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EAN : 9782847209853
224 pages
Gaïa (01/04/2020)
3.53/5   15 notes
Résumé :
Publication 02/09/2020

Du temps qu’il fait nous emmène dans un fjord isolé et oublié de Dieu, à l'extrême nord-ouest de l'Islande. Là, quelques âmes esseulées vivent de la pêche, soumises aux caprices de la météo, des technocrates de la capitale et des poissons. Parmi elles, Halldor, un jeune pêcheur, met à profit les jours de relâche pour écrire un journal intime. Avec humour et poésie, il chronique un quotidien fait de labeur et de simplicité, de ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Du temps qu'il fait et autres considérations météorologiques … du temps qu'il fait et autres considérations métaphysiques … Oups réveil très matinal, la lecture du temps qu'il fait de Bergsveinn Birgisson a été une bulle d'oxygène, une parenthèse vivifiante.

Vous rêvez d'un bout du monde, d'un endroit isolé, accessible mais non connecté alors volez vers le fjord de Geirmundur en chevauchant un cumulus nimbus, ou un pluvier doré (précision, option réservée aux poids plumes), Bergsveinn Birgisson vous y attend. Si pour d'autres la perspective d'un séjour sans aucune parabole à l'horizon est cauchemardesque, rassurez vu il existe à Hneiditsstathir la biliothèque de la Société de lecture, un endroit pour oublier, méditer, se retrouver ou rencontrer un des nombreux poètes venus se ressourcer !

Petite remarque, surveillez la direction du vent pour choisir le jour de votre arrivée, si elle est favorable aux pêcheurs il faudra vous armer de patience car tous les hommes seront en mer,
Dans le cas contraire courez au foyer des pêcheurs l'accueil sera convivial surtout si vous savez jouer au whist, l'occupation favorite lorsque les intempéries ou les directives de la Direction de la pêche interdisent les sorties en mer.

Je crois que vous l'aurez compris l'immersion dans cette communauté de pêcheurs m'a conquise.
Le protagoniste Halldur Benjaminsson, Duri pour les amis, dévoile dans son journal intime les nombreux secrets du pêcheur et de son rafiot mais surtout il confie pudiquement ses joies, ses colères, ses peines et ses attentes dont l'une d'entre elles est de connaître enfin le grand amour.
Duri, jeune pêcheur célibataire, être sensible, a choisi de son plein gré cet exil pour effacer sa différence. La fuite de Dori vers un ailleurs en vue d'une renaissance et d'un nouveau départ le porte naturellement vers ce fjord battu par les vents où une partie de son histoire familiale est déjà inscrite. Dori souhaite en écrire la suite.

Poétique souvent, avec humour aussi et dérision parfois, le texte de Bergsveinn Birgisson nous livre les particularismes de cette île de feu tout en adressant un message universel emprunt de sagesse. La société moderne et son consumérisme outrancier, le pouvoir et le capital sont des leurres mais les conséquences bien palpables sont parfois irrémédiables.
L'observation de la course des nuages, l'écoute de la chanson incessante du ressac peut apaiser le coeur des hommes et nourrir leurs âmes. Aux portes des Enfers si Dieu disparaît les Ases veillent !
Ici cieux comme océans abritent des créatures monstrueuses, tentatrices ainsi certains drames du quotidien se dénouent dans le surnaturel.

Bergsveinn Birgisson dépeint un tableau de la ruralité islandaise où survivent des hommes partagés entre terre et mer, moutons et poissons. Un univers que l'auteur, fils d'un capitaine de chalutier, connaît très bien. Paru en 2003 en Islande du temps qu'il fait a reçu le prix Gens de Mer 2020 – 2021 au Festival Etonnants voyageurs de Saint-Malo.

Une ode à l'amitié, à la liberté, à la fraternité dans une nature magnifiée .
Un moment de partage authentique et chaleureux dans l'intimité d'hommes courageux, pragmatiques, doués d'une intelligence naturaliste.
Une éloge de la lenteur accompagnée d' instantanés mouvants pour saisir l'essence de l'Islande à travers son histoire et son devenir.

