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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Portail : celui de l'enfer ou du paradis, celui de la vie ou de la mort suivant que vous parviendrez à le franchir avec un simple passeport. (on n'accorde jamais assez d'importance à de simples objets). C'est le portail de l'ambassade de France à Phnom Penh qui s'ouvre pour vous et vous êtes sauf. Mais c'est aussi le portail qui reste clos (malgré vos supplications) et vous rejoignez la longue colonne de gens que les Khmers rouges ont jetée sur les routes pour une destination inconnue (10 à 20.000 morts lors de l'évacuation de toute la population de la capitale).
Inconnue pour eux, mais aussi pour le lecteur (s'il arrive de Mars) tant François Bizot colle à l'instant présent du récit sans jamais faire référence à ce que l'on a découvert par la suite (1,7 million de morts, soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque).
Même lacune du livre (cependant il serait absurde de faire le reproche à l'auteur de n'avoir raconté que ce qu'il a vu) lors de l'épisode précédent quand François Bizot est prisonnier des Khmers rouges et plus particulièrement de Douch (qui sera le tristement célèbre responsable de la prison S-21).
Le syndrome de Stockholm semble l'avoir parfois atteint.
De nombreux non-dits risquent d'égarer le lecteur qui n'a pas pris la précaution de se documenter avant d'entreprendre cette lecture.
Livre que l'on doit saluer pour son témoignage même si aujourd'hui des ouvrages plus précis (mais plus durs à lire) donnent une vision globale de cette tragédie.
Quant à "l'écriture éblouissante" que souligne une critique sur Babelio, je la cherche encore.
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La révolution khmère vue par l'un des derniers occidentaux avant l'évacuation générale des étrangers en 1975 par Pol Pot.

Le pitch de ce livre est assez simple : arrivé en 1965 au Cambodge, François Bizot s'est pris de passion pour le Cambodge où il a pris femme et a eu une fille. Mais quand la révolution communiste s'étend sur l'Asie, le pays sombre dans le chaos sous la pression antagoniste du Vietnam et des Etats-Unis. Enlevé par les Khmers rouges et prisonnier de l'un des plus grand bourreaux du Cambodge, puis quelques années plus tard, chargé du rôle d'interprète à Phnom Penh, il est témoin de la déroute d'une nation face à la montée d'une idéologie barbare et participe au retrait des occidentaux du pays regroupés à l'Ambassade de France. Au portail de ce camp de fortune se presse une population chère à son coeur et qui tente de fuir le pays, mais beaucoup ne pourront pas passer...
Un témoignage à l'écriture claire mais une oeuvre inquiétante où l'homme ploie sous l'acier d'idéologies sauvages. Désormais condamné à l'errance ("Mais sur cette terre, il n'est point de refuge où l'on puisse s'établir"), Bizot garde de cette expérience une "amertume sans fond" et une méfiance pour homme trop facilement dominé par son "dragon intérieur". Individu passionné et cultivé dont l'esprit honnête est hermétique à toute forme de doctrine, trop sensible pour ne trouver rien d'autre comme réponse aux contradictions de sa situation que le désespoir.
L'intégral de l'article sur mon blog https://thomassandorf.wordpress.com/2016/03/13/le-portail-francois-bizot/

Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Relu après un voyage au Cambodge, le Portail prend naturellement un autre éclairage.
Axé sur 2 événements, François Bizot y raconte ses 3 mois de captivité en 1970 sous le commandement de Douch et le départ des derniers Français en 1975 pour la frontière thaïlandaise.
Douch, le futur tortionnaire de Tuol Sleng, avec qui F. Bizot avait fini par nouer des liens quasi amicaux, et pour qui il éprouvait une sorte de fascination réciproque. Fin connaisseur de la langue et de la psychologie khmere, François Bizot livre ici un récit passionnant et ahurissant, autant pour son intrepidité que pour son analyse de la personnalité de Douch.
La description de la fermeture de l ambassade française est une grande page de k histoire coloniale française qui montre encore une fois que l issue des guerres doit beaucoup à la psychologie.
Un récit passionnant.
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J'ai lu ce livre de retour d'un voyage au Cambodge. C'est un témoignage d'une période lourde de l'Histoire de ce pays. Il pèse d'autant plus que j'ai croisé des acteurs de cette folie. François Bizot fut conservateur et restaurateur des temples khmers. Il fut arrêté et relaché par celui qui devint le directeur de la prison S-21 de triste mémoire, prison qui se visite comme témoignage de l'horreur du régime khmer rouge.
Il est difficile d'imaginer les lieux décrits dans ce livre après les avoir vu en temps normal.
C'est un simple témoignage et c'est poignant, à désespérer de l'homme.
Ces gens voulaient construire un monde nouveau, comme beaucoup avant eux, mais il n'y a là, hélas, rien de neuf et, quelque soit la latitude, la mort a toujours la même odeur et le sang la même couleur.
On ne le dira jamais assez, le devoir de mémoire oblige à la lecture de certains livres, dont celui-ci.
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L'auteur, François Bizot, s'est installé au Cambodge en 1965. En tant qu'anthropologue membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient, il étudie la langue, les moeurs et les coutumes des paysans d'un petit village. En 1971, lors d'un déplacement, il est arrêté avec deux collègues par des khmers rouges qui les conduisent, à travers la forêt, dans un camp de rééducation. Dans cette « prison », enchaîné, il rencontrera Kang Kek Ieu, futur Douch, plus connu comme directeur du sinistre centre d'interrogatoire de Tuol Sleng (S21) après la prise de pouvoir des khmers rouges au Cambodge. François Bizot restera deux mois et demi dans ce camp, régulièrement interrogé par Douch qu'il devra convaincre de ses motivations purement ethnologiques et non politiques. Est-il ce Français (faisant mine d'ignorer l'anglais) seulement épris de traditions religieuses bouddhistes, ou bien plutôt un agent de la CIA?
C'est cet épisode de sa vie qu'il raconte dans la première partie de cet ouvrage.
En 1975, Phnom Penh tombe aux mains des khmers rouges. Toute la ville doit être évacuée. François Bizot assiste à cette folie depuis l'ambassade où de nombreux étrangers et cambodgiens viennent chercher refuge. Avec ses compétences linguistiques, l'auteur va servir d'interprète entre le chargé d'affaire Jean Dyrac et les représentants de la nouvelle autorité khmer rouge, devenant par la même occasion un témoin privilégié des événements de cette époque.

« le portail » nous offre une description de faits historiques, mais surtout une analyse psychologique très fine des protagonistes en présence, ainsi que de l'idéologie khmère rouge. François Bizot, de par ses connaissances et sa culture, a su trouver avec sa rhétorique les « armes » pour répondre et convaincre le trouble Douch. Très certainement, les deux hommes s'estiment. Pour le Français, le Cambodge, c'était ce petit peuple de paysans, fin et discret, imprégné de la douceur bouddhique. François Bizot montre ainsi que la culture cambodgienne ne lui est aucunement étrangère et qu'à ce titre, il pouvait également donner son avis sur l'avenir de cette population. Il s'ensuit de longs échanges entre les deux hommes, d'égal à égal, dans une ambiance parfois assez surréaliste. Douch parle de philosophie, d'idéologie mais Douch agit aussi au nom de celle-ci : il tue, il torture. S'il faut le faire pour la « bonne cause », il le fera. François Bizot dira bien plus tard : «Je n'ai pas vu un monstre, j'ai vu un homme, et c'est ce qu'il y a de plus terrible, justement, qu'il soit un homme comme moi.»

