Je m'imaginais George plus petit et plus râblé, un peu moins "sympathique" au premier regard ; ici, il a un peu un physique à la
Clint Eastwood (jeune), son côté "bon" ressort de manière plus évidente, et je trouve que cela enlève peut-être un petit peu à la complexité du personnage. Pour Lennie, le dessinateur a choisi de le représenter physiquement à l'image de la personnalité qu'il dégage, à savoir celle d'un grand enfant. Son visage est étonnamment "poupin", et à nouveau cela amène peut-être un raccourci trop rapide à mon sens pour comprendre ce personnage si particulier. Je ne l'ai pas trouvé aussi attachant que dans le roman, et c'est dommage car c'était vraiment pour moi un des très gros points fort de ce roman...
Vous l'aurez compris, difficile de commenter cette BD sans la comparer sans cesse à l'oeuvre originale, de laquelle elle ne peut se dissocier selon moi. Mais à vous qui avez lu et aimé ce texte, si l'expérience graphique vous tente, je ne peux que vous la recommander chaudement.