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Critique de mesrives


Du temps qu'il fait et autres considérations météorologiques … du temps qu'il fait et autres considérations métaphysiques … Oups réveil très matinal, la lecture du temps qu'il fait de Bergsveinn Birgisson a été une bulle d'oxygène, une parenthèse vivifiante.

Vous rêvez d'un bout du monde, d'un endroit isolé, accessible mais non connecté alors volez vers le fjord de Geirmundur en chevauchant un cumulus nimbus, ou un pluvier doré (précision, option réservée aux poids plumes), Bergsveinn Birgisson vous y attend. Si pour d'autres la perspective d'un séjour sans aucune parabole à l'horizon est cauchemardesque, rassurez vu il existe à Hneiditsstathir la biliothèque de la Société de lecture, un endroit pour oublier, méditer, se retrouver ou rencontrer un des nombreux poètes venus se ressourcer !

Petite remarque, surveillez la direction du vent pour choisir le jour de votre arrivée, si elle est favorable aux pêcheurs il faudra vous armer de patience car tous les hommes seront en mer,
Dans le cas contraire courez au foyer des pêcheurs l'accueil sera convivial surtout si vous savez jouer au whist, l'occupation favorite lorsque les intempéries ou les directives de la Direction de la pêche interdisent les sorties en mer.

Je crois que vous l'aurez compris l'immersion dans cette communauté de pêcheurs m'a conquise.
Le protagoniste Halldur Benjaminsson, Duri pour les amis, dévoile dans son journal intime les nombreux secrets du pêcheur et de son rafiot mais surtout il confie pudiquement ses joies, ses colères, ses peines et ses attentes dont l'une d'entre elles est de connaître enfin le grand amour.
Duri, jeune pêcheur célibataire, être sensible, a choisi de son plein gré cet exil pour effacer sa différence. La fuite de Dori vers un ailleurs en vue d'une renaissance et d'un nouveau départ le porte naturellement vers ce fjord battu par les vents où une partie de son histoire familiale est déjà inscrite. Dori souhaite en écrire la suite.

Poétique souvent, avec humour aussi et dérision parfois, le texte de Bergsveinn Birgisson nous livre les particularismes de cette île de feu tout en adressant un message universel emprunt de sagesse. La société moderne et son consumérisme outrancier, le pouvoir et le capital sont des leurres mais les conséquences bien palpables sont parfois irrémédiables.
L'observation de la course des nuages, l'écoute de la chanson incessante du ressac peut apaiser le coeur des hommes et nourrir leurs âmes. Aux portes des Enfers si Dieu disparaît les Ases veillent !
Ici cieux comme océans abritent des créatures monstrueuses, tentatrices ainsi certains drames du quotidien se dénouent dans le surnaturel.

Bergsveinn Birgisson dépeint un tableau de la ruralité islandaise où survivent des hommes partagés entre terre et mer, moutons et poissons. Un univers que l'auteur, fils d'un capitaine de chalutier, connaît très bien. Paru en 2003 en Islande du temps qu'il fait a reçu le prix Gens de Mer 2020 – 2021 au Festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo.

Une ode à l'amitié, à la liberté, à la fraternité dans une nature magnifiée .
Un moment de partage authentique et chaleureux dans l'intimité d'hommes courageux, pragmatiques, doués d'une intelligence naturaliste.
Une éloge de la lenteur accompagnée d' instantanés mouvants pour saisir l'essence de l'Islande à travers son histoire et son devenir.

Ah j'oubliais de vous dire que dans le fjord de Geirmundur l'amour ressemble à un bouquet de linaigrettes… C'est la dernière déclaration d'amour non pas de Dagur Hjartarson mais la mienne à l'univers littéraire islandais qui comme souvent m'enchante et sait me surprendre. Si La lettre à Helga m'avait enthousiasmée du temps qu'il fait m'a touchée au coeur.

A présent je vous abandonne: « Un vent solaire de l'ouest secoue les portes de ses rafales, ce qui donne de l'air à l'âme. Temps qui interdit la pêche ». Temps qui autorise l'introspection .

Merci à la traductrice Catherine Eyjolfsson et aux éditions Gaïa.
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