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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce passionnant ouvrage, fruit d'une importante compilation de travaux de recherches sociologiques, est une lecture idéale pour nourrir et approfondir sa réflexion sur les discriminations économiques basées sur le genre. Si vous avez déjà lu des livres généralistes comme celui de Titiou Lecoq par exemple, le couple et l'argent, vous retrouverez des sujets familiers, mais abordés avec plus d'ampleur et de profondeur.

Les autrices revendiquent une démarche militante, souhaitant intégrer les apports des théories du genre à une démarche sociologique issue de Bourdieu. La thèse défendue est la suivante : le capital économique, dans le monde contemporain, est principalement et de plus en plus issu de l'héritage, donc de la famille ; or, malgré une stricte égalité défendue par le droit, les femmes sont pénalisées dans leur accès à la richesse par de multiples mécanismes sociaux de reproduction, qui se manifestent particulièrement dans les situations où la famille explose : successions et séparations.

Pour scruter et comprendre ces mécanismes, les autrices présentent des analyses de données statistiques ou de dossiers, d'entretiens menés auprès de familles et de professionnels du droit de la famille, d'observation de rendez vous entre les professionnels et leurs clients de tous milieux sociaux. de nombreux récits de cas viennent illustrer le propos.
Étant déjà bien sensibilisée au sujet, j'ai appris beaucoup en lisant ce livre agréablement écrit, aux conclusions lucides mais cruelles, dont il me semble que la posture militante ne dessert pas le souci scientifique.

Un ouvrage de référence sur un sujet tabou mais central, dont on parle finalement trop peu dans les revendications féministes, alors qu'il est absolument central, et chaque femme peut en témoigner par sa situation personnelle ou celle de ses amies ou proches.
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Un titre inquiétant dîtes-vous?
Oh, je dirais qu'il est déictique. Comme le geste premier et ultime des enfants qui montrent les choses du doigt car ils ne savent pas encore les nommer ou parce qu'elles les émerveillent ou, au contraire, leur font peur. Un titre, c'est un peu ça : montrer les choses du doigt.
Ce livre, écrit par deux sociologues : une professeure de faculté et une chercheuse au CNRS après 20 années à suivre, pas à pas et, surtout, mot à mot, les notaires, les JAF, les avocats, les familles aussi pendant leur divorce ou leur héritage. En province (comme disent les Parisiens) ou à Paris. Un livre écrit alors que l'affaire autour de l'héritage de Johnny Hallyday éclate. Ça pose son livre cette anecdote, je sais....
Patiemment, ces deux femmes ont écouté, relevé les mots, beaucoup de mots latins : des mots d'un autre monde qui, pourtant, ont toujours cours.
C'est là qu'elles rappellent que patrimoine et patronyme ont la même origine : "pater"...
J'ajoute, humblement, que le mot famille vient du latin "familia" qui signifie : l'ensemble des esclaves.
Ce livre c'est l'acceptation des familles dans la peine, c'est ces femmes, toutes ces femmes qui disent et ne sont pas entendues, pas comprises, c'est les dérives de certains juges qui ont oublié le sens du mot "impartialité" , c'est l'univers des faux-monnayeurs, c'est un passé patriarcal qui se conjugue au présent.
Ce livre c'est donc un présent d'inertie.
Or le présent qui applique le passé n'est qu'un présent de répétition, un rejeton, c'est pire...
Ces deux sociologues, comme le demande leur métier qu'elles ont épousé, renvoient le miroir de ce présent pour qu'il change.
Avec une intelligence fine et nuancée, avec une grande honnêteté intellectuelle.
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formidable, et rageant... ou comment le patriacat influe sur le patrimoine de chacun des 2 sexes, en lésant, évidemment, toujours la même moitié de la population. malgré le sujet parfois ardu, la vulgarisation est suffisante pour que l'on comprenne les éléments apportés par les autrices. passionnant!
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Un essai passionnant, fruit de 15 années de recherche. Les deux sociologues ont pénétré les cabinets des notaires, avocat•es et magistrat•es, afin d'étudier les coulisses des héritages et des séparations. Que ce soit le divorce d'un PDG d'une entreprise de transport, celui de mères isolées, ou la mort très médiatisée de Johnny Hallyday, elles passent au crible le contrôle, la circulation et la répartition de l'argent entre les personnes.
Les mécanismes aboutissent majoritairement en défaveur des pauvres : ce sont des cas moins intéressants à défendre pour des avocat•es commis•es d'office qui n'ont que peu de temps à leur accorder, contrairement aux avocat•es et notaires aux tarifs élevés qui prennent le temps sur le dossier de leurs client•es riches, se familiarisent, et offrent diverses combines pour de l'optimisation fiscale éventuellement... Et en défaveur  des femmes : des pensions alimentaires faibles ou inexistantes, ne prenant pas en compte le travail domestique et le coût réel de l'éducation des enfants; et pour les héritages, des lignées masculines dans lesquelles on confie différemment l'argent à un homme, censé mieux savoir comment le faire fructifier.
Les a priori sexistes sont nombreux. Les femmes ne sauraient pas bien gérer l'argent. Dans les classes populaires ce sont souvent elles qui le gèrent ; mais dans les classes supérieures, quand il y a beaucoup d'argent, il est contrôlé par un homme, qui garde le contrôle et le pouvoir.
Les discriminations juridiques ont longtemps empêché les femmes d'accumuler de la richesse. Aujourd'hui les lois permettent une égalité théorique, qui n'est pas réalisée en pratique. L'inégalité est souvent due à des arrangements économiques familiaux. Or, avoir du patrimoine détermine l'accès à l'éducation, à l'emploi, au logement.
Il y a plein de cas décrits finement. Celui que je garde le + en tête est la succession de 2 soeurs et 1 frère, organisée avant décès des parents. le frère hérite de + de patrimoine (locaux) pour monter son propre commerce (une boulangerie) et l'accord trouvé est de payer des pains au chocolat à ses soeurs tous les matins pendant quelques années. Oui, ça sent l'arnaque, et les femmes se font souvent avoir dans ses transactions intimes qui mêlent les valeurs, les obligations morales et l'argent.
Les sociologues prouvent qu'après un XXè ayant réduit la part de l'héritage dans le capital des personnes (on pouvait aussi acquérir du capital avec son travail, par exemple), on constate un retour du nécessaire héritage, et un retour de l'institution familiale comme acteur clé de l'économie. Qui renforce par conséquent les frontières de race et de classe.
Rejoignant les thèses des féministes matérialistes et de l'économie Thomas Piketty, cet ouvrage fabuleux explorent les inégalités dans la France contemporaine, et m'a fait découvrir dans le détail les professions juridiques...qui jouent leur rôle aussi dans le creusement des inégalités économiques entre hommes et femmes, entre riches et pauvres.
En un mot, les classes sociales doivent être observées à partir des rapports familiaux et des inégalités de genre.
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