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Critique de Moosbrugger


Le hussard Antoine Blondin ose un premier roman anticonformiste et nous donne sa version de la guerre dans le style des chroniques journalistiques satiriques...Si dans son récit on tire d'avantage son coup que des bastos et que l'on prend plus volontiers son pied que le maquis, Blondin n'en oublie pas pour autant de nous rappeler son crédo le plus élémentaire en période belliqueuse : oublier la partisanerie et les beaux discours.

Muguet c'est un peu un enfant, souvent un amant, mais jamais un soldat. C'est à la fois l'idéal d'un Blondin appelé à la STO, le combleur salutaire de la pyramide des naissances, le résistant bien trop séduisant parmi les huiles mais aussi le mutin en plaisance monégasque.

On est plus souvent purement idiot que réellement pervers dans ce roman. Les deux Schutzstaffel H. et H. paraîtraient par exemple presque attendrissants de bêtise.

« p. 110
C'était peu que débaptiser quelques rues, mais obliger les citoyens à avancer leur montre de deux heures, sans que cette mesure revêtit à leurs yeux l'apparence d'une brimade gratuite, mettre au même pas toutes les pendules d'Europe, témoignait d'une exigence bien plus impérieuse : celle d'organiser le temps au moment précis où l'on occupait l'espace.
On ne tyrannise pas impunément les méridiens
Plus tard, lorsque les Nations Unies, incapable d'organiser l'espace, mais soucieuses par ailleurs d'occuper le temps, instruisirent d'interminables procès aux criminels de guerre, l'Uhrführer Bauer, responsable des chronomètres pour l'ensemble du continent et surnommé « le bourreau des longitudes », fit l'objet d'une affaire retentissante. Dénoncé par l'horloge parlante, on lui imputa le détournement d'un temps considérable […]
Aucun des policiers notoires, commis à la recherche du temps perdu, ne parvint à mettre la main sur ces deux heures de leur vie, dérobées un beau jour aux habitants des territoires conquis. »

Nous retrouvons toute la naïveté de « l'humeur vagabonde » dans ce compte iconoclaste au léger parfum d'autofiction. Une vision peut-être bien plus proche de la vie des Français pendant la guerre, qui comme nous le savons, ont tous été résistants, que l'image qui nous est donné aujourd'hui par les écoeurantes commémorations des deux dernière conflagrations mondiales.

Finalement, pourquoi lire ce livre ? Pour vivre une drôle de guerre sans coups de feu et jouir d'une prose plaisante à la Frédéric Dard. Très bon, on rigole beaucoup, même si la fin tire en longueur.

Muguet est un héros qui possède le courage de la retraite. Toutefois, il est difficile de dire jusqu'à quel point ce personnage s'identifie avec son auteur, et il faudra donc veiller, et cela même en laissant de côté son orientation politique et sa participation controversée au STO, à ne pas commettre d'impair en confondant Antoine Blondin avec Louis Lecoin !
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