Toutes les synagogues brûlent, mais Heydrich, qui connaît son métier, a ordonné qu'on transfère toutes les archives qu'on pourrait y trouver au QG du SD. Des caisses de documents parviennent à la Wilhelmstrasse. Les nazis aiment brûler les livres, mais les registres.
Je me souviens d'une interminable digression d'au moins quatre-vingts pages, dans Notre-Dame-de-Paris, sur le fonctionnement des institutions judiciaires au Moyen Âge. J'avais trouvé ça très fort. Mais j'avais sauté le passage.
Je prends donc le parti de styliser quelque peu mon histoire. Ça tombe plutôt bien parce que, même si pour certains épisodes ultérieurs il me faudra résister à la tentation d'étaler mon savoir en détaillant trop telle ou telle scène sur laquelle je suis surdocumenté, je dois avouer qu'en l'occurrence, sur la ville natale d'Heydrich, mes connaissances flottent un peu. Il y a deux villes qui portent le nom de Halle en Allemagne, et je ne sais même pas de laquelle je parle en ce moment.
Demain à 6 heures, l'armée allemande pénétrera en Tchécoslovaquie de tous les cotés à la fois et l'aviation allemande occupera les aérodromes.
Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert celui qui s’en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console.
"Vous croyez en la justice, et vous croyez en la vengeance. Vous êtes valeureux, volontaire et doué. Vous êtes prêt à mourir pour votre pays. Vous devenez quelque chose qui grandit en vous et progressivement commence déjà à vous dépasser, mais vous restez aussi tellement vous-même. Vous êtes un homme simple. Vous êtes un homme. Vous êtes Jozef Gabčík ou Jan Kubiš, et vous allez entrer dans l’Histoire."
A Washington, le secrétaire de la Navy déclare : « Si les générations futures nous demandent pourquoi nous nous sommes battus dans cette guerre, nous leur raconterons l'histoire de Lidice. »
p.82
Heydrich, comme Sherlock Holmes, joue du violon (mais mieux que lui). Et, comme Sherlock Hlomes, il s'occupe d'enquêtes criminelles. Sauf que, à la différence du détective, lui ne cherche pas la vérité ; il la fabrique, c'est autre chose.
Il a fallu tricher, parfois, et renier ce en quoi je crois parce que mes croyances littéraires n'ont aucune importance au regard de ce qui se joue maintenant.
Il a fallu, au mépris de toute pudeur, m'associer à des hommes si grands qu'en regardant vers le sol ils n'auraient même pas pu soupçonner mon existence d'insecte.