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Citations sur Sommeil de cendres (28)

Dans la journée, la tempête meurtrière atteignit l’Île-de-France, avec des vents violents, dont certaines rafales furent mesurées à plus de 100 km/h. Le soir, après avoir annoncé l’accord du dégagement des troupes en Israël, le présentateur du journal de la seconde chaîne de l’ORTF fit le point sur les dégâts occasionnés. Le propos fut illustré par l’effondrement d’un mur sur des voitures en stationnement à Laval, en Mayenne. À 23 h 47, une bourrasque s’engouffra dans la rue de Rivoli et un automobiliste perdit le contrôle de son véhicule, une Dauphine immatriculée dans les Yvelines qui alla percuter une arcade de l’hôtel Brighton. Il fut tué sur le coup.
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Et le parfum de la mort, quand vous l’avez inhalé, vous reste collé au corps. Incrusté dans la peau, invisible et pourtant indélébile, il vous suit jusque dans vos rêves, il vous hante et vous traque et ce parfum entêtant au goût de cendre, Eperlan avait mis sa plus grande force à s’en débarrasser. Il avait plongé dans des eaux soyeuses, pour se libérer de cette pellicule visqueuse, comme on nettoie la crasse. Mais on ne se dépouille pas impunément d’un tel fumet, toujours il se rappelle à vous, au moment où vous vous y attendez le moins et alors, c’est inévitable, les remugles à nouveau vous happent, vous aspirent et vous vous livrez à eux, désarmé, impuissant.
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« Il n’y a rien attendre des événements. » Elle répète la phrase dans sa tête afin d’en mesurer la certitude troublante, d’en cerner la noirceur troublante. Parfois, le monde est un endroit sombre et sans but. Elle rêve à des nuits de voyage, qui frémissent très haut. Elle rêve d’entrer dans une gare déserte et de s’asseoir sur un banc du quai et dans la brume azurée du soir de regarder les rails fantômes qui se perdent dans l’ombre et les panneaux de signalisation qui miroitent dans le crépuscule sous la pleine lune ; un train de marchandises passerait, interminable avec ses wagons rouillés et quand le silence reviendrait après le vacarme elle grimperait sur l’un de ces wagons qui l’emmènerait au loin, n’importe où pourvu que ce ne fût ici. Mais toujours, la chaîne de l’ennui, qui est celle de l’enfance, se rappelle à elle. Il faudra bien un jour en finir avec la vie lacunaire.
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Elle s’installa à côté de lui, heureuse d’être enfin arrivée au terme du voyage, de sa folle cavale qui l’avait amenée de la banlieue parisienne au cœur de ces terres –rudes, pentues, austères, où des générations de paysans opiniâtres avaient rivalisé d’ingéniosité et de labeur, afin de bâtir sur des sols pauvres des murets de pierres sèches, au flanc desquels fleurissaient les châtaigniers, objets de luttes constantes, d’efforts répétés, de négation douloureuse du donné qui nourrissait l’orgueil et dont ils tiraient orgueilleusement leur pain-, terres maintenant promises à l’abandon, traversées par un lointain murmure, les voix des vieilles gens qui étaient restés, ouvrant les voyelles, dévidant des phrases où raisonnaient les consonnes, reliques sonores d’un temps révolu.
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Il maudissait l’âpreté de la neige plus que les hommes eux-mêmes. Au nord du 38 ème parallèle, la ligne James-Town ne bougeait pas. On laissait les morts ensevelir les morts. Les soldats s’enlisaient. Les négociations s’enlisaient.
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Müll acquiesce, prend l’attaché-case et ses petites coupures, le range dans le coffre de la Ford, qu’il verrouille, et rejoint la Lincoln. Il s’installe à l’arrière de la voiture, qui remonte la rampe d’accès et bientôt quitte les néons blêmes et la semi-pénombre du parking souterrain pour sortir à l’air libre. Il a plu en cette fin d’après-midi et les trottoirs de l’avenue du Maine sont détrempés. Le soleil a fait son apparition dans les branches noires des platanes, ses rayons ricochent sur l’asphalte humide. Quand l’automobile bifurque vers le boulevard Raspail, Jameson dit : « Il a bien changé ce quartier de Paris », mais personne ne commente sa remarque. Le blond s’arrête et dépose les deux hommes devant le Lutetia. Ils pénètrent dans l’hôtel. Le bar vient d’ouvrir. Derrière le comptoir, les serveurs s’activent, secouent les shakers, disposent les verres sur le marbre lustré. Jameson et Müll s’installent dans des fauteuils club. L’Américain commande une bouteille de Dom Pérignon et affiche un air de contentement, tandis que Müll ne prête aucune attention aux fresques Art déco qui habillent les murs et le plafond. La lumière d’hiver – une lumière diffuse, cendreuse – traverse les immenses baies vitrées et se reflète sur la voûte, semblant jaillir de toutes parts. Un loufiat arrive, avec deux flûtes à champagne et un seau à glace, il fait sauter le bouchon de la bouteille et sert les deux hommes.
– Aux affaires qui reprennent, lance Jameson en levant son verre.
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Taleb-le-taciturne évite une ornière d’un violent coup de volant, la crosse du pistolet semi-automatique heurte les côtes de Müll, qui grimace. Il desserre la ceinture de son étui pour descendre vers sa hanche son Beretta 70, une arme de calibre 7,65 mm achetée il y a quelques années à un trafiquant de Saint-Ouen et dont il apprécie, outre la compacité, la détente simple et double action, et au surplus, le fait que le pontet soit strié pour une préhension renforcée en cas de tir soutenu. Devant lui, les phares du pick-up balaient la route. Il fixe pendant quelques minutes les essaims d’insectes qui tournoient dans les deux pinceaux de lumière. Il s’assoupit.
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Quatre perturbations d’ouest avaient déjà traversé l’Europe entre le 12 et le 15 janvier 1974. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, après s’être positionné sur l’Islande, l’ensemble dépressionnaire toucha la Bretagne et les régions proches de la Manche, causant la perte de plusieurs navires et entraînant la mort ou la disparition de quarante-cinq personnes en Europe occidentale. Dans la journée, la tempête meurtrière atteignit l’Île-de-France, avec des vents violents, dont certaines rafales furent mesurées à plus de 100 km/h. Le soir, après avoir annoncé l’accord du dégagement des troupes en Israël, le présentateur du journal de la seconde chaîne de l’ORTF fit le point sur les dégâts occasionnés. Le propos fut illustré par l’effondrement d’un mur sur des voitures en stationnement à Laval, en Mayenne. À 23 h 47, une bourrasque s’engouffra dans la rue de Rivoli et un automobiliste perdit le contrôle de son véhicule, une Dauphine immatriculée dans les Yvelines qui alla percuter une arcade de l’hôtel Brighton. Il fut tué sur le coup. La rafale balaya le jardin des Tuileries, poursuivit sa course impétueuse jusqu’au clocheton de la Direction de la police judiciaire parisienne et cingla une vitre du deuxième étage du bâtiment, qui donnait sur la Seine. Michel Éperlan, un officier de la Brigade criminelle qui fumait en regardant les eaux boueuses du fleuve, se dit que 1974 serait une année de merde.
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