L'affolement et la fièvre qui suivent la prise de pouvoir des khmers rouges à Phnom Pen est ensuite très bien décrite par l'auteur. Rescapés cambodgiens ou occidentaux, prince déchu, diplomates, François Bizot nous dresse un portrait très vif de tous ces égarés qui cherchent une porte de sortie. Mais dans cette population hétéroclite de réfugiés, tous ne pourront pas partir. Certains devront franchir le fameux portail de l'ambassade pour passer de l'autre côté, aux mains de ces soldats adolescents, le regard dur et l'arme au poing.

Voici un témoignage essentiel sur ces événements historiques où l'on découvre d'une part la troublante ambiguïté d'un homme que l'on aimerait tout simplement qualifier de monstre (mais ce serait trop simple), d'autre part la fin d'un âge pour un pays aux traditions ancestrales.
Dans la continuité de ce récit, on peut également lire "L'élimination" de Rithy Panh, où l'auteur et réalisateur livre également son témoignage personnel sur cette époque. Cette fois-ci, on découvre toute l'horreur qui a suivi l'arrivée des khmers rouges au pouvoir. Notamment le rôle de Douch, qui pour les détenus qu'il interrogeait n'a pas eu la même clémence que pour François Bizot , loin de là...
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En 1971, François Bizot, membre de l'école française d'Extrême-Orient vit et travaille à Angkor lorsqu'il est fait prisonnier par les Khmers rouges. Un an plus tôt, les Etats-Unis d'Amérique ont garanti les conditions nécessaires à un coup d'état renversant le roi Sihanouk, afin d'installer le général Lon Nol au pouvoir et afin de créer un quartier général reculé à Phnom Penh. Cette manoeuvre va précipiter le pays dans le chaos, favorisant le mouvement Khmers rouges.
Pendant les trois mois de sa détention dans un camp de maquisards, Bizot va être le témoin des prémices de la plus grande tragédie d'Asie du Sud Est. Entre l'endoctrinement des enfants, l'asservissement des masses laborieuses, la violence, les exécutions, les dénonciations, la bureaucratie et l'idéologie délirante des Khmers rouges, le lecteur se rend rapidement compte, lorsqu'il connait l'histoire, que tout ce qui se passe dans ce camp, se déroulera à l'échelle d'un pays entier quelques années plus tard. Au milieu de l'indicible, il y a aussi les interrogatoires qui se terminent très souvent en discussions philosophiques. Il sont menés par Douch, un instituteur fanatique, fonctionnaire zélé tout dévoué à la cause du Kampuchéa et dont les sinistres talents lui vaudront de diriger l'une des pires prisons de la capitale.
En 1975, lors de la prise de Phnom Penh par les Khmers rouges, François Bizot est désigné par ces derniers comme l'interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. A cette occasion, il sera le témoin impuissant de la tragédie qui va prendre forme, l'un des évènements historiques les plus lâches de la France, qui va livrer aux Khmers rouges, les intellectuels et opposants cambodgiens qui étaient venus se réfugier dans son ambassade. le portail, c'est celui de l'ambassade de France qui s'ouvre et se referme avec fracas sur le destin tragique de ceux qui sont abandonnés.
J'ai découvert l'histoire de François Bizot lors d'un reportage mais c'est quelques années plus tard, à Phnom Penh, lors de ma visite de la terrible prison de Tuol Sleng, le fameux camp S-21, tenu par ce même Douch qui avait été l'inquisiteur de Bizot, que j'ai découvert le livre. Il était sur une table, à la sortie de ce musée des horreurs dont on a du mal à croire que ce fut un collège, parmi d'autres ouvrages en toutes langues. La couverture bleuie par une exposition trop longue au soleil, les pages jaunies et gondolées par l'humidité, le livre m'a plu immédiatement. Je l'ai dévoré pendant mon séjour au Cambodge, ce livre mettant des mots et servant de témoignage face aux ruines de l'époque Khmers rouges. Néanmoins, quand je l'aperçois chez moi, j'y vois de l'espoir, car je repense à tous ces jeunes cambodgiens, qui se réunissent chaque soir dans le parc du Wat Botum, pour danser et profiter de la vie.
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Les yeux ouverts des morts

"J'ai écrit ce livre dans une amertume sans fond. Un sentiment désespéré le traverse".

