La légende arthurienne propulsée en l'an 3000 ! Eh ben voilà un pitch accrocheur ! Publié par DC, en 1982, "Camelot 3000" a été également édité en France, notamment par Bulle Dog (2 tomes en noir et blanc), en 2005, puis en intégrale