Editorial
« Et puis, vous savez, j'espère que vous allez bien vous amuser avec ce bouquin.
Lisez-le par bribes ou dévorez-le de la première à la dernière page, mais amusez-vous bien. C'est pour ça que je l'ai écrit. Comme j'ai écrit mes romans. » (Stephen King, dans son introduction à Anatomie de l'horreur, traduit par Jean-Daniel Breque.)
Il sera plusieurs fois question, au sein du dossier développé dans le présent Bifrost, de la « magie » de Stephen King. Ce truc impalpable qui fait qu'on éprouve un étrange sentiment d'exaltation, un douillet bien-être quelques secondes avant d'ouvrir l'un de ses bouquins. […]
C'est là l'essence de la magie qui nous occupe, ce frisson anticipatoire qui nous gagne au moment où, calé sous notre couette, assis dans notre fauteuil préféré ou bousculé dans la rame d'un métro bondé, on s'apprête à plonger dans un nouveau pavé signé King... Une excitation toute simple, en définitive, impatience mâtinée d'un soupçon d'inquiétude - et néanmoins peu commune. Car après tout, rares sont les auteurs à pouvoir se targuer de procurer à coup sûr pareil sentiment chez leurs lecteurs, l'assurance d'être happé dans l'instant pour n'émerger que cent ou deux cents pages plus loin... S'attacher à décrypter semblable magie a quelque chose d'illusoire — si les arcanes mécaniques de l'écriture peuvent s'apprendre, le talent échappe à toute rationalisation. Mais on peut néanmoins s'essayer à pointer quelques composants essentiels en guise de préambule. Plus qu'à un genre — le fantastique —. l'œuvre de King s'intéresse à un état d'esprit — l'horreur.
En cela, il s'inscrit dans la continuité directe d'un Lovecraft qui, déjà, transcendait les frontières des champs littéraires au profit du sentiment de terreur. Premier point. Autre trait saillant : la place de l'enfant. Pas l'adolescent, non - l'enfant. Et la capacité hors normes de King à écrire « à hauteur d'homme », de gamin surtout, donc, un talent prodigieux qui atteint son climax dans les quelque 1300 pages de Ça.
- "Quand l'homme et la bête occupent la même carapace, c'est l'instinct qui décide du moule."
~ La nuit du tigre ~
On peut toujours expliquer les actes d'un type intelligent, parce qu'il s'appuie sur le faits.
Homme mince, sombre, taiseux, les yeux caves pailletés de vert recelant une expression de souffrance et de violence contenue, il contemplait l'animal avec morosité, les mains croisés dans le dos.
Terreur Verte valait le détour. Massif, superbe, les yeux émeraude, le pelage sans défaut, les crocs tels des pieux en ivoire, il remplissait le champ de cirque de ses rugissements - des cris brutaux, rageurs, féroces. Il paraissait hurler son défi et sa frustration à la face du monde.
[Stephen King - La nuit du tigre]
3.5/5
Homme mince, sombre, taiseux, les yeux caves pailletés de vert recelant une expression de souffrance et de violence contenue, il contemplait l'animal avec morosité, les mains croisés dans le dos.
Terreur Verte valait le détour. Massif, superbe, les yeux émeraude, le pelage sans défaut, les crocs tels des pieux en ivoire, il remplissait le champ de cirque de ses rugissements - des cris brutaux, rageurs, féroces. Il paraissait hurler son défi et sa frustration à la face du monde.
[Stephen King - La nuit du tigre]
3.5/5
Chie dans une main, rêve dans l'autre, tu verras ce qui se remplit en premier
si les arcanes mécaniques de l'écriture peuvent s'apprendre, le talent échappe à toute rationalisation.