Ah j'oubliais de vous dire que dans le fjord de Geirmundur l'amour ressemble à un bouquet de linaigrettes… C'est la dernière déclaration d'amour non pas de Dagur Hjartarson mais la mienne à l'univers littéraire islandais qui comme souvent m'enchante et sait me surprendre. Si La lettre à Helga m'avait enthousiasmée du temps qu'il fait m'a touchée au coeur.

A présent je vous abandonne: « Un vent solaire de l'ouest secoue les portes de ses rafales, ce qui donne de l'air à l'âme. Temps qui interdit la pêche ». Temps qui autorise l'introspection .

Merci à la traductrice Catherine Eyjolfsson et aux éditions Gaïa.
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Chronique d'un petit port de pêche islandais.

« On pourrait croire de cette histoire que notre fjord de Geirmundur n'est qu'un enfer d'intempéries en proie aux hurlements du vent. Il n'en est rien. La vérité est que, par beau temps – qui arrive assurément –, les pêcheurs sortent en mer et n'ont pas le temps d'aller à confesse. »

Halldór Benjamínsson est pêcheur dans le fjord de Geirmundur. Il tient régulièrement un journal intime dans lequel il décrit le quotidien de la vie dans ce petit port islandais. Un quotidien presque entièrement consacré à la pêche, principal moyen de subsistance des habitants. Chaque page de son journal commence donc invariablement par la préoccupation première du pêcheur : la météo. Quelques lignes, souvent très poétiques, qui montrent aussi qu'Halldór aime à observer la beauté de la nature qui l'entoure et ses variations au fil des saisons.

« Réflexion au petit matin :
Contempler la baie, un matin, quand les nuages reposent paisiblement sur la côte de l'autre côté, là où tout doit être mieux et où la lumière abrite des promesses inconnues. »

Il ne se passe pas grand-chose dans le fjord de Geirmundur, mais on s'attache rapidement à cette communauté et à ses habitants : Halldór, son oncle Gusi, les frères Bensi et Ebbi, Kalli, le vieux Jónmundur ou encore le pasteur.
Leur quotidien est souvent difficile. Dépendants pour la plupart entièrement de la pêche et donc de la météo, ils sont aussi contraints de s'adapter à la mise en place des quotas de pêche décidés depuis la capitale. Une vie de labeur dans ce coin isolé d'Islande où ne passent que rarement des touristes en quête de paysages spectaculaires, et où le manque de présence féminine se fait durement ressentir.

Pourtant le journal d'Halldór n'est pas morne et ennuyeux. Ses réflexions parfois touchantes de naïveté et quelques scènes cocasses apportent de la légèreté au récit et c'est avec plaisir que j'ai suivi son quotidien. le récit met en avant de belles valeurs de solidarité et d'entraide dans cette communauté où les gens sont peut-être finalement moins seuls que ceux qui habitent en ville.

