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Critique de Siene


Siene
21 décembre 2020
Malédiction est une anthologie dirigée par Kevin Kiffer et auteur de la préface. Dans celle-ci, l'auteur nous apporte des précisions sur leurs naissances et leurs raisons d'être. Ces explications approfondies sont instructives et m'ont permis d'aborder certaines nouvelles sous un autre angle.

Avant même de me plonger dans le livre, je me questionnais si un ou une auteure allait détourner la malédiction et l'exploiter tel un véritable atout pour ses personnages et non un handicap. Parce qu'être maudit, c'est aussi avoir des capacités hors norme (bon qui pourrissent un peu la vie.. ou la mort) mais qu'ils peuvent exploiter de bien des façons et faire d'eux des super-héros (méchants ou pas).
Et oui, certains l'ont fait.

Si de prime abord, les premières nouvelles restent dans un registre classique, peu à peu celles-ci s'en émancipent et vont nous entraîner sur des chemins de plus en plus étranges et surprenants. Encore une fois, cette petite maison d'édition offre un recueil aux textes diversifiés et d'une grande qualité qui donne envie d'aller explorer quelques bibliographies.

J'ai tenté de faire un petit retour pour chaque nouvelle mais l'exercice s'avère difficile, j'ai l'impression de me répéter et je m'en excuse par avance.

Lorsque se consume la lune de l'ourse de Manon Bousquet : Un très beau texte empreint de violence, de tristesse et de cris déchirants qui prend aux tripes et ne peut laisser indifférent. Il y a des nouvelles dont on aurait aimé lire le roman et celle-ci en fait indéniablement partie tant je l'ai aimé, un gros coup de coeur.

L'appel du sang d'Akram : Là également, les événements ne peuvent laisser insensible, la cruauté et l'injustice font partie intégrante du récit. Ces dernières paroles glissées dans un dernier souffle ont titillé ma curiosité et m'ont accompagné tout au long de ma lecture. J'ai beaucoup aimé le contraste entre le texte narratif travaillé avec un soupçon de poésie pour refléter au mieux à l'époque moyenâgeuse à laquelle se déroule la nouvelle et le ton direct, au langage parlé des personnages. L'effet est réussi et apporte beaucoup de vie au texte.

La complainte d'Emerata de David Chauvin : L'auteur revisite, ici, le mythe de la sirène. Il nous en dresse son portrait élégant, plein de grâce et de féminité jusqu'au moment où tout bascule et où l'injustice devient synonyme de la bêtise des hommes. Une très belle rencontre.

Coa et Coacs de Philippe Goaz : Lecteurs et lectrices de fantasy humoristique, cet auteur est pour vous. Je suis fervente du genre et je peine à trouver de quoi me mettre sous les mirettes. Je suis, donc, heureuse et curieuse de découvrir ses romans, maintenant que j'ai gouté sa plume. Un texte drôle, truffé de jeux de mots qui font mouche à chaque fois et où s'opposent des personnages truculents.

Eilwen corbeau blanc de Macha Tanguy : Cette nouvelle est plus longue que les précédentes et pourtant, j'ai eu plus de mal à rentrer dedans, peut-être à cause de l'âge des protagonistes mais de très chouettes idées et un dénouement dont j'ai apprécié la mise en place de chaque pièce.

Les dangers de Samarilla de Guillaume Sibold : Après avoir eu un coup de coeur pour ses nouvelles Sale temps pour un mutant et L'amour au temps des radiations, mon niveau d'attente était un tantinet élevé (autant dire que je l'attendais au tournant avec ma rapière), L'auteur met en scène Conrad Stregoicavar, mélange de Conan et de The Witcher, lors de l'une de ses aventures dans un univers qui fleure bon avec les quêtes secondaires de Skyrim, Mordue, je suis, je vous dis et pas du tout objective.

Radi de Morgane Leproust : Ils s'appelaient Jos et Elmire et Radi était leur salut. Une histoire d'amitié que l'on voit évoluer au fil des pages. Des personnages attachants et une fin très émouvante, Un très beau texte.

Les vases de Soissons d'Olivier Boile : L'auteur mêle Histoire à son histoire en basant sa nouvelle sur Les vases de Soissons. Court récit mais efficace et parfois drôle. Une très bonne surprise.

Epithate de Jean- Pol Bertolo : Dans la courte présentation de l'auteur qui se trouve à la suite de chaque nouvelle, j'ai retenu une phrase de Mr Bertolo : « Il confie que son plaisir est de s'imaginer le lecteur s'approprier l'histoire et y trouver des pistes de réflexion. » Elle reflète, tant et si bien, le récit que je ne trouve pas l'utilité d'en dire plus. D'ailleurs, nombreuses nouvelles de ce recueil offrent de nouvelles perspectives sur le mot "malédiction" et pourraient être à l'origine de débats intéressants.

Le vrai visage de Céline Ceron Gomez : Tout allait pourtant si bien mais après une simple chute anodine, Didier voit sa vie chamboulée... pour le pire. de mon point de vue, il n'est pas question, ici, de malédiction, car le narrateur se voit octroyer un don. Là encore, un bon texte.

Les oniriphages de Siana : Rapidement, j'ai eu beaucoup d'empathie pour le narrateur qui élève sa petite fille, seul. Il a bien peu d'estime pour lui-même et semble au bout du rouleau. Puis j'ai grincé un peu les dents sur certains propos qu'il tient sur sa pitchoune mais il va se rattraper. Une marque, une seule, passée inaperçue et le cauchemar commence. Un texte original.

Les chasses mythes de Amria Jeanneret : Ambiance vénitienne dans laquelle l'autrice revisite le mythe de la dame blanche. de bonnes idées, mais je n'ai, malheureusement, pas accroché à la plume.

La montre de Nathael Hansen : L'auteur s'est inspiré de ses années étudiantes pour cette nouvelle. Un peu plus longue que les autres, plus descriptive, fourmillant de détails de la vie quotidienne. Thomas s'embourbe, perd la notion du temps, qui, lui ne s'arrête pas et ça se ressent bien dans le texte. Idée intéressante.

Mamui Ata de Gregory Covin : Un texte dont les événements se déroulent en mer et ça fait du bien, ce petit vent de noirceur où s'immisce la magie vaudoue. Une ambiance où suinte la peur et où son humidité colle à la peau. Chouette lecture.

L'horloge indique minuit de Florent Leinhart : S'il n'est pas, à proprement parlé, question de malédiction au sens classique, elle y est pourtant bien présente, L'homme n'est-il pas une malédiction pour lui-même, s'infligeant les pires horreurs où chacun de nos actes nous pousse vers un avenir de plus en plus sombre, Un gros coup de coeur.
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