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sur 2216 notes
Rien compris au dernier Binet moi 
Aucune image , aucun running gag ! Quid de ces héros des temps modernes que furent Robert et Raymonde , cédant désormais la place à cet obscur Heydrich qui , lui , ne me titilla jamais l'ombre d'un zygomatique ! C'est fort de ce constat amer - Michel - que je refermais ce bouquin , frustré et désappointé , quand la vérité dans toute sa simplicité m'apparut enfin ! Allez mettre ça sur le compte du gars enfin touché par la grâce - nan , pas dit la graisse – voire sur celui de mon exceptionnelle perspicacité toute Holmésienne ! Quoi qu'il en soit , et si tout bonnement je ne faillis pas en faisant bêtement preuve d'homonymite aigüe ? Là , ça changeait forcément la donne !

Pas fou-fou des bouquins historiques à la base , j'y ai ici trouvé largement mon comptant ! Un complot visant à supprimer l'éminence grise d'Hitler , une écriture originale ou l'auteur nous fait régulièrement part de ses doutes quand à la véracité des faits énoncés , de ses angoisses de la page blanche et c'est un lecteur heureux d'avoir découvert le premier écrit de ce tout jeune prof de français auréolé fort justement du Prix Goncourt du premier roman . Même si les prix , hein , bon...
" le bourreau de Prague " , "la bête blonde " , " l'homme le plus dangereux du IIIe Reich " , voici quelques uns des plus doux sobriquets accolés à ce joyeux drille , planificateur de la solution finale , qu'était Heydrich ! Juste retour des choses que l'opération «  Anthropoïde «  visant à éradiquer cette bête sans nom , alors 3e dans le monstrueux organigramme du Reich et possiblement appelée à devenir calife à la place du calife !

Historiquement passionnant , humainement terrifiant . Binet , tout en s'interrogeant continuellement et en invitant implicitement le lecteur à en faire de même , parvient à trouver le juste équilibre entre histoire avec un grand H et l'interaction que cette dernière provoque avec son quotidien . Au-delà de ça , l'écriture interactive ne fait pas dans le cours magistral , dans le rébarbatif factuel mais vous entraine dans les nauséabonds méandres de l'Histoire tout en tentant , en plus de vous instruire  , de vous faire réfléchir ! Objectif osé s'il en est mais pleinement atteint ! Avant d'en arriver au dernier tiers addictif du bouquin majoritairement consacré à la tentative d'assassinat proprement dite , Binet pose les jalons de l'histoire dans L Histoire , en en présentant les tenants et les aboutissants , des prémices d'un Nazisme encore balbutiant jusqu'à son funeste destin apocalyptique !

HHhH ,Hemballant Hexaltant hinstructif Hentousiasmant !
Un grand merci à Robert B. pour les quatre derniers adjectifs qui ne me seraient pas venus à l'esprit , là , tout de suite , dans l'immédiat instantané et imminent...
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L’église orthodoxe Saints-Cyril-et-Méthode à Prague est devenue un lieu de recueillement un peu particulier. C’est dans sa crypte, aujourd’hui transformée en musée, que s’acheva, le 18 juin 1942 à midi, un acte de résistance parmi les plus audacieux de la seconde guerre mondiale.

Trois semaines auparavant, à cinq kilomètres de là, trois parachutistes de l’armée tchécoslovaque en exil à Londres attentèrent à la vie d’un des dignitaires les plus haut placés du Troisième Reich : Reinhard Heydrich. Mais le grain de sable du destin vint, au moment le plus critique, contrecarrer la bonne marche de “l’opération Anthropoïde” si bien qu’il s’en suivi un certain nombre de revirements de situations dignes d’un scénario hollywoodien...

De nombreux écrits relatent ce haut fait d’armes et mettent en avant l'esprit sacrificiel de Gabčík, Kubiš et Valčík, ces trois soldats dont l’héroïsme bouleversa et ragaillardi tout un peuple.

