L'appareil de Contrôle - "l'État" - doit (ou c'est ce que nous devons croire) continuer à se déliter et à se pétrifier, il doit suivre son cours actuel où une rigidité hystérique vient de plus en plus masquer un vide, un abîme de pouvoir.
Au Moyen Age, près d’un tiers de l’année était férié, et il se pourrait que les luttes contre la réforme du calendrier aient moins tenu aux « onze jours perdus » qu’à l’idée que la science impériale conspirait à la disparition de ces espaces où la liberté du peuple avait trouvé refuge – un coup d’état, un formatage de l’année, une saisie du temps lui-même, transformant le cosmos organique en un univers réglé comme une montre.
Dès que la TAZ est nommée (représentée, médiatisée), elle doit disparaître, elle va disparaître, laissant derrière elle une coquille vide, pour ressurgir ailleurs, à nouveau invisible puisqu’indéfinissable dans les termes du Spectacle.
Un choc frontal avec l’État terminal, l’État de l’information méga-entrepreneurial, l’empire du Spectacle et de la Simulation, ne produira absolument rien, si ce n’est quelques martyres futiles.
Les médias nous invitent à "venir célébrer les moments de notre vie" avec la fallacieuse unification aux marchandises et au spectacle, le fameux non-évènement de la pure représentation.
Ces nomades adeptes de la razzia, sont des corsaires, des virus ; ils ont à la fois un besoin et un désir de TAZs, de campements de tentes noires sous les étoiles du désert, d’interzones, d’oasis fortifiées cachées le long des routes secrètes des caravanes, de pan de jungle libérée, de lieux où l’on ne va pas, de marchés noirs et de bazars underground.
La TAZ n’est pas le présage d’une quelconque Utopie Sociale toujours à venir, à laquelle nous devons sacrifier nos vies pour que les enfants de nos enfants puissent respirer un peu d’air libre. La TAZ doit être la scène de notre autonomie présente, mais elle ne peut exister qu’à la condition que nous nous reconnaissions déjà comme des êtres libres.
Les immensités cachés dans les replis échappent à l’arpenteur.
Le refus du Travail peut prendre la forme de l’absentéisme, de l’ivresse sur le lieu de travail, du sabotage, et de la pure inattention – mais il peut aussi faire naître de nouveaux modes de rébellion : davantage d’auto-emploi, la participation à l’économie « noire » et au lavoro nero, les magouilles des chômeurs et autre options illégales, culture d’herbe etc. – autant d’activités plus ou moins « invisibles » comparées aux tactiques traditionnelles d’affrontement de la gauche, comme la grève générale.
[…] la TAZ est dans un certain sens une tactique de la disparition.