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Bien sûr, je dresse un portrait idéalisé de mon père, tant il m’a impressionné par sa force morale face aux Khmers rouges. Dans nos sociétés démocratiques, l’homme qui croit à la démocratie nous semble ordinaire. Voire ennuyeux. Aussi dans mon bureau parisien, je garde devant moi son portrait un peu jauni : qu’il y ait une puissante banalité du bien. Ce sera sa victoire.
J'ai mangé des racines de papayer ; du bananier ; et de la peau de vache séchée. Oui, de la peau de vache. Comme le héros de La ruée vers l'or, qui cuit longuement ses chaussures avant de découper lacets et semelles, en évitant les clous. J'ai mâché cette peau immangeable pendant des heures. Je n'en pouvais plus, mes mâchoires devenaient cuir et bois. Mais cette peau grillée, elle sentait bon la vache. Alors je mâchais.
Les doctrines changent, les mains aussi, mais il y a toujours une lame, et une gorge coupable à trancher - au nom de la justice, au nom de la sauvegarde du régime, au nom du nom.
La question aujourd'hui n'est pas de savoir s'il est humain ou non. Il est humain à chaque instant : c'est pourquoi il peut être jugé et condamné. On ne doit s'autoriser à humaniser ni à déshumaniser personne. Mais nul ne peut se tenir à la place de Duch dans la communauté humaine. nul ne peut endosser son parcours biographique, intellectuel et psychique. nul ne peut croire qu'il était un rouage parmi d'autres dans la machine de mort. je reviendrai sur le sentiment contemporain que nous sommes tous des bourreaux en puissance. Ce fatalisme empreint de complaisance travaille la littérature, le cinéma et certains intellectuels. Après tout quoi de plus excitant qu'un grand criminel ? Non, une feuille de papier ne sépare pas chacun de nous d'un crime majeur. pour ma part, je crois aux faits et je regarde le monde. Les victimes sont à leur place. les bourreaux aussi.
Les révoltés de tous les pays évoquent souvent une société sans monnaie. Est-ce l'argent qui les dégoûte ? Ou le désir de consommation qu'il révèle ? (...) J'ai vécu quatre ans dans une société sans monnaie, et je n'ai jamais senti que cette absence adoucissait l'injustice. Et je ne peux oublier que l'idée même de valeur avait disparu. Plus rien ne pouvait être estimé - j'aime ce mot à double sens, car compter n'est pas forcément mépriser ou détruire - à commencer par la vie humaine. (p. 56)
Pour moi la réconciliation ne se décrète pas. Tout comme le pardon, qui n'est pas un projet, mais un domaine fragile. Le seul projet, c'est la connaissance du crime.
Dès lors qu'un avocat accepte de défendre, il veut gagner. A tout prix. Il n'y a plus de chemin intermédiaire. Je prouverai donc qu'il n'y a pas eu crime . Et si crime il y a eu, mon client n'y est pour rien. Peut-être le témoin a-t-il inventé ? Menti ? Lui-même tué ? La défense est aussi une idéologie.
Sans riz, sans eau, sans force, comment résister ? Sans amis, sans frères et soeurs de combat, comment fuir? Comment rester un homme? Il fallait survivre. C'était notre premier devoir. Notre premier combat. Se révolter, c'était d'abord vivre. Ou plutôt: rester vivant.
Être un héros me semble facile: sauter sur une mine; mourir pour sa cause; c'est un état de guerre. Mais être un homme; chercher la liberté et la justice; ne jamais abdiquer sa conscience: c'est un combat.
Les doctrines changent, les mains aussi, mais il y a toujours une lame, et une gorge coupable à trancher - au nom de la justice, au nom de la sauvegarde du régime, au nom du nom.