Un jeune auteur français passionné d’Histoire, Laurent Binet, en a tiré en 2009 un livre au titre bien singulier : ''HHhH''.
Un long travail de repérages dans la capitale tchèque, la consultation d’une énorme quantité de documents d’archives et une rigueur d’écriture presque maladive accouchent au final d’un roman composé de 257 chapitres dont la brièveté favorise une fluidité de lecture du plus bel effet.
Outre l’attentat de Prague et les représailles SS, “HHhH” retrace la montée du nazisme depuis les années 20 jusqu’au printemps 1942 où l’hitlérisme était au faîte de sa puissance. Les accords de Munich et la crise des Sudètes, évoqués longuement, permettent au lecteur d’appréhender graduellement l’escalade mortifère au cœur de l’Europe.
Laurent Binet voulait un roman le plus factuel possible. Force est de constater l’authenticité qui s’en dégage !
La participation de l’auteur en tant que personnage à part entière est une belle trouvaille surtout dans un contexte aussi peu évident. Ses attaques à l’encontre de protagonistes ayant un rôle marginal dans cette époque troublée, le diplomate et poète Saint-John Perse notamment, sont par contre étonnamment virulentes pour ne pas dire excessives.

Concernant le personnage central Reinhard Heydrich, il vaut mieux faire court ; rien que d’écrire son nom une seconde fois me hérisse le poil. C’était un criminel de guerre de la pire espèce. Hitler l’appréciait beaucoup car il trouvait que sa férocité n’avait d’égal que son efficacité : c’est tout dire !
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Comment cet ouvrage a-t-il pu obtenir le Prix Goncourt du premier roman en 2010 ?

Certes, c'est une étude sur Heydrich et la solution finale, la résistance tchécoslovaque et le rôle des services britanniques durant la seconde guerre mondiale, mais, à mon avis, « Sept hommes à l'aube », publié en 1962 par Alan Burgess, est et reste incontournable sur l' attentat du 27 mai 1942.

J'étais à Prague et à LIdice en 1967, année du XXV anniversaire de l'opération Anthropoïde, et les autorités communistes occultaient l'intervention des alliés occidentaux et le rôle des Anglais et du gouvernement tchécoslovaque exilé dans cette action. La population, nombreuse à pratiquer le français à l'époque, n'était pas dupe et déposait symboliquement des roses rouges devant l'église Saints-Cyrille-et-Méthode. Laurent Binet, qui a enseigné en Slovaquie dans les années 90, ne dit pas un mot sur la façon dont le régime communiste a réécrit l'histoire de la résistance.

Par ailleurs, il se permet d'attaquer Alexis Léger (Saint John Perse), qui ne faisait, en temps que fonctionnaire, qu'exécuter la politique du gouvernement résultant des élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936. Législature du front populaire, de la guerre, de la déroute de 1940, qui donna tout pouvoir au Maréchal Pétain, et dont les députés continuèrent à toucher leurs indemnités durant tout le conflit.

Il dénigre Flaubert, Houellebecq, qui n'ont évidemment rien à voir avec cette intrigue et part dans des digressions personnelles qui n'ont aucun intérêt et sont aussi lassantes que mièvres. Ces errements font de l'ombre au sujet traité et coulent malheureusement l'ouvrage.

