Présentation par -Roland Frankart-
-Armand Robin (1912-1961)-
Puisqu'André Dhôtel parle de l'anarchisme d'Armand Robin- il fut effectivement anarchiste et provocateur-, relisons le savoureux billet qu'il lui adressa au moment du Femina de 1955:
"Ce jury s'est honoré en vous donnant ce prix. Et je suis très content pour vous. Cependant je suis attristé. Vous avez du talent, donc vous auriez dû être puni. Où va-t-on si le monde auquel nous avons affaire se met, perfidement, à récompenser d'autres que les flics, les médiocres, les ministres ?
je suis sûr que cette insulte sociale, que vous n'avez pas méritée (vous n'avez rien fait pour obtenir ce prix), ne vous changera pas.
Amicalement " (p.173)
Armen Lubin (1903-1974) - Armen Lubin, un arménien exilé, contraint d’abord à de menus travaux pour survivre, et puis précipité dans une maladie qui le cloua au fond des hôpitaux désespérants. Ses poèmes ne furent que la célébration (si l’on peut dire) des instants par lesquels le malade réussit à prolonger sa respiration dans un univers menacé dont il ne comprend pas la signification. Ainsi s’affirmait une poésie qui malgré toute vanité réalisait le merveilleux exploit de maintenir une parole dans un équilibre précaire à la face du ciel incompréhensible . (p.111)
Philippe Blondeau, dans la préface : « Dhôtel lecteur, de la même façon que Dhôtel écrivain, nous apparaît comme l’homme d’une liberté discrète, l’arpenteur des chemins de traverse. Tel est bien, en effet, le point commun à toutes les lectures que l’on découvrira ici : il s’agit toujours pour le critique de mettre en évidence une différence, une singularité, cette manière propre à un écrivain de montrer ce qui est là tout simplement mais qu’on n’avait pas sur voir avec lui » (p.13)