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Citations sur Le secret du Bayou (15)

Et la seule chose que cette longue vie lui ait apprise concernait la mort , se disait-il souvent , non sans amertume . Félix savait que le chagrin ressemblait à un courant contre lequel un nageur s'épuise , finissant par être entrainé vers des eaux dangereuses .
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Même si les hors-bord se croyaient en haute mer lorsqu'ils zigzaguaient chaque week-end dans la baie de Barataria, les pêcheurs n'avaient pas besoin de carte marine pour y localiser leurs parcs à huîtres. La tempête pouvait bien déplacer les bancs de sables, ne laissant à perte de vue que des flots boueux sous un ciel bleu délavé, ils retrouvaient le chemin des parcs familiaux comme n'importe quel fermier celui de ses prés, grâce à des points de repère aussi discrets qu'un arbre mort sur un rivage presque invisible.
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Il n'avait pas longtemps résisté aux attentions maternelles de Mathilde. Ayant perdu l'habitude qu'une femme s'inquiète avec tendresse de son alimentation, de ses habits et de sa santé, il savourait les sourires timides qu'elle lui adressait comme autant de bonbons distribués à un enfant.
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Les essuie-glaces cliquetaient comme des criquets enfermés dans un bocal, balayant sans relâche le film d'eau à la surface du pare-brise. Mais la tempête, qui charriait depuis les marécages des bourrasques de pluie aveuglantes, se déchaînait contre le pick-up. Dans les virages, on sentait les pneus déraper sur l'asphalte noire.
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Une lueur vacilla dans la nuit encombrée de formes enchevêtrées. Elle clignota plusieurs fois tandis que la pirogue glissait au ras des troncs noirâtres bordant la rive, jaillissant parfois même des eaux du bayou. Horse savait que ce fanal était l’éclairage extérieur de Felix Petitjean. Il se rappela que pour atteindre le mouillage à l’autre bout de la clairière, il lui faudrait franchir à découvert l’appontement de son vieux rival. La pleine lune, même à peine levée, l’inquiétait.
Alors qu’il cherchait un moyen de passer inaperçu, les arbres s’espacèrent. Il distinguait la maison, en retrait à une vingtaine de mètres du bayou. Aucune lumière à l’intérieur : toute la famille devait dormir.
Horse se pencha par-dessus bord, se propulsant le long de la berge à la force du poignet là où il le pouvait, pagayant de son mieux le reste du temps. Même s’il se vantait souvent, après une ou deux bières au R&J’s, d’être à cinquante-deux ans le pêcheur d’huîtres le mieux bâti de la paroisse de Plaquemines, il regrettait d’avoir fait à la rame le trajet depuis son repaire de Bayou Dulac. Ses épaules l’élançaient, son dos commençait à lui faire mal. «Mais qu’est-ce qui m’a pris de sortir cette pirogue ?» se répétait-il.
À l’approche du ponton mal équarri, il s’agrippa à un pilotis, laissant le courant paresseux amener l’embarcation contre les pneus fixés aux traverses. Au mouillage de l’autre côté, la Mathilde semblait somnoler.
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- (...) C'était le vieux monseigneur Aubert. Il nous connaissait tous depuis notre naissance. Et comme par-dessus le marché, il était déjà à moitié sourd, il avait fait enlever la séparation grillagée du confessionnal. Pour pouvoir lire sur nos lèvres, il nous regardait droit dans les yeux. Il savait parfaitement qui lui confiait tous ces horribles péchés. Le pire, c'est qu'à cause de sa surdité, il parlait très fort et t'appelait par ton prénom tout le temps que durait la confession. Tous ceux qui attendaient leur tour, ou qui faisaient pénitence sur les prie-Dieu devant le confessionnal n'en perdaient pas une miette. (...)
- Les gens gardaient vraiment le secret ?
- A ton avis ?
Se confesser auprès de monseigneur Aubert le samedi, c'était comme monter en chaire à la messe du dimanche matin pour énumérer ses péchés devant tous les habitants de la commune.