D'où ma déception et mon incompréhension du choix des jurés qui ont distingué ce roman.
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Pince-moi je rêve !
Ai-je bien lu ce que je viens de lire ? Je ne sais même pas par où commencer ...
Laurent Binet veut écrire un roman historique sur l'assassinat de Reinhard Heydrich à Prague le 27 mai 1942 par trois résistants tchèques et slovaques...Jusque là, d'accord. Un roman, pas un essai historique. Donc, dans un roman, il y a une part de fiction, de reconstitution, dialogues, vie privée des personnages etc...Mais cela, Laurent ne l'accepte pas, non non non ...Il se pose des questions, il faut que tout soit juste...Déjà, ça part mal. Dans ce cas, on écrit un article dans Histoire, un essai, une thèse...Pas un roman. Donc, je ne vois pas du tout l'intérêt ni l'enjeu de l'écriture, parfaitement vains...Mais le pire est à venir. Laurent va se mettre en scène avec ses hésitations purement géniales...Je ne dis pas géniales gratuitement, l'auteur vise haut, très haut, comme je vais le montrer.
D'abord, la mise en scène du moi écrivant torturé : "Le Slovaque, le Morave et le Tchèque de Bohème attendent eux-aussi et je donnerais cher pour ressentir ce qu'ils ont ressenti alors. Mais je suis bien trop corrompu par la littérature : "je sens monter en moi quelque chose de dangereux" dit Hamlet, et dans un moment pareil c'est encore une phrase de Shakespeare qui me vient à l'esprit. Qu'on me pardonne, qu'ils me pardonnent, je fais tout cela pour eux. Il a fallu démarrer la Mercedes noire [d'Heydrich], ça n'a pas été facile. Tout mettre en place, s'occuper des préparatifs, d'accord, tisser la toile de cette aventure ..." Oui, vous avez bien lu, l'auteur compare son travail d'écriture avec la préparation et les courage des Résistants, et se plaint à eux des difficultés qu'il a...En passant, il se compare à Hamlet et Shakespeare. Les deux, tant qu'à faire. J'ai envie de lui dire ce que j'ai entendu un élève répondre à un autre qui s'énervait tout seul contre lui : "OK, mec"
Dur est le génie qui pèse sur notre auteur : "Pendant quinze ans, j'ai détesté Flaubert, parce qu'il me semblait responsable d'une certaine littérature française, dénuée de grandeur et de fantaisie...S'abîmant avec délice dans le réalisme le plus emmerdant..." OK, mec.
"...Et puis j'ai lu Salambô, qui est immédiatement rentré dans la liste de mes dix livres préférés." Flaubert te remercie ,mec.
Ensuite, bon, Laurent a aussi ses idées à lui sur la littérature contemporaine. A propos de Littell et de ses Bienveillantes, du narrateur Max Aue : "En revanche, ce détachement qu'il affiche, cet air blasé revenu de tout, ce mal-être permanent, ce goût pour le raisonnement philosophique, ce sadisme maussade...Mais bien sûr, soudain, j'y vois clair : les Bienveillantes, c'est "Houellebecq chez les nazis, "tout simplement." Tout simplement, mec. Laurent s'inquiète que les Bienveillantes puissent faire de l'ombre à sa grande oeuvre. T'inquiète pas, mec, elles ne te feront pas d'ombre. Elles planent dans les hautes sphères, beaucoup trop haut.
Ensuite (oui, je sais, c'est décousu, mais je pense à Shakespeare, à Hamlet, à Rimbaud, et je souffre beaucoup d'écrire mieux que Flaubert, alors pouët pouët) ensuite Laurent veut reconstituer le passé, oui, il recherche le temps perdu, il le veut tel qu'il fut, il veut la couleur exacte de la Mercedes d'Heydrich : noire, vert foncé ? Ca revient tout le temps...Il l'a vue noire, Natacha (Ah ! Natacha ! ...) aussi...Mais on dit aussi qu'elle était vert foncé...Et en même temps, en même temps, voilà notre génie qui se lance dans une reconstitution de la conférence de Münich, terrible, où la France et l'Angleterre lâchèrent la Tchekoslovaquie à Hitler. C'est parfaitement vrai. Néanmoins, visiblement, si Laurent avait été là avec Daladier et Alexis Léger, alias Saint John Perse, ça se serait beaucoup mieux passé. Donc Saint John Perse se fait traiter de "sac à merde". Moi, je veux bien qu'on s'interroge sur la couleur de la Mercedes, mais il me semble qu'il faudrait d'abord se replacer dans le contexte, et que traiter les diplomates de sacs à merde en 2008 est très facile. Je me souviens de ma professeure d'histoire en khâgne qui nous disaient : "n'oubliez jamais qu'entre les deux guerres, il y a vingt ans, et que vingt ans, ce n'est rien". Avec tout ce qu'on sait et peut lire aujourd'hui sur la première guerre mondiale, je pense qu'avant de traiter la diplomatie de sac à merde, il faut bien se rendre compte que ces hommes qui avaient déjà vécu la première guerre ne voulaient pas y retourner, pour rien au monde. Daladier pouvait-il revenir en France et dire : "c'est reparti les gars, prenez vos baluchons, vos pelles et vos masques à gaz, j'ai signé pour une nouvelle guerre avec l'Allemagne." Moi, avec tout ce que j'ai lu, ça me paraît impossible. Je pense donc qu'il est très malvenu de juger, surtout quand on professe une telle rigueur dans la reconstitution. Pour moi, cela enlève toute crédibilité à ce texte.
Voilà, je pourrais continuer des heures tant ce texte m'a excédée par son arrogance et sa vanité. Les femmes, Aurélie, Natacha, si splendides, qui accompagnent notre grand génie dans sa quête arthurienne. Ah oui, ce passage encore. Spéciale dédicace à mes congénères féminines : "je me demande comment les nazis accommodaient leur doctrine à la beauté des Slaves : non seulement on trouve en Europe de l'Est les plus belles femmes du continent, mais en plus elles sont souvent blondes aux yeux bleus." Je crois qu'on explose tout, là :
-Laurent dénonce les nazis et fait la même chose : les Slaves ont des caractéristiques physiques, elles sont plus belles que les autres.
-Et les Juives et les Tsiganes ? Elles sont pas belles ?
-Et tu fais ton marché ?
-Et merci pour les autres.
Bref, je vais m'arrêter là. Au secours !!!!!!!
Ah oui, aussi, le monsieur parle tellement de lui qu'à la fin, j'ai été obligée d'aller me renseigner sur Wikipédia tellement je n'avais rien appris sur les personnages historiques. Par contre, j'en sais beaucoup trop sur le sieur Binet.
Quelques passages bien écrits.
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En 1942 à Prague l'opération Anthropoid est destinée à éliminer celui que les Tchèques ont surnommé, au vu de son extrême férocité, « le boucher » ou le bourreau de Prague, Reinhard Heydrich. Un homme d'autant plus dangereux qu'il concentre de nombreux pouvoirs. Bras droit de Heinrich Himmler il est à la fois le chef de l'Office central de la sécurité du Reich (RSHA, qui pilote notamment la Gestapo), le « vice-gouverneur de Bohême-Moravie » et le commandant opérationnel des Einsatzgruppen, les unités mobiles de tuerie de masse en Europe de l'Est. Il a également en charge d'organiser la solution finale de la question juive. L'attentat se déroule le 27 mai et Heydrich meurt huit jours plus tard. Planifié par le Special Operations Executive, une branche du service secret britannique, il est perpétré par deux soldats tchécoslovaques, parachutés sur le territoire du protectorat de Bohême-Moravie.

