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sur 272 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Forge des origines
Cracheurs de feu
L'enfance s'illumine
Fer mystérieux
Le frère fantôme
Douloureux hématome
Parents détruits
Belle insouciance enfuie...

Ecriture en cascades
Jeux de mots, des trouvailles
Un style époustouflant
Court roman étincelant
Fils du feu flamboyant!
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« Fils de feu » est le premier roman de Guy BOLEY. Cet auteur écrit comme il a boxé. Qu'ils soient de coeur ou de rage, d'espoir ou de regret, les coups sont directs. L'auteur s'expose, esquive, explose mais toujours en vérité . Il écrit comme il a dansé la vie et pris les risques des funambules de haut vol. Avec brio, la musique des mots choisis par l'auteur rend admirablement le son du souffle de la forge, le rythme des enclumes, la nostalgie à fleur de peau d'un métier d'artisan, sans compter la puissance et la fragilité des corps qui déterminent les genres et les modes de vie d'alors. Par ses mots à la portée de tous, chargés d'émotion et d'auto-dérision, Guy BOLEY met en scène, donne à voir, à écouter, à deviner , à redécouvrir le métier de forgeron qu'exerçaient son père et Jacky, l'apprenti. Lui, gamin, il observait et remplissait son âme de ce souffle de vie qui émane de la forge, des corps musclés luisant d'efforts et du chant des enclumes qui rythmait la cadence, la vie, le bruit et même le silence annonciateur d'une pièce finie, maîtrisée, unique, encore auréolée des étincelles que faisaient naître son père et Jacky, tous deux , à ses yeux, Maîtres du feu et Seigneur des masses.
Et puis, l'auteur nous raconte sa mère et le travail des femmes, le combat quotidien pour vaincre la crasse, tordre le linge, l'étendre à sécher et donner au gamin de quoi rêver lorsqu'il observait les culottes de Marguerite-des-oiseaux, pièces de tissu aussi grandes qu'un drap de lit pour enfant ! Avec une écriture chargée de tendresse, il nous dit la valeur simple du travail bien fait, la joie de vivre en famille, son horreur aussi quand la mort d'un enfant s'immisce comme un grain de folie au coeur d'une mère qui n'acceptera jamais la mort accidentelle de son petit.
L'enfant de la forge, subjugué par l'attrait du corps luisant de l'apprentis, dépassé par la puissance de frappe de son vulcain de père et la fragilité à fleur de coeur des larmes de sa mère ne saura jamais comment grandir, être lui, trouver sa place sans prendre, perdre ou tuer celle des autres. Il deviendra peintre pour devenir lui et se demandera de manière récurrente s'il faut, pour grandir, renier son passé resté présent ou le sublimer? S'il faut s'atteler à faire le vide autour de soi ou, au contraire, faire le plein de ces vides qui scandent la vie et, peut-être lui donnent sens.
Ayant trusté pas moins de six prix littéraires, « Fils du feu » est un très agréable premier roman, né à maturité et offert en partage par une plume qui s'enracine dans l'expérience d'une vie féconde, même si, à son époque, elle semblait aller à contresens du socialement correct. Guy BOLEY, un auteur dont il faut lire aussi « Quand Dieu boxait en amateur ».

Lien : https://frconstant.com/
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F : feu, fer, forge, forgeron, flamboyance, fulgurance, famille, fratrie, fantôme, flou, folie, fils, fils du feu
Quel style et quel premier roman. A découvrir
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Fils du feu est le premier roman de Guy Boley. Il parait aux éditions Grasset en cette rentrée littéraire de Septembre 2016.

« le lendemain dimanche, papa ne mégota pas et n'alla pas chercher dans de vagues fourrés de ces matériaux minables avec lesquels d'ordinaire on fabrique les arcs : branches de noisetier, crossettes de vigne ou de figuier, ramilles d'épicéa ou courçons d'arbousier qu'il estimait indignes de moi, fils de forgeron, donc fils du feu, donc fils de roi. Les arcs en bois étaient affaire de mécréant, de Maure ou d'Ottoman. Une seule matière était noble : le fer »

Ce qui marque incontestablement quand on ouvre cet ouvrage, et ce dès les premières lignes, c'est l'écriture. Une rencontre, un véritable choc tant elle est travaillée, pure, concise, subtile et riche. On voit clairement que l'auteur y apporte un soin tout particulier, y attache beaucoup d'importance et ce à chaque phrase qu'il couche sur le papier.