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Le claquement sourd de la pagaie contre l’eau noire trahissait l’impatience de Horse alors que sa pirogue, invisible sous la voûte sombre des arbres de la rive, s’engageait sur le bayou des Petitjean. Mais la progression du bateau était ralentie par des racines de cyprès inondés qui raclaient sa coque étroite, et par des branches basses ployant peut-être sous le poids de gros mocassins d’eau. À cette pensée, Horse tira son couteau de l’étui et le planta dans le bois du siège près de lui.
Bien qu’il fût près de minuit, la chaleur alourdissait toujours l’air. Plus tard, juste avant l’aube, la fraîcheur s’installerait. Les dormeurs, s’éveillant sous le lent tournoiement des pales d’un ventilateur, remonteraient sur leur corps frissonnant le drap chiffonné entre leurs pieds. Les épouses s’assiéraient dans leur lit pour remettre la chemise de nuit arrachée un peu plus tôt par leur mari. Les enfants iraient se blottir dans le lit d’un frère ou d’une sœur. D’ici là, quelques heures durant, la chaleur continuerait à suinter entre les lattes du parquet des maisons, à dégouliner des aiguilles de pin. Et la main d’un homme à fendre l’air humide comme l’aileron d’un requin l’océan.
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Horse se redressa un peu et chuchota dans l’obscurité.
– Therese ?
Entre les pins à l’arrière du ponton, une silhouette surgit lentement de l’ombre. Une jeune fille pieds nus et en robe légère s’avança. Horse amarra sa pirogue.
– Non, protesta Therese, dénouant l’amarre. Allons faire un tour sur le bayou.
– Mais certainement, ma chère, tes désirs sont des ordres…
Il aida Therese à descendre dans la pirogue qui tanguait dangereusement.
– … C’est pour cette raison que tu m’as fait venir en bateau ?
– Contentez-vous de nous éloigner de la maison de mon père, répliqua-t-elle depuis l’avant, sans se retourner.
D’une poussée, Horse s’orienta vers les profondeurs du bayou. La présence de Therese à bord l’enhardissait, même si la lune montait peu à peu dans le ciel. Malgré ses épaules douloureuses, il ramait énergiquement.
La puissance de ses coups de pagaie soulevait presque l’embarcation hors de l’eau.
À l’entrée du chenal, quelque cinq cents mètres plus loin, la jeune fille demanda à Horse d’amarrer le bateau. Il le fit glisser entre les roseaux, l’immobilisant dans la vase de la rive marécageuse. La poupe était entraînée par les remous, alors il jeta par-dessus bord un seau rempli de béton en guise d’ancre et noua la corde au manche robuste du couteau qu’il avait planté dans le siège.
Therese pivota sur elle-même.
– Vous croyez que ça va tenir ?
– De toute façon, on ne s’en va pas, la rassura
Horse, faisant un dernier nœud autour du manche.
Il écrasa un moustique sur son cou.
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- Un jour, Darryl m'a expliqué comment on chasse l'alligator dans les marécages. On part en barque au milieu de la nuit, on appâte un hameçon géant avec un poulet mort, ou, à défaut, avec un chiffon imprégné de graisse. Puis on suspend l'appât au bout d'un pieu à une trentaine de centimètres au-dessus de l'eau, et on attend qu'un gros alligator jaillisse du bayou et avale le tout. On se retrouve alors avec un monstre long de trois mètres ferré par un crochet d'une livre, et on tente de le ramener près de la barque - pendant que de son côté, il essaie de refermer les mâchoires sur le bras de quelqu'un et donne de grands coups de queue sur tout ce qui bouge. On lui braque le canon d'une 22 long rifle entre les deux yeux, on appuie sur la gâchette. Voilà comment on chasse l'alligator, a conclu Darryl. Et en amour, c'est pareil, a-t-il ajouté.
- Ah bon ? C'était la vision que Horse avait de l'amour ? s'esclaffa Thérèse.
Sa mère opina du chef.
- Seulement, d'après Darryl, impossible de savoir si l'amour est l'appât suspendu au-dessus de ta tête, l'hameçon fiché dans tes entrailles, ou la balle logée entre tes deux yeux.
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Tu veux vraiment que je te dise la vérité ? Et bien oui c'est moi qui ait fait une entaille dans ce tuyau d'arrosage et qui ai envoyé tes deux frères en enfer. Mais tu te souviens de mes efforts ce matin pour t'empêcher d'y passer avec eux.
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