Les uns prenaient ce poème pour une satire de la révolution, les autres pour un poème à sa gloire.
[Maïakovski]
[Blok]
La fin de Douze ne me plaît pas non plus. Je l’aurais voulue différente. Quand j’eus terminé e poème, je fus moi-même surpris : pourquoi le Christ ? Mais plus je regardais, plus nettement j’apercevais le Christ. Alors, j’ai noté : oui, malheureusement, le Christ.
[Notes de Blok sur Douze]
On verra bien ce que le temps en fera. Peut-être toute politique est si sale qu'une seule goutte altère le poème et gâte tout le reste ; peut-être qu'elle n'en détruira pas la signification ; peut-être, finalement - qui sait ! - s'avérera-t-elle le ferment grâce auquel on lira Les Douze dans un temps qui ne sera plus le nôtre.
Lui, dans sa capote de soldat,
Avec sa tête d’idiot,
Sa moustache noire, il la tortille et la tortille,
Et comme ça s’entortille
Et comme ça t’embobine…
[Notes de Blok sur Douze]
Ceux qui voient dans Douze des vers politiques, ou bien sont complètement aveugles à l’art, ou bien sont dans la boue politique jusqu’au cou, ou alors ils sont en proie à une grande fureur, qu’ils aiment ou qu’ils rejettent le poème.
Hop hop, fais la traînée !
Dans la poitrine, le cœur a sauté !
Soir, il est tard.
La rue s’est vidée.
Un clochard
S’affaisse,
Et ce vent de siffler…
Eh, crevard !
Viens voir –
Qu’on s’embrasse…
Et par-delà la tempête, invisible,
Et pour toutes les balles, invulnérable,
Avec une douce allure en surplomb des tempêtes,
Avec toute une floraison en perles de neige,
Et sa petite couronne de roses blanches –
A l’avant –Jésus-Christ.
Nos gars, comme ils y sont allés,
Servir dans la Garde rouge –
Servir dans la Garde rouge-
Offrir leurs têtes, leurs têtes brûlées.
Le bourgeois se tient là, chien affamé,
Se tient comme une question, qui ne dit rien.
Et le vieux monde, comme un chien esseulé
La queue serrée, derrière lui se tient.