Un roman passionnant pour lequel Laurent Binet a choisi une forme originale puisque tout son récit, de la montée du nazisme à la mort d'Heydrich et aux représailles violentes contre les populations civiles de la région, notamment dans le village de Lidice, est ponctué de ses réflexions et interrogations sur l'écriture de son livre. Un procédé que j'ai beaucoup aimé mettant en lumière la difficulté de choisir entre vérité historique et fiction romanesque dans le roman historique. Toutefois je mettrais un bémol à ce premier roman très réussi : la violence des attaques à l'encontre de certains diplomates qui m'a semblé très excessive, une erreur de jeunesse peut-être...
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Laurent binet a souhaité nous raconter l'irrésistible ascension de Reinhard Heydrich au sein du troisième reich nazi et son assassinat par un commando tchécoslovaque en 1942.
Tout pour faire un superbe roman. En effet, la tchécoslovaquie, née sur les ruines de l'empire austro-hongrois en 1918, s'est trouvé disloqué suite au desastreux accord de Munich de 1938. La Boheme Moravie (actuelle Tchéquie) devient une province allemande et la Slovaquie un pays satellite du reich. Leur président, Bénés, en exil à Londres, a du mal à faire entendre la voix de ce petit pays qui n'intéresse pas grand monde. Il décide donc de monter l'opération "Anthropoid": organisation d'un commando qui doit éliminer le " protektor" de la Boheme moravie: le général Heydrich.
Pour faire un bon roman, il faut un bon méchant; ce général, théoricien et initiateur de la solution finale est parfait.On aurait pu donc avoir un superbe roman héroique, épique, à la gloire de la liberté et de la résistance.

Ah, non! Beaucoup trop populaire ( excusez moi, de nos jours il faut dire populiste), beaucoup trop simple pour un génie comme l'auteur. Il aurait pu faire un roman réaliste mais" je ne supporte pas la littérature réaliste "
( bye bye Stendhal, Balzac, Flaubert..).

