Je me sens innocente. Mes mensonges et mes costumes sont ma liberté.
Aujourd'hui je veux être bonne... Cuisiner pour lui, repriser ses chaussettes !
Je vis doublement, triplement, car quand j’écris et réécris, je vis plus intensément encore. Du journal à la fiction, de la fiction au journal, l’écriture est ce qui me permet de vivre.
Avec quelle facilité je me glisse d’un personnage à l’autre ! Je me sens innocente. Mes mensonges et mes costumes sont ma liberté. Si je ne me crée pas un monde par moi-même et pour moi-même, je mourrai étouffée par celui que d’autres définissent pour moi. Je n’ai même plus peur des mensonges. Ma morale n’existe que lorsque je suis confrontée à la peine de quelqu’un d’autre.
[mon journal] C’est mon réconfort, mon miroir, ma drogue… J’y explore mon caractère et celui des autres… J’analyse, si j’ose dire ! Je trouve du sens… J’ai tant de facettes en moi, tant de fragments contradictoires… Le journal me rassemble.
- Je voudrais être bonne... je ne veux rien détruire.
- Il faut détruire pour pouvoir créer.
- Pas si l'on ne crée que du rêve.
Je suis à nouveau hantée par l'intuition qu'il existe un érotisme auquel je n'ai pas accès. L'acte me laisse toujours insatisfaite, malgré l'amour et le désir que j'ai pour Hugo. Peut-être est-il trop sensible, trop féminin?
(P.79)
« Les vérités de Miller quelquefois, étaient assez terribles pour les personnes qu’il décrivait comme, par exemple, le conte qu’il a fait sur sa famille. Ce genre de caricature, ce genre de vérité, comme femme, je ne pouvais pas l’atteindre. Alors ce que j’appelais mensonge, c’était les choses qu’on dit pour adoucir justement les coups ou adoucir la vérité, pour protéger les êtres de chocs ou de choses qui leur étaient trop pénibles. Ça, c’était mon mensonge. » Anaïs Nin
« C’était l’aspect de créateur et d’inventeur de l’homme qui fait de la fabulation. Alors moi, j’étais étonnée parce que nous parlions toujours de sa femme comme mythomane. Mais je disais tout de même au fond, l’écrivain aussi, est un mythomane. » Anaïs Nin
« Je n’ai pas beaucoup de confiance en la mémoire. La mémoire change beaucoup les choses. J’étais très étonnée quand j’ai relu les journaux de cette époque, de retrouver d’abord quelqu’un que je ne reconnaissais pas. Des réactions que j’avais oubliées. Je ne me fie pas aux souvenirs. »Anaïs Nin
« Le journal était vraiment un journal de voyage. J’allais faire des descriptions de l’Amérique pour que mon père vienne nous voir. Mais ma mère ne m’a pas laissée lui envoyer. Alors ça a changé un peu de caractère, d’être une lettre pour mon père, c’est devenu un peu un refuge dans une nouvelle vie, dans un pays où je ne connaissais pas la langue. Je voulais rester seule avec mes écrits en français, mes livres en français. Je faisais un petit sanctuaire du journal. »Anaïs Nin