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EAN : 9782360540488
88 pages
Attitudes (19/04/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
En 1996, quelques années après T.A.Z. et les Sermons radiophoniques, Hakim Bey rédige une série de textes dans lesquels il revient sur la fin du 20e siècle, qu'il situe entre 1989 et 1995, au moment de la chute du bloc communiste et de l'avénement d'un monde néo-libéral, globalisé et standardisé ou en passe de l'être, ainsi que sur le commencement de ce nouveau millénaire, marqué par le règne d'un argent porteur de chaos, qui partout ou presque s'est libéré des reli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Hakim Bey est un des très rares à avoir renversé assez d'idoles, y compris des idoles "révolutionnaires", pour jouir d'une vue quand même assez dégagée sur les possibles qui s'offrent dès maintenant à la subjectivité insurgée et s'offriront demain à l'humanité allant vraiment s'émancipant.
Maniant la dialectique tour à tour à coup de serpes et de flûtes, sa prose finit par dégager des pistes jusque-là impénétrables, et y laisse filtrer la petite musique des dépassements inédits.
La voie est libre, et personne ne peut y tracer pour d'autres leur chemin.
En lien le PDF de la version originale.

Lien : https://theanarchistlibrary...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il n'y a aucun doute que l'argent possède une profonde connotation religieuse car, depuis le tout début de son apparition, il tend à prétendre à la condition spirituelle -- se retirant lui-même du monde des formes matérielles --, à transcender la matérialité, à devenir le seul véritable symbole efficace. Avec l'invention de l'écriture aux environs de 3100 avant J.C., l'argent comme nous le connaissons émerge d'un système de jetons d'argile représentants des biens matériels et prend la forme de lettres de crédit inscrites sur des tablettes d'argile ; presque sans exception, ces "chèques" semblent être liés à des dettes détenues par le Temple d'Etat et en théorie pourraient avoir été utilisés dans un vaste système d'échange de notes de crédit "frappées" par la théocratie. Les pièces n'apparaissent pas avant environ 700 avant J.C. en Asie Mineure Hellénique ; elles étaient faites d'électrum (mélange d'or et d'argent) non du fait que ces métaux avaient une valeur marchande mais parce qu'ils étaient sacrés -- le Soleil et la Lune ; le ratio de valeur entre eux a toujours été de 14 :1 non parce que la terre contient 14 fois autant d'argent que d'or mais parce la Lune met 14 jours solaires pour passer de sa phase sombre à sa phase pleine. Les pièces peuvent avoir leur origine dans le fait que les jetons du temple symbolisant une part du sacrifice des fidèles -- souvenirs saints, pouvaient ensuite être monnayés pour obtenir des biens car ils avaient la "mana" et non une simple valeur utilitaire. (Cette fonction peut être à l'origine, à l'Age de la Pierre, du commerce de pierres "cérémonielles" utilisées dans des rites de distribution de type "potlach".) Au contraire des notes de crédit mésopotamiennes, les pièces furent gravées d'images sacrées et furent considérées comme des objets "liminaux", points nodaux entre la réalité quotidienne et le monde des esprits (ainsi, la coutume de plier les pièces afin de les "spiritualiser" et de les jeter dans des puits qui sont les "yeux" de l'Autre Monde.) La dette elle-même -- l'essence véritable de l'argent -- est un concept hautement "spirituel". Comme tribut (dette primitive) elle exemplifie la soumission face à un "pouvoir légitime" d'expropriation, masqué par une idéologie religieuse -- mais comme "dette réelle et véritable" elle atteint à l'unique capacité spirituelle de se reproduire elle-même comme un être organique. Encore aujourd'hui, elle reste la seule substance "morte" dans le monde entier à posséder ce pouvoir -- "l'argent attire l'argent". A ce stade, l'argent commence à prendre un aspect "parodique" vis-à-vis de la religion -- il semble que l'argent veuille rivaliser avec Dieu, devenir un esprit immanent en une forme purement métaphysique qui néanmoins "dirige" le monde. La Religion doit prendre conscience de la nature blasphématoire de l'argent et le condamner comme contra naturam. L'Argent et la Religion entrent en opposition -- on ne peut servir à la fois Dieu et Mammon. Mais aussi longtemps que la religion continuera à se comporter en tant qu'idéologie de la "séparation" (Etat hiérarchisé, expropriation, etc.) elle n'arrivera jamais à s'atteler au problème de l'argent. Encore et encore des réformateurs apparaissent au sein de la religion pour chasser les marchands du Temple, et toujours ceux-ci reviennent -- et, en fait, assez souvent les marchands deviennent le Temple lui-même. (Ce n'est certes pas un accident si les bâtiments bancaires furent copiés de l'architecture religieuse.) Selon Weber, c'est Calvin qui a finalement résolu le problème avec sa justification théologique de "l'usure" -- mais cela ne porte pas crédit aux vrais protestants, tels les Ranters et les Niveleurs qui proposèrent que la religion soit une fois pour toutes en opposition avec l'argent -- amenant ainsi l'avènement du Millenium. Il semble bien plutôt que l'on doit porter au crédit de l'Illuminisme la résolution du problème -- en se débarrassant de la religion comme idéologie des classes dominantes et en la remplaçant par le rationalisme (et l'"Economie Classique"). Cette formule cependant fait mauvaise justice aux véritables Illuminati qui proposèrent le démantèlement de toutes les idéologies du pouvoir et de l'autorité.
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Nous n'avons plus besoin des superstitions vulgaires de l'athéisme, du scientisme et du progressisme du 19e siècle. Tout ce poids mort ! Les tristes mallettes prolétariennes, les lourdes malles bourgeoises, les ennuyeux portes manteaux philosophiques - par-dessus bord !

De ces systèmes nous ne voulons que leur vitalité, leur force de vie, leur intransigeance, leur colère, leur puissance, leur shakti. Mais avant de jeter l'inutile par-dessus bord, nous pillerons les bagages de leurs revolvers, de leurs bijoux, de leur drogue et des autres objets utiles, en ne gardant que ce que nous aimons et en jetant le reste.
Le monarchisme aussi a quelque chose que nous voulons - une grâce, une facilité, une fierté, une super abondance. Nous prendrons cela, et jetterons les liens d'autorité dans les poubelles de l'histoire.
Le mysticisme a quelque chose dont nous avons besoin - la maîtrise de soi, la conscience exaltée, des réserves psychiques, la puissance. Cela nous l'exproprierons au nom de notre insurrection - et nous laisserons les liens de la morale et de la religion se décomposer.
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L'acquisition du langage tombe sous le signe de l'Eros - toute communication est essentiellement érotique, toutes les relations sont érotiques. Avicenne et Dante proclamèrent que l'amour fait se mouvoir les étoiles et les planètes - le Rig Veda et la Théogonie d'Hésiode proclament tout deux l'Amour comme étant le premier Dieu né à la suite du Chaos. Les affections, les affinités, les perceptions esthétiques, les belles créations, la convivialité - toutes ces précieuses possessions de l'Unique proviennent de la conjonction du Moi et de l'Autre dans la Constellation du Désir.
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Nous avons quelques écrivains célèbres, qui sont publiés dans toutes les revues, et nous avons une masse de gens qui sont probablement beaucoup plus intelligents, beaucoup plus créatifs, mais qui ne sont pas vus dans les médias, et qui, par conséquent, ne sont pas vus comme existants – quelques fois même à leurs propres yeux.
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Vidéo de Hakim Bey
Hakim Bey -Peter Lamborn Wilson interview (en anglais)
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