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Critique de kielosa



Le premier roman de Sophie Blandinières "Le sort tomba sur le plus jeune" de 2019 sur la protection de nos mineurs des abus sexuels, que j'ai chroniqué ici le 18 novembre dernier, m'avait tellement plu et ému, que je me suis aussitôt commandé son second livre, sorti l'année suivante.
J'étais, en fait, déjà séduit par son style d'écriture en lisant l'autobiographie de Patricia Kaas "L'ombre de ma voix", à qui elle avait prêté sa plume. Voir mon billet du 28 octobre 2023.

La lecture du présent ouvrage fait, par ailleurs, suite à ma lecture récente, le 2 de ce mois, de l'important livre de Hanna Krall "Prendre le bon Dieu de vitesse" avec le témoignage saisissant du cardiologue Marek Edelman (1919-2009), le dernier survivant du ghetto de Varsovie, car c'est exactement là que Sophie Blandinières conduit le lecteur.

Son roman, inspiré par des personnes réelles et des faits historiquement authentiques, porte comme titre une phrase empruntée au grand chroniqueur du ghetto de Varsovie, Emanuel Ringelblum (1900-1944), dont les archives inestimables font partie de la "Mémoire du Monde" de l'UNESCO.
L'auteure cite à la page 203 de son livre le passage en question de la "Chronique du ghetto de Varsovie" de Ringelblum, dans sa version française de 1993, notamment : que le sauvetage d'enfants juifs de la capitale pour les placer dans des couvents à la campagne, correspondait d'abord à une "chasse aux âmes", ou en d'autres termes à un souci de convertir les enfants juifs à la foi chrétienne.

Ce n'était pas la première fois que les hommes de l'église ont pris une telle initiative. Ils y ont eu recours déjà lors du pogrom de Varsovie du 25 au 27 décembre 1881 et celui de Lwów, aujourd'hui Lviv en Ukraine, du 21 au 23 novembre 1918. Entre autres.
Les 2 autres motifs que l'auteure évoque sont de nature financière, car il fallait payer des zlotys aux couvents, et de prestige, redorer le blason de l'Église catholique qui s'était abstenue d'intervenir à la défense des Juifs trop souvent discriminés et injustement traités.

Je ne vais pas aborder l'histoire elle-même, racontée avec verve et faconde par Sophie Blandinières dans son roman, qu'une quinzaine de bonnes critiques sur Babelio ont déjà fait, ni résumer l'histoire du ghetto de Varsovie, son soulèvement et finalement sa destruction complète par les nazis.

J'ai juste tenu à retracer brièvement le cadre historique d'un pays qui comptait au moment de l'arrivée des troupes nazies en 1939 presque 3 et demi millions de Juifs. Comme à Varsovie les Juifs constituaient 30,1 % de la population, le journaliste et écrivain Albert Londres (1884-1932) a qualifié cette ville la capitale juive d'Europe.
Actuellement, la Pologne ne compte plus que 13.000 Juifs, selon le dernier recensement de 2018.

Sophie Blandinières a reconstitué un tragique épisode de l'histoire humaine avec talent et empathie en exposant clairement la situation particulière des Juifs en Pologne, confrontés au dilemme d'être Polonais ou Juif : "rester en se reniant, partir en s'abandonnant."
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