« La lumière d'un tableau participe certainement d'un même mouvement de soi. Qui sait si la lumière qui sourd de la matière que l'on pose sur une toile n'est pas née, elle aussi, d'un grand choc de planètes, d'un grand chaos d'étoiles, d'une conscience qui se meut par-delà le mouvement ? Quelque chose qui pourrait par exemple se nommer tout simplement l'enfance »

Il veut que cela soit littéraire, poétique, beau et souvent très visuel. Il souhaite clairement que le lecteur « en ait pour son argent ». Avec de nombreuses comparaisons, références érudites, voyage entre présent et passé (joie de se retrouver à l'époque mythologique), cette histoire familiale est convaincante et très agréable à lire.

« peu importe dans quelle urne repose la vérité, les dieux ont leurs mystères, les hommes ont leurs légendes, ce qui est d'importance est l'étincelle en nous qu'ils ont su allumer, cette parcelle d'irréel à laquelle on a cru ; le reste n'est que poussière qui s'en va vers la mort et que nous balayons d'un revers de la main »

Certes du coup, même si le roman est court, on n'enchaine pas les chapitres à vitesse grand V. Il faut de la concentration et de l'attention. Tant d'érudition peut faire peur au premier abord, surtout que le début peut apparaître bien décousu mais l'auteur prend garde par petites touches à détendre l'atmosphère, à jouer avec les mots, à garder attentif son hôte. Cela en est devenu limite addictif tant je me suis délecté du style fluide de l'auteur.

« Alors acier acier assieds-toi petit que je te forge l'âme entre enclume et marteau, que je te forge un arc à hauteur de tes rêves »

Que dire de l'intrigue ? Quelques mots tout de même. Elle n'est pas facile, bien au contraire. Je ne dirai pas qu'elle passe au second rang, au contraire, elle est portée par la prose extraordinaire qui délivre un récit cohérent. L'action se passe au moment des trente glorieuses. L'amour d'une famille, beaucoup d'amour (celui de la mère, celui du père, celui du métier de forgeron ou de peintre, celui du narrateur, …), la construction d'un enfant dans les épreuves et le deuil, la folie, l'homosexualité abordée de manière si fine et pudique … une vraie et belle réussite ! Je vous laisse découvrir tant il est difficile pour moi de parler du fond sans spoiler ou vous gâcher votre plaisir.

« je sais désormais que toute ma vie durant, toute ma vie de peintre, je ‘ai rien fait d'autre, absolument rien fait d'autre, artistiquement parlant, que de peindre cela : la mort de Norbert, le chagrin de papa, la folie de maman, la forge en feu, les grenouilles mortes, le dépôt, les cheminots, tout ce passé, tous ces dieux fous qui grouillaient et grouillent encore en moi ; et surtout, lumière d'entre les lumières qui dans ces amas d'ombres illumine ou éclabousse chaque toile : l'absence de Norbert ».

Merveilleusement écrit, Fils du feu est un premier roman fort et remarquable. Comme vous l'avez compris, je l'ai beaucoup apprécié et ne peux que vous le conseiller. Je suivrai à l'avenir cet auteur plus que prometteur.

« Ils étaient incultes, c'est-à-dire intelligents mais sans les livres capables de leur nommer, soit cette intelligence, soit cette inculture »