Comment pourrait-il en être autrement ?

François Bizot était installé au Cambodge depuis des années, pour y étudier les monuments et traditions boudhiques.
En 1971, sa route croise celle des Khmers rouges qui vont le détenir durant 3 longs mois. Là, il verra se mettre en place ce qui sera appelée la "machine de mort" faite d'interrogatoires, mauvais traitements, tortures et exécutions, sous couvert d'une idéologie criminelle et folle.

Libéré, il assistera en 1975 à l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh. Servant d'interprète au Comité révolutionnaire dans ses relations avec les autorités françaises sur place, il sera encore un témoin privilégié. Il est un des rares prisonniers du tristement célèbre Douch (ou Duch) qui soit sorti vivant d'un des camps qu'il dirigeait.

Ce livre est admirable, même si je ne l'ai pas trouvé sans défauts (j'y reviendrais).

Bizot retrace parfaitement le climat de ce moment charnière et il ne cache aucune responsabilité. Les régimes politiques corrompus, la brutalité policière et militaire des forces gouvernementales, la "méthode grossière des Américains, leur ignorance crasse du milieu dans lequel ils intervenaient, leur démagogie maladroite, leur sincérité déplacée… " sont autant de facteurs expliquant la victoire des Khmers rouges sur "un ennemi en pleine déroute physique et morale".

Au cours de sa détention il voit ses camarades prisonniers "cesser de croire" à leur propre innocence (" peut-on être innocent quand on a des chaines ?") ou se figer docilement avant le choc fatal car les Khmers rouges connaissaient cette loi du fond des âges : "l'homme s'occit plus facilement que l'animal".

Il côtoie ces révolutionnaires "issus pour la plupart, de petits commerçants ou d'employés frustrés", qui n'ont "jamais fait la rizière", mais qui se représentent "idéalement le paysan Khmer comme un stéréotype de la révolution permanente" …qui doit "servir d'étalon à l'homme nouveau". Ce paysan devient un "héros dont tout le monde se moque, dans une guerre qui n'est pas la sienne".

Bizot avait tout compris dès 1971, de la nature de cette "nouvelle religion" inspirée des mythes et des règles de la religion boudhique : renoncer aux attaches matérielles, aux liens familiaux qui fragilisent, quitter parents et enfants, se soumettre à la discipline et confesser les fautes…des "10 commandements moraux" appelés "sila", comparables aux "10 abstentions" (sila) boudhiques. Il y a aussi la division de la population entre "initiés » et novices".

Il avait tout compris de la volonté des dirigeants communistes Khmers de "soumettre la nation à une mort initiatique", de réfléchir à "une méthode qui rende l'homme heureux malgré lui."

Il s'agit donc d'un livre important et terrible. C'est l'homme nu, avec ses faiblesses, ses contradictions, sa volonté de comprendre, de rechercher en permanence la part d'humanité chez le tortionnaire, pour connaître la sienne propre.

Et pourtant, je n'ai pas été aussi bouleversé que je l'aurais cru, car plusieurs aspects m'ont dérangé.

Il y a d'abord le sujet des relations entre Bizot avec Douch.
Je sais bien que l'homme par définition, ne peut être qu'humain avec ses forces et faiblesses, qu'il y a une part d'humanité dans chaque monstre...mais à un moment, la "compréhension" de l'auteur pour Douch m'a gêné.
Attention, j'ai bien conscience que Bizot ne confond pas la tolérance avec le pardon. Mais voir décrire Douch comme quelqu'un qui se livrait à "une recherche passionnée de droiture morale qui ressemblait à une quête de l'absolu" m'a été difficile.
Idem quand il avoue courageusement qu'il se surprend à éprouver pour Douch, de l'affection, au moment précis où se révèle sa cruauté, qu'il sent chez lui, une "souffrance constante" et voit dans leurs rapports, comme "une tension de l'âme, une sympathie élargie au-delà de la fraternité de circonstance".