" Je veux faire un roman non fictionnel" " j'invente un nouveau concept: l'infra roman". Qu'est ce à dire?
- Binet veut nous montrer toute la difficulté de relater un fait historique sans avoir recours à la fiction tout en restant dans la littérature.
- Pour cela il se met en scène (autofiction) et nous livre toutes ces hésitations, il écrit un dialogue, puis, 3 pages plus tard nous dit que c'est faux et nous en propose un autre.
- Il nous montre toute la fragilité de la recherche historique. 2 tramays interviennent sur les lieux de l'attentat mais quel est leur numéro? Le 22 ou le 24? Les photos de l'époque montre que Heydrich s'est fait tué dans une mercedes noire; mais était-elle vraiment noire ou vert foncé ( on en prend pour 10 pages)
- et puis il nous raconte sa vie, tous les films et livres qu'il a étudié sur cette période historique, evidemment il en montre les faiblesses et lui fait beaucoup plus mieux!

L'auteur est , en outre, trés véhément voire insultant sur certaines personnalités historiques: c'est le diplomate Alexis Léger plus connu en tant que Saint John Perse qui tire le gros lot: " sac à merde". C'est ce qui me gene le plus: ce regard anachronique et outrancier sur cette période bien complexe.

Le plus triste, à mon avis est qu'il a reçu le prix goncourt du premier roman; c'est ça le futur de la littérature française?

Je crois que je vais arreter de lire et me mettre à la broderie.
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Tout d'abord, il faut prononcer HA ! HA ! HA ! HA !, en aspirant correctement chaque H, et là, le jeu de mot en allemand prend tout son sens.....Et c'est un roman haletant, personnel, précis et documenté, passionnant jusqu'à la dernière ligne. Un roman émanant d'un jeune professeur de lettres de l'âge de ma fille aînée, justement couronné par le Goncourt du 1er roman.

HHhH raconte l'histoire de l'attentat réussi en mai 1942 contre Reinhard Heydrich, Protecteur SS de la Bohême-Moravie et metteur au point de la Solution Finale lors de la Conférence de Wannsee, puis de la folle traque qui s'ensuivit pour s'achever dans une église au centre de Prague où sept hommes soutinrent un siège de sept heures face à sept cent SS.

Reinhard Heydrich, la bête blonde, le boucher de Prague, « l'homme le plus dangereux du IIIe Reich », était le bras droit d'Himmler mais chez les SS, on disait « HHhH », ce qui signifie : « le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich » (Himmler's Hirn heisst Heydrich)

Une roman historique de plus ? Non, bien plus que cela...L'auteur s'implique totalement dans "l'investissement" de ses personnages, il vit avec eux, en eux, et nous fait part de ses doutes : "a-t-il prononcé cette phase, à vrai dire, je n'en sais rien....Mais il a dû le dire comme ça...."

Laurent Binet a lu tous les ouvrages et vu tous les films qui retracent cet épisode extraordinaire, où des Résistants venus de Londres ont réussi à atteindre l'un des personnages les plus odieux du IIIème Reich. En particulier, il cite l'interprétation de Kenneth Branagh dans le film"Conspiracy" : voilà l'image que j'ai de Reinhard Heydrich....une tête d'ange et un coeur de démon. Et il décrit aussi les invraisemblables représailles qui suivirent l'attentat comme la destruction du village de LIdice et de toute sa population, sur la foi d'un élément totalement étranger à l'affaire...Mais les SS n'en étaient pas à ça près après les forfaits des Einsatzgruppen à l'Est.

Avec une écriture précise et poétique, des scènes d'action encore plus explicite qu'un film puisque lire permet d'aller plus lentement, d'apprécier chaque détail, de revenir en arrière si on craint de ne pas avoir tout saisi, tout concourt à ne pas vous laisser abandonner ce livre. Pourquoi cette fascination de l'auteur pour Prague et ses cent tours ? Il y a vécu, aimé, enseigné, et cette histoire l'obsède :

"Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu'on leur rende hommage. Mais c'est pour nous, les vivants que cela signifie quelque chose. La mémoire n'est d'aucune utilité pour ceux qu'elle honore, mais elle sert à celui qui s'en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console." (p.244)

HHhH constitue ainsi un antidote aux "Bienveillantes", livre qu'il ne m'a pas été possible de terminer, ayant le coeur trop sensible et lassée de tant de sang.

