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Citations sur Mes écoles (40)

J'ai été enseignant. Chaque jour, et pendant plusieurs dizaines d'années, le travail accompli, j'ai avec la femme que j'aime, écrit des livres pour les enfants et les adolescents. Et voilà qu'au soir de ma vie je n'ai pu résister aux appels de ma mémoire et de mon cœur pour entrer dans l'univers des souvenirs.
Par un récit simple et fidèle, j'ai essayé de recréer l'atmosphère dans laquelle j'ai vécu, de faire revivre le monde familier qui m'entourait et l'école naissante qui nous a formés mes frères et moi, puis celle que j'ai servie.
J'ai survolé maintes tranches du temps et touché à maints sujets, sans paraître, peut-être, peindre complètement les unes et approfondir les autres.
C'est à dessein. Bien que j'aie un goût très vif pour l'histoire, je n'ai pas eu l'intention de faire œuvre d'historien.
Mais peut-on parler des hommes sans s'aventurer dans l'histoire ?
(extrait de la préface insérée dans l'édition de poche parue en 1977)
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Qu'elle est douloureuse, la solitude de celle à qui on ne parle pas ! Plus sérieusement, cette petite conversation a eu un effet majeur: des conseillers municipaux, pourtant grands amis de cette dame, ignoraient que l'aventure judiciaire des Écoles n'était pas pliée. Nous sommes heureux de les informer d'une suite possible: si madame le Maire, sans attendre, rase le bâtiment au mépris du patrimoine qu'il incarne, si le tribunal lui donne tort, la commune devra tout reconstruire à l'identique. Ce qui coûtera très, très cher, et donc, nos impôts locaux seront très, très lourds.
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Nos jeux étaient fort variés. Nous jouions aux billes
– c’est un jeu éternel – de toutes les façons : à l’œil, le bras tendu ; debout sur un pied, la main passée sous l’autre jambe repliée ;contre le mur ; dans un trou, le gagnant étant celui qui y avait placé leplus de billes. Nous jouions à la balle aux chasseurs, aux cavaliers et comme dit Alain-Fournier dans le Grand Meaulnes, « les chevaux étaient les grands chargés des plus jeunes sur les épaules » ou sur le dos. Nous
organisions des courses avec des prix imaginaires.
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- On a gagné !
Une autre conseillère municipale bondit:
- Pas du tout ! Le référé a été rejeté, l'affaire n'a pas été jugée, personne n'a gagné, personne n'a perdu.
Madame le Maire, un peu décomposée, confirme cette information:

Courage, fuyons !
La première conseillère revient à la charge.

- Où en est le référendum ?
Pour ceux qui l'ignorent, Mouroux-Patrimoine a proposé d'organiser une consultation publique afin de trancher: oui, on démolit, non, on réhabilite.
Alors là, madame le Maire est devenue statue du Commandeur. Enfin de la Commandeuse: Drapée dans sa dignité, le regard fixé sur la ligne bleue des municipales, elle a proclamé à la face du monde:
- Il n'y aura pas de référendum.
D'une voix plus faible, elle a ajouté
-Personne ne m'a consultée.
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La préparation des confitures nous réjouissait. Notre mère se servait d'un grand chaudron en cuivre rouge et d'une écumoire à trous pour clarifier le jus et surveiller sa consistance. Elle mettait au fur et à mesure l'écume dans une assiette et laissait cuire jusqu'à la perle.
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On était économe ; il est vrai qu’à l’époque, on ne devait compter que sur soi-même. On était engagé tout naturellement dans cette voie par le fait qu’un franc économisé avait gardé tout son pouvoir d’achat dix ans plus tard. Cette stabilité était un élément de sécurité, de tranquillité d’esprit. L’homme a besoin de stabilité pour s’épanouir, voir au loin et construire. L’économie, vertu qui nous venait du fond des âges, qui avait permis à beaucoup de nos ancêtres de s’affranchir au cours des siècles, était toujours honorée au temps de mon enfance. Elle contribuait au bonheur en assurant l’avenir d’une vie qui qui n’était pas toujours souriante et qui n’en
avait peut-être que plus de prix.

