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Critique de Mariecognat


Joseph Bialot a été prisonnier à Auschwitz d'août 1944 à janvier 1945 et nous livre ici un sobre récit de cette expérience extrême dont il n'est pas ressorti indemne.
Arrêté et torturé par la Gestapo, il est déporté car résistant et juif. A son arrivée, il échappe à la chambre à gaz et est confronté à une nouvelle réalité qui veut que rien de ce qui régissait sa vie d'avant n'existe plus, que l'homme qu'il était n'existe plus. Les quelques mois qu'il va passer à Auschwitz seront un long combat pour garder une part de son identité dans un univers totalitaire qui a pour objet de lui dénier toute humanité. Sans aucun pathos, il restitue avec précision le cheminement psychologique qu'il a enduré pour survivre et mettre entre parenthèses l'essence même de son être. Il raconte le quotidien impensable du camp, les brimades, la violence arbitraire des kapos et des gardes, le travail harassant, les trafics de toutes sortes, le désespoir mais aussi la solidarité, les éclairs de lumière quand un geste, un mot apporte un peu de réconfort, les scènes cocasses, les moments d'espoir.
Il explique devoir sa survie au fait qu'il parlait polonais (il était né en Pologne avant que ses parents n'émigrent vers la France), qu'il a fait alliance avec d'autres déportés dont il dit les forces, les flamboyances, le courage mais aussi les faiblesses, et que la chance a été au rendez-vous à des moments clés. La plupart de ses codétenus finirent tôt ou tard, par ne plus pouvoir subir et se laissèrent glisser vers la mort.
Rentré en France, il retrouve ses parents et sa soeur et devra apprendre à revivre avec le fardeau des souvenirs qui ne lui laisseront pas de répit. En fait, on ne revenait jamais vraiment des camps tant il était impossible de les laisser totalement derrière soi. Ainsi le livre est conçu comme une suite de retours en arrière pendant la traversée du voyage que Joseph Bialot fit d'Odessa à Marseille après sa libération et durant laquelle sa pensée était ramenée vers le camp par de petits gestes du quotidien qui semblent anodins mais qui avaient une toute autre dimension dans l'univers concentrationnaire : un repas, le soleil sur le pont, une douche...
S'il n'a pas la puissance du livre-culte de Primo Levi « Si, c'est un homme », ce livre n'est pas un récit de plus sur ce que fut l'expérience des camps de concentration. Car au delà d'être un témoignage très impressionnant et particulièrement bien écrit, Joseph Bialot est un écrivain talentueux qui fait ici oeuvre de littérature.
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