D'ailleurs, quand Bizot retournera au Cambodge 30 ans plus tard, il se demandera comment "l'homme épris de justice" a pu devenir le "chef des tortionnaires", comment son "malheureux ami n'a subi aucune transformation. Rien n'a changé : en bon élève et sans faillir…il a continué le même travail".
Son libérateur était devenu bourreau et cette situation le trouble toujours.

Par ailleurs, quand Bizot parvient grâce à une ruse, à manipuler ses gardiens, il a cette phrase étonnante "Je retirais de ce petit jeu une vive satisfaction. Et de cette jouissance que j'éprouvais me vint l'idée que j'avais, moi aussi, les qualités pour à sa place, faire un bon bourreau".

Cette position consistant à préjuger que chacun peut devenir un bourreau, me dérange. On parle de quelqu'un qui a fait torturer et tuer systématiquement au moins 20000 personnes dans son camp du S21, sans jamais chercher à refuser ce rôle. Qui a obligé Douch à afficher cet absurde et horrifique commandement sur les murs du S 21 : ""Commandement no 6 : Il est strictement interdit de crier pendant qu'on reçoit des coups ou des décharges de fil électrique" ?

D'ailleurs, Douch joue de cette idée du monstre qui sommeille en chacun de nous, pour fuir ses responsabilités (lire à ce sujet, le remarquable L'Élimination .

Je n'arrive pas à adhérer à cette idée qu'il n'y aurait que des bourreaux qui s'ignorent et je suis plus à l'aise avec la position de Primo Levi selon laquelle toutes les zones grises du monde peuvent exister, mais les victimes sont les victimes, et les bourreaux bourreaux, un fleuve de sang et de souffrance les sépare à jamais.

Autre réserve : le style.
Il est souvent brillant, mais il empêche aussi parfois le souffle de l'émotion. Certaines tournures sont curieuses et donnent l'impression d'une "traduction" dans un style oriental qui déconcerte. Par exemple :(p 270) "D'épais coups de pinceau d'encre sombre interceptèrent le soleil, faisant monter dans l'air lourd des flèches électriques, qui zigzaguèrent en grondant dans le lavis du ciel".

La retranscription des dialogues m'a semblé parfois artificielle, comme dans ce long dialogue sur 12 pages,entre Douch et Bizot.
Qu'on retranscrive l'idée, bien entendu, mais l'exhaustivité…Comment qui que ce soit pourrait se souvenir de dialogues aussi précis ?

Dernier point, anecdotique sans doute.
Bizot a des silences troublants.

Ainsi, s'il parle souvent de sa fille Helen pour laquelle il s'inquiète, il ne semble guère faire cas de la mère de cette dernière. Qui est cette inconnue jamais appelée autrement que "la mère d'Hélène" ou "la mère de la petite" ? Pourquoi n'a -t-elle pas droit à un nom, là où tant d'inconnus sont partis sans laisser de traces ? Il la laisse partir sur les routes avec les autres forçats de l'exode de 1975. Qu'est-elle devenue ? Mystère*.

Autre cas (p 299) quand il fait l'objet d'avances par une jeune réfugiée : "elle dégagea mon sexe du short. Ses yeux mi-clos se révulsèrent, couvrant pudiquement son regard d'une gaze d'argent. Je traversai rapidement la cour… ". Que s'est-il passé ? Si j'osais, je dirais qu'il manque un bout...

J'ai bien conscience que ce sont là des broutilles, mais elles ont suffi à amoindrir le "plaisir" de cette lecture.

Peu importe. Il n'y a pas tant de réflexions aussi poussées servies par une telle expérience sur cet hallucinant moment de l'histoire.

A lire.