Avec HHhH, on vibre, on souffre, on espère, alors même qu'on connaît la fin dès la première ligne. C'est ça, la Littérature ! Avec un grand l'!
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Enfin, je n'y croyais plus. Un bon livre, très bon même. J'avais fini par me persuader que c'était une utopie.
Voilà un récit qui chamboule sérieusement les codes. Pas que les codes d'ailleurs.
Difficile de trouver les mots justes. C'est un roman historique mais ce n'est pas un roman, Laurent Binet, refuse d'écrire un roman, il le clame haut et fort. Mais il est obligé d'admettre que c'est un roman.
Vous suivez ? En fait, bien qu'il est amassé plusieurs tonnes de documents - écrits, films, séries, témoignages etc..., l'histoire est pleine de trous. C'est facile à comprendre ! Il y a des moments sans témoins, donc des trous qu'il lui faut bien combler. Et ça, il s'y refuse, il se reproche d'avoir laissé son imagination prendre le dessus. Alors, il ne veut pas l'écrire. C'est ça qu'il écrit. Comment ça, vous n'y entravez que pouic ? C'est pourtant simple, prenez des notes quoi !
Autre point faible très fort, il est très attaché à ses personnages, enfin, les personnages dont il raconte l'histoire. Ils ne sont pas siens car ils ont existé, ils font partie de l'histoire avec un grand H. Je le soupçonne même d'avoir une forme de respect pour l'immonde monstre qu'il déteste de tout son être.
Et, extraordinaire, alors qu'il s'agit d'un fait historique connu, pas si lointain que ça, il parvient à maintenir le suspens. On se prend à rêver avec lui, on a vraiment envie d'y croire.
Alors, pourquoi 4,5 et pas 5 étoiles ?
Il en fait un peu trop à un moment et j'ai éprouvé un petit instant de lassitude. Et sur la Tchécoslovaquie, sur ses ressortissants et sur Prague, il en fait carrément des caisses. J'ai rien contre mais ça finit par être un tantinet lourdingue.
Puis après tout, si vous voulez vraiment savoir, vous n'avez qu'à lire cet ouvrage que je vous recommande.
Non mais ! J'en ai déjà trop dit. Je ferme l'an Robinet.
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HHHh est un roman écrit par Laurent Binet, un livre justement couronné par le Goncourt du 1er roman en 2010, très habilement construit autour de la personnalité complexe et terrifiante de ,Reinhard Heydrich,figure méconnue du nazisme qui a pourtant été un des architectes de la solution finale.

Le livre de Binet , suit la terrible ascension de Reinhard Heydrich« l'homme le plus dangereux du IIIe Reich ».

Renvoyé de la Marine Allemande Reinhard Heydrich, a su en effet prendre sa revanche en montant en grade chez les S.S. en devenant le chef de la Gestapo et le bras droit d'Himmler.
Romanesque et instructif : à lire !!

HHhH
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un roman, vraiment ?
J'ai plutôt l'impression de suivre l'enquête de l'auteur au jour le jour avec quelques petites égratignures, en passant, à quelques confrères. Et l'auteur qui s'excuse de prendre des libertés avec la réalité, voilà qui pour le moins est original. Car l'âme même d'un roman, c'est l'imagination, ce qu'il réfute avec vigueur.
Cela étant dit, cette quête est très intéressante et la masse d'informations collectées est colossale. L'auteur manie l'ironie avec dextérité et le cynisme tout autant. L'amour qu'il porte à Prague et à ses héros ( dont je tairai les noms ) transpire tout le long du récit. Et les dernières pages sont d'un réalisme poignant. C'est un très grand hommage qu'il leur rend.
Mais qui est Reinhard Heydrich, la cible de l'attentat ?
« le nazi parfait » : « férocité, efficacité, loyauté envers le Führer, pur physique d'arien ».
Un livre que je n'oublierai pas de sitôt et qui m'a appris des choses épouvantables perpétrées par les nazis... et j'en connaissais déjà beaucoup...
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