Citations sur La suite ne sera que silence (30)
La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle leur prescrit seulement de s’interroger dans le silence et le recueillement de leur conscience…
Ceux qui veulent une justice qui tue inventent que la peur de la mort retient l’homme dans ses passions extrêmes. Les crimes les plus terribles sont commis le plus souvent par des hommes emportés par une pulsion de violence et de mort qui abolit jusqu’aux défenses de la raison.
Les gardiens font ce qu’ils peuvent mais souvent ferment les yeux, alors les caïds jouent sur la peur, leurs hommes vous rackettent, vous agressent.
La prison, la vraie cette fois. Je connais. J’ai déjà donné. Tous ces jours d’attente en détention provisoire après mon arrestation, les gardiens, les « matons » qui règnent en maîtres, l’autoritarisme imbécile, l’infantilisation de tous les instants. Les heures à tourner en rond.En prison, on meurt du temps qui passe.
Surtout ne pas laisser échapper une larme. On leur fait la leçon aux jurés, avant les procès, ils ne doivent en aucune façon laisser deviner leur opinion, ou manifester leur émotion. Toujours rester neutres. Un juré qui se mettrait à pleurer pourrait être révoqué.
Une vie de procès… La vie des gens côté drame, côté noir. Côté douleur. Et j’en ai vu de ces destins qui un jour ont basculé, j’en ai entendu des atrocités. Ça n’arrive pas qu’aux autres.
Même si on le voulait, on ne pourrait pas passer l’éponge, on créerait un précédent et alors chacun se mettrait à jouer du pistolet, à faire sa propre justice, et ce serait Chicago et Al Capone.
Pas de sentiment, pas d’attendrissement, la loi c’est la loi, un crime ne peut rester impuni sinon c’est l’anarchie, ici on est en France et la France est un état de droit » et tout et tout !
Un autre des accusés, un (pédophile) socratique sans doute, avait énoncé face au garçon qui l'accusait l'une de ces énormités [...] : "Je ne suis pas violent, je les aime, ces jeunes, j'ai avec eux une relation pédagogique et sentimentale".
Est-ce qu'une masse de détails, un faisceau d'impressions, une muraille de présomptions montée pierre après pierre et qui cerne un accusé aussi sûrement que les murs d'une prison, peuvent tenir lieu de certitude ?
C'est tout le problème de "l'intime conviction" puisque la loi n'exige pas de preuve formelle pour déclarer un accusé coupable.