* Il semblerait qu'il soit parti à sa recherche en 1979, l'ait retrouvée et installée en France.
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Le récit d'un français détenu dans un camp khmers au Cambodge.
Ses connaissances du terrain et sa faculté à pouvoir parler en khmers vont faire de lui un traducteur et lui permettre d'avoir un rôle et des contacts particuliers avec des responsables tant politiques Français via le consulat que dans les rangs des Khmers.
Il nous raconte son vécu et n'apporte aucune autre précision sur le conflit, cela reste centrée sur son histoire.
Il réussira à s'en sortir (un des seul sans doute) et tentera de sauver d'autres personnes avec lui.
Un livre qui permet d'aborder une partie de cette histoire au Cambodge.
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Je tourne autour de ce livre depuis plusieurs semaines, repoussant sans cesse sa lecture. Tout dabord, je n'aime lire que des romans. Et un livre sur l"horreur du régime des khmers rouges, ça ne me tentait pas du tout, loin s'en faut.
Mais l'amie qui me l'a prêté insistait. Comme nous avons souvent des goûts communs et qu'elle est de bon conseil, je me suis lancée.
Ce préambule vous laisse deviner la suite: j'ai aimé, beaucoup aimé. Pour ceux qui ne connaitrait pas François Bizot, c'est un anthropologue ayant étudié et vécu au Cambodge avant, pendant et après le régime khmer rouge. Son livre raconte deux périodes et évènements tragiques: sa détention de trois mois en 1971 dans un camp de prisonnier khmer, et en 1975 les semaines qui précèdent l'évacuation de l'ambassade de France à Phnom Penh.
C'est une écriture magistrale, un esprit brillant, d'une modestie rare et d'une humanité poignante. À lire, vraiment, pour apprendre ou réviser l'histoire contemporaine, et surtout pour entendre ce témoignage essentiel.
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Suite à ma visite du mémorial S21 au Cambodge, j'ai été poussé à explorer davantage cette période tragique à travers la lecture. Ce livre offre un témoignage puissant et éclairant sur ces événements.

L'auteur, seul Européen à avoir survécu après sa capture en 1971 par les Khmers rouges, partage son expérience poignante. Il a été détenu pendant trois mois, enchaîné dans un camp près des temples d'Angkor, témoin des horreurs commises par les jeunes recrues.

Le livre décrit une violence complexe au sein du régime des Khmers rouges. Pour certains, cette violence était le produit d'un sadisme pur, tandis que pour d'autres, elle représentait une forme d'obéissance servile, souvent exercée sous la menace de devenir victime à leur tour. Cette dualité souligne la brutalité systémique et la manipulation psychologique pratiquées par le régime.

L'auteur a été interrogé par Douch, le chef du camp, avec qui il a établi une relation étrange et contradictoire. Douch, décrit comme un homme cultivé et convaincu de la justesse de son combat, s'est révélé capable d'une extrême cruauté. Malgré cela, il a joué un rôle crucial dans la survie de l'auteur.

Des années plus tard, lors d'un face-à-face avant le procès de Douch pour crimes contre l'humanité, l'auteur a reçu la confirmation de son propre sauvetage par Douch. Ce moment a été marqué par des sentiments ambivalents, sachant que Douch était responsable de la mort de plus de 20 000 Cambodgiens au camp S21.

En 1975, à la chute de Phnom Penh, l'auteur a participé à l'évacuation de l'ambassade de France et a été témoin de la désolation de la ville. Il relate avec émotion les scènes déchirantes des réfugiés de l'ambassade, cherchant désespérément à quitter le pays sans passeports français, tout en sachant le sort tragique qui les attendait s'ils restaient.

En outre, j'ai été quelque peu surpris par le style d'écriture de Bizot, qui a souvent recours à des envolées lyriques. Bien que ces éléments puissent apporter une richesse littéraire, je dois avouer que j'ai parfois trouvé ces digressions poétiques inappropriées. J'ai fini par les survoler pour me concentrer sur les aspects factuels du récit, préférant une approche plus directe et moins subjective pour comprendre les événements historiques décrits.

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