Je sais pas quoi te dire. J’ai jamais pensé à ce que je dirai le jour de ton enterrement. C’est même pas un vrai enterrement, c’est juste moi qui cause à un tas de terre parce que j’étais pas foutu de creuser une vraie tombe. Je sais que je devrais te remercier mais je peux pas m’empêcher d’être en colère contre toi — alors que franchement, c’est pas ta faute si t’es mort. Mais merde, l’ancien, tu pouvais pas le garder, ton foutu fusil ? Pourquoi il a fallu que tu me le donnes ?
J’suis désolé… J’crois pas que je suis supposé t’engueuler à tes funérailles. Je sais même pas si c’est des funérailles.
« La rivière est froide, et humide. Elle ne tient pas. Elle glisse entre tes doigts.
Frère est chaud et fort. Frère est solide.
La rivière n’est pas frère.
Tu as faim. »
Extrait de: Chloé Bertrand. « Sous les cendres. » iBooks.
« Je m’étrangle. J’peux plus respirer, merde merde merde merde merde merde merde 635 746, 635 747, 635 748, 635 749, 635 750, 635 751, 635 752, 635 753. »
Extrait de: Chloé Bertrand. « Sous les cendres. » iBooks.
« Ils m’ont mis une étiquette autour du cou, dans le bus. Ça me gratte. Ils en ont donné à tous les mineurs qui n’étaient pas accompagnés d’un adulte, une fiche avec nos noms, nos âges et nos pays d’origine. J’ai l’impression d’être un bagage perdu dans une gare… »
Extrait de: Chloé Bertrand. « Sous les cendres. » iBooks.
« Je rêve de l’océan. Un océan calme, huileux, sans vagues. Ça lui arrive d’être comme ça, parfois. La nuit on pourrait croire qu’on flotte dans l’espace, des étoiles en haut, des étoiles en bas, et nous entre les deux. »
Extrait de: Chloé Bertrand. « Sous les cendres. » iBooks.