La plupart des gens comme mes parents ne connaissaient ni la
résignation ni l’impatience. C’est à petits pas mesurés qu’ils amélioraient leur sort. Petites conquêtes sans cesse ajoutées. Ils étaient guidés, soutenus
par une invincible espérance.
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Bien des hommes ont parlé de leur mère avec ferveur et talent, je ne crois pas qu’ils l’aient aimée plus que moi. Elle a allumé dans notre cœur une flamme qui brillera jusqu’à la fin de nos jours. Je voudrais que ceux que j’aime gardent en eux, aussi longtemps qu’ils le pourront, le souvenir de cette mère admirable qui est morte si tôt de nous avoir trop aimés…

Et le grand platane qui nous abritait, où s’abattaient des
nuées de passereaux migrateurs à l’approche de l’automne, existe-t-il encore ?

J’aurais tant aimé qu’elle me vit construire ma vie d’homme,
qu’elle connût mes enfants, qu’elle eût la joie de voir une fille entrer dans sa maison.

Après tant d’années, que de fois sa présence s’est manifestée !

Tout au long de ma carrière, je me suis entretenu avec des
milliers de mères. Confiantes, elles me faisaient des confidences. Elles me mettaient au courant de leurs difficultés, de leurs soucis, de leurs espoirs.
Je les comprenais bien. Des souvenirs m’v aidaient. Certaines ressemblaient à ma mère. Je la retrouvais dans leurs façons de penser, leur attitude discrète
et leur pudeur.
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Ma mère était de taille moyenne. Ses maternités l’avaient
légèrement alourdie sans lui retirer sa grâce. Sensible à la poésie des choses,son visage s’empreignait d’une douceur mélancolique. Ses yeux d’un marron velouté, qu’une myopie prononcée adoucissait encore, vous caressaient. Elle ne portait pas de lunettes, elle rapprochait très près de ses yeux, l’ouvrage
qu’elle cousait ou le livre qu’elle lisait.
Elle était la bonté même. Tous ceux qui l’approchaient ne
pouvaient que l’estimer ou l’aimer. Je ne l’ai jamais entendue médire de quiconque. Elle ne prenait jamais parti dans les différends ou les querelles ; elle ne voulait qu’apaiser. Elle aurait préféré souffrir d’une injustice plutôt que d’en provoquer une.

Elle s’occupait de ses enfants, ne vivait que pour eux et par eux, attentive à tout ce qui les touchait, attristée de leurs peines, heureuse de leurs joies. Ses nièces, ses neveux, nos amis l’appelaient « Maman Henriette ». C’est sous ce nom que mes enfants et mes petits-enfants qui
ne l’ont pas connue, parlent d’elle. Elle est présente dans nos pensées. Elle était l’âme d’une vie familiale faite d’émotions partagées.
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Quand on regarde en arrière, il est honnête de reconnaître que ce double but a été atteint, que ces maîtres ont bien rempli leur contrat.
Ils éduquèrent et formèrent la génération du feu. Ils se trouvèrent au coude à coude avec leurs élèves à l’un des moments les plus tragiques de notre histoire. « Sois un homme, si tu veux former des hommes. » Telle futleur devise, tout au long de leur vie. On a dit que certains étaient un peu abrupts dans l’expression de leur pensée. Je n’en sais rien. Je n’ai connu que
leur dévouement à leurs élèves et leur attachement à l’école qu’ils servaient.
Ils nous enseignaient bien. Quoique notre initiative fût rarement sollicitée, leur enseignement n’éteignait pas en nous l’esprit de curiosité. Le bagage dontnous fûmes munis était riche de connaissances utiles et prometteuses d’avenir.
Ils nous inculquaient de précieuses habitudes et nous inspiraient de solidesvertus. Ils savaient aussi respecter nos consciences.

J’étais attaché à mon école et je lui porte toujours un sentiment de fidélité mêlé de tendresse. Lorsque je vais à Saint-Maur sur la tombe des miens, je ne manque jamais de faire un détour pour passer devant ma
vieille école comme pour remonter le courant de ma vie et retrouver des visages.

Ces maîtres d’autrefois ont laissé le souvenir d’hommes Intègres dont les qualités professionnelles et morales, l’esprit civique devaient et peuvent toujours servir d’exemple.

Je parle non seulement des miens mais de tous, même de ceux des plus lointains villages. Ils nous ont marqués d’une empreinte profonde. Ils nous ont appris à à placer au-dessus de tout le devoir, pour nous rendre dignes
de nos droits. Ils nous ont révélé que la liberté est sœur du savoir. On ne leur rendra jamais assez hommage.
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Les prix sont un objet de fierté pour celui qui les a gagnés. Chez beaucoup ils font naître le goût de la lecture et c’est une manière d’honorer, de réhabiliter le livre, source de culture que d’en offrir
un aux enfants au terme d’une année de travail. On lit si peu chez nous.
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