Bleu des premières secondes de l'univers
Bleu pour rêver plus juste.
Bleu pour enlacer la vie.
Bleu pour ne jamais en revenir.
« Le bleu. Rien que le bleu. Tout le bleu ; un emportement céleste. Une saturation de lumière. » (p11)
Bleu Haïku
Profond
plus profond encore
dans les montagnes bleues
Taneda Santôka
Ce haïku, que je lis et relis lentement, au plus intense, m'offre toujours un surcroît de présence, une écoute de toutes les coïncidences. Il met en scène un je-univers, un esprit capable de se laisser habiter, visiter, un corps devenu antenne au diapason de l'espace. Dans une exaltation toujours neuve. Dieu ? Une onde, un flux, un abandon bleuté.
Penser, voir, respirer avec le coeur, me souffle le bleu. Il se déploie en continu tel un kaléidoscope d'états émotionnels. On dirait qu'il n'en finit jamais d'émettre son magnétisme. Pour qui l'écoute au plus vif, il permet de rayonner et de rêver juste.
« Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme. »
Arthur Rimbaud
…
Un poème, un seul, et le monde change d'horizon. Nous pénétrons, ne l’oublions pas, dans le monde des « vins bleus », là « où la lumière pleut » et où souffle un « vent de diamants ». On se découvre tout à coup autre, au cœur du vent ou dans le feu du bleu.
Le bleu d’été surgit soudain comme une couleur à part entière. Comme la vibration majuscule de la lumière. Une couleur fabriquée avec les pigments mêmes de l’été.
« Comme le dit splendidement Bachelard : D’abord il n’y a rien, puis il y a un rien profond, ensuite il y a une profondeur bleue. ».
Pourquoi le bleu, rétorquera-t-on, et pas le vert, le rouge, le jaune ?
Parce que le bleu ouvre un espace inimitable, où la puissance le dispute à la transparence.
Le bleu ? Il réenchante en continu. C’est le maître de l’éblouissement. Il suffit de le nommer pour que les sensations et images se télescopent - Belmondo au visage peinturluré de bleu dans Pierrot le fou (1965), les pinceaux vivants d’Yves Klein, Mallarmé glissant éperdu dans l’azur, la « blue note » souveraine de Chet Baker, etc.
Nous vivons dans une planète bleutée dont les habitants portent majoritairement des blues jeans.
Avec le bleu, nous sommes tous des chasseurs d’infini. »
Le bleu ? Il suffit de le nommer pour que sensations et images se télescopent -Belmondo au visage peinturluré de bleu dans "Pierrot le fou" (1965), les pinceaux vivants d'Yves Klein, la "blue" note souveraine de Chet Baker,etc