4,5/5
Lien : https://alombredunoyer.com/2..
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Démarrage un peu difficile, faut s'habituer au style. Puis, vitesse de croisière pour arriver à destination pour l'apothéose. Je n'ai pas envie de parler de l'histoire, parce que, dans ce roman, c'est le style qui fait l'histoire. Il faut s'imaginer être sur un bateau et se laisser emporter, car toute la manoeuvre est dans le pilotage du capitaine Guy Bolet. Laissons simplement le lecteur que nous sommes nous embarquer par une croisière unique.
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Très belle découverte que ce 1er roman de G.Boley. J'ai été un peu déroutée par les 30 premières pages, oscillant entre le sentiment d'une érudition un peu trop clinquante et une réelle admiration pour l'originalité de cette écriture. L'auteur peut, en effet, passer d'une phrase Baudelerienne à une tirade "à la Joël Egloff"; de référence aux mythes antiques à la description d'une culotte en coton séchant sur un fil à linge!
Puis, je me suis laissée complétement séduire.Il s'agit presque d'un huis clos familial dans lequel un enfant va devoir grandir avec le fantôme de son petit frère décédé. C'est poignant sans jamais être larmoyant, c'est un portrait psychologique pluriel: lui, sa mère et son père qui devront chacun à leur façon, trouver le moyen de vivre avec cette absence envahissante.
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Un roman nostalgique , d'une infinie tendresse avec des mots choisis , précis.
Un petit garçon fils de forgeron bade son père et son associé, un beau jeune homme fort et puissant , son "premier amour" dira-t-il arrivé à l'âge adulte.
Un drame familial survient , la perte de son petit frère....
Tout cela raconté avec une retenue rare, le naufrage psychologique de sa mère qui restera dans le déni de ce décès jusqu'à sa propre mort, les conséquence sur la vie de famille, le silence du père puis son absence sa fuite du foyer familial...
Guy Boley joue avec les mots, nos émotions , avec un style de poète et on en redemande!
Belle découverte pour ma part , de cet auteur nommé pour le Goncourt 2018.
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Lorsque j'ai débuté la lecture de Fils du Feu j'étais presque persuadée d'abandonner en cours de route. le style d'écriture, le contexte de l'histoire et le récit en lui-même étaient complètement à l'opposé de ce que j'ai l'habitude de lire.
Et puis je me suis laissée bercer dans ce flot de phrases sublimes, ces descriptions inhabituelles, longues mais amusantes. de fil en aiguille je suis arrivée à la deuxième partie du livre, beaucoup moins chargée en descriptions, nous menant alors droit à la conclusion du roman.
Je dirais pour conclure que ce fut une lecture très inhabituelle, mais je suis restée tellement subjuguée par le talent d'écriture de Guy Boley que je me suis laissée portée jusqu'à la fin du roman, et je n'en suis pas déçue !
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Ce roman s'ouvre sur une scène de forge, un spectacle qui convoque les mythes, un « concerto pour enclume et marteaux », avec dans le rôle des maîtres du feu, le père du narrateur, ferronnier d'art, et son employé. le narrateur se replace à la hauteur de l'enfant de cinq ans qu'il était alors. C'est une enfance provinciale, dans les années cinquante, d'un côté un monde d'hommes, de feu et d'acier, de bielles et de vapeur – la famille habite près du dépôt de locomotives –, de l'autre les femmes et la trivialité du quotidien, les fourneaux et les lessiveuses fumantes, le linge qui sèche au vent, toutes choses qui vont bientôt disparaître avec l'avènement des Trente Glorieuses et les débuts de la société de consommation. Mais pour l'enfant ébloui qui voit ces images pour la première fois, tout est tableau qui formera son regard, l'univers semble mû par des forces magiques.
Une tragédie familiale vient renverser l'ordre du monde, le petit frère meurt, chacun devra désormais vivre cet impossible deuil.
Guy Boley a exercé tous les métiers avant d'écrire son premier roman, dans une langue rythmée et visuelle qui fait surgir des images puissantes.
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La trame narrative est simple. le narrateur décrit l'univers de son enfance dans les années cinquante au sein d'un milieu populaire. Fils de ferronnier, le garçon grandit à l'ombre de la forge, fasciné par la force des hommes, leur combat répété pour dompter feu et métaux. A cet univers viril de fer et de flammes s'oppose le monde des femmes, la tiédeur de la maison, humide de l'eau des lessives et du sang des grenouilles accommodées pour les repas. le petit garçon couve les adultes d'un regard tour à tour admiratif et circonspect mais pousse sans soucis jusqu'au décès brutal de son frère cadet. Face au drame, le père fuit dans l'ivresse, et la mère s'installe dans le déni, inventant une existence factice au petit défunt. Autour de la famille endeuillée, le monde ne cesse pas de tourner, la forge devient obsolète et ferme ses portes alors qu'adviennent les Trente glorieuses avec leur cortège de plastique et de préfabriqué. Les enfants survivants, le narrateur et sa soeur, suivent le mouvement et s'échappent à leur tour. Lorsqu'ils reviendront, des décennies plus tard, vider la maison de leurs parents décédés, le fils devenu peintre, aura appris à combler de couleurs une toile vide. Dire enfin la perte de l'enfant, du rapport au feu ancestral créateur et destructeur. Ce roman, aussi court que dense, à l'écriture organique et crue, convoque les quatre éléments dans un joyeux mélange de références savantes et populaires. Il en résulte un alliage nostalgique dépourvu de mélancolie que je conseille dès le lycée à tous les lecteurs amateurs de poésie brute.
Lien : https://leventdanslessteppes..
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