Je regrette juste un peu une fin de roman qui en apportant quelques péripéties peu convaincantes s'éloigne un peu de l'esprit originel du récit, une description sincère et authentique de la vie dans un fjord islandais.
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La lettre à Helga date de 2013, pour sa traduction française. Un livre magnifique, inoubliable pour toutes les âmes romantiques. Depuis, aucune nouvelle de son auteur, Bergsveinn Birgisson, ne nous était parvenu jusqu'à ce que l'éditeur Gaïa ait la bonne idée de nous offrir son tout premier roman, paru à l'origine en 2003. Bien sûr, du temps qu'il fait n'a pas la même vibration émotionnelle que La lettre à Helga mais il est loin d'être dépourvu de qualités. Ici, dans un fjord perdu du nord de l'Islande, la météo est la première préoccupation pour les pêcheurs du coin, à commencer par Halldor, qui rédige à sa manière les faits et gestes des solitaires du coin, privés de présence féminine. Une partie de pêche qui tourne mal, un prêche halluciné du pasteur (bien allumé, celui-ci), le passage d'un poète dépressif, la quête obstinée d'une aide ménagère : la vie s'écoule toujours au rythme du temps qu'il fait et de festins à base de poisson faisandé et de graisse de phoque. Tour à tour truculent, mélancolique et élégiaque, le livre rappelle par certains côtés les fameux racontars de Jorn Riel, voire les romans de Paasilinna. Halldor, pusillanime par nature, navigue à vue dans une existence qui ne le satisfait pas, où il accumule les déboires sentimentaux, mais qu'il n'échangerait pour rien au monde avec celle, individualiste et capitaliste, des gens de Reykjavík. Il y a dans du temps qu'il fait un éloge des valeurs de solidarité qui ont fait l'âme de l'Islande et qui disparaissent peu à peu au profit de l'argent-roi. Une thématique que l'on retrouve aussi chez Indridason, comme un parfum nostalgique d'un temps dépassé que Birgisson sait parfaitement accommoder de poésie et d'humour.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Que fait-on dans le fjord de geirmundur ….
On y pêche …
On y pêche toujours …
On y pêche encore, car il n'y a pas grand chose d'autre à faire si ce n'est de temps en temps manger, boire et dormir.
Alors quand la pêche est interdite … par les autorités administratives … ou quand le temps ne permet pas de naviguer …
On regarde les nuages, spectacle grandiose … ils nous causent,
On regarde les vagues, spectacle hallucinant … elles nous emportent,
On regarde le temps passé, on se raconte des histoires … elles nous ravissent ou nous font peur.
« Une minuscule communauté de pêcheurs islandais dans un fjord oublié de Dieu » de pauvres gens, ne sachant pas écrire correctement, ne se tenant pas au courant des actualités mondiales, n'ayant pas accès à internet, n'ayant pas accès à la télévision (souvent en panne), n'ayant plus le téléphone depuis si longtemps que personne ne se souvient du temps où il marchait encore … 
Des pauvres gens peut être mais …
Savants pour prédire le temps qu'il fera dans les heures et les jours suivants …
Savants pour pêcher avec un matériel d'un autre temps de drôles de poissons …
Imaginatifs pour nous raconter de drôles d'histoires peuplées de drôles individus.

On ouvre ce livre, on ferme les yeux et …
On entend le vent souffler, les vagues se fracasser, la mer se démonter ..
On sent la tourbe, les algues, le poisson pourri …
On voit les montagnes menaçantes, les landes décharnées … on est en Islande pour quelques heures.
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Du temps qu'il fait
De Bersveinn Birgisson, éditions Gaïa

Un roman sous forme de journal intime.
Halldor est le plus jeune pêcheur du groupe. Il raconte à sa façon la vie quotidienne de ces quelques habitants d'un fjord du nord de l'Islande. Quasiment chaque chapitre commence par une ligne sur la météo du jour, tempête de nord-est aujourd'hui... vent du Nord, grosse mer qui se brise sur le promontoire... encore un vent frais persistant de l'Est... le temps, beau ou mauvais, règle en effet la vie de ces pêcheurs, qui, en fonction du temps, peuvent sortir leur bateau du port, ou pas. Et ainsi gagner difficilement leur vie.
Sous la plume du jeune homme c'est toute la vie de cette petite communauté qui défile, avec des personnages hauts en couleurs. On pense aux racontars de Jorn Riel et aussi aux romans d'Arto Paasilinaa.
Cette vie quotidienne est dure, de part le climat, la solitude et le manque de femmes, la rudesse du travail et l'écart qu'il y a entre eux et la ville Reykjavik, entre eux et la modernité.
Texte et personnages attachants.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ce que je veux dire, c'est que pendant qu'on regarde les nuages, il ne se passe rien d'autre, et c'est peut-être bête à dire, mais ça me plaît de plus en plus de regarder les nuages. C'est alors comme si quelque chose d'une autre nature se produisait. On échoue à terre comme un bout de bois et on respire plus légèrement dans un autre temps. L'esprit devient prodigieux et rien ne nous vient à l'idée. On n'a peut-être pas besoin de voir défiler mille ans de splendeurs comme dans les livres ou les films, mais seulement une seconde d'une autre sorte de temps, comme ça. L'espace de quelques instants, ça vous est complètement égal que votre vie soit un échec total. Quand vous regardez les nuages.
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La première chose que les enfants apprennent est la crainte d’être à part, et de ce fait, il est exclu pour eux de percevoir ce monde avec des yeux d’enfants. Les diktats de la mode et les sociétés sportives leur volent leur jeunesse et, plus tard, ils seront accablés de défaitisme une fois que la société les aura poussés dans un combat sans fin avec les institutions bancaires. Et les gens n’oublient le vide et leurs dettes aux banques que juste le temps d’un orgasme le soir. Les gens sont, pour la plupart, aliénés à eux-mêmes et à leurs enfants qui se grillent la cervelle avec leurs smartphones et l’ecstasy ; à l’âge mûr, les gens sont devenus amorphes à force d’envie permanente d’argent, d’avidité de meubles et de concupiscence, et sont, par conséquent, incapables de percevoir la vie sous une autre femme que celle de l’argent et de la chair ; et l’histoire s’achève avec des petits vieux amers qui n’ont rien d’intelligent à dire aux jeunes et le soleil brille sur tout ce petit monde là, en perdant 4 millions de tonnes de sa masse par seconde à faire avancer cette histoire mal foutue, et il faut bien se demander si ça en vaut la peine, tout bien considéré.
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Je ne sais plus de quel côté est la folie. Je pêche ici depuis 50 ans et je n’ai même pas droit à un seul kilo de quota ; comment se fait-il que ce soient des gens de Reykjavik, qui n’ont jamais pissé dans l’eau salée, qui possèdent tout le poisson de nos parages ? La nature s’est chargée de m’interdire assez de sortie en un demi-siècle pour que je n’aie pas besoin d’interdictions de la part de types de la capitale.
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Le pasteur poursuivit : pour moi, il n’y a que deux sortes d’hommes en politique : il y a les donneurs-de-coups-de-pied-à-ceux-qui-sont-à-terre et les socialistes. Ces donneurs-de-coups-de-pied-à-ceux-qui-sont-à-terre adhèrent à ce qu’ils appellent l’entreprise individuelle et ils sont déjà experts en fraude fiscale à l’âge de vingt ans, ont fondé une entreprise à trente ans, sont devenus des notables ventripotents à quarante, s’adonnant à l’œnologie et à la chasse, et à cinquante ans, ils deviennent francs maçons dans l’espoir de récupérer une âme qu’ils ont vendue depuis longtemps…
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Certains disent que le cirque montagneux est magnifique et que le fjord de Geirmundur est un vrai paradis sur terre. Et puis les gens remontent dans leur bus. Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est pourquoi nous ne sommes que sept ou huit pauvres mecs dans ce paradis du fjord de Geirmundur.
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Video de Bergsveinn Birgisson (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bergsveinn Birgisson
Rentrée littéraire 2013 des éditions Zulma .Laure Leroy, directrice générale des éditions Zulma vous présente sa rentrée littéraire avec les romans de Daniel Morvan, "Lucia Antonia, funambule", et de Bergsveinn Birgisson, "La lettre à Helga", à paraître le 22 août. Rentrée littéraire 2013. http://www.mollat.com/livres/birgisson-bergsveinn-lettre-helga-9782843046469.html http://www.mollat.com/livres/daniel-morvan-lucia-antonia-funambule-9782843046476.html Notes de Musique : "The Gasoline Brothers - Hungover Boxing Day" by coverclub.nl (http://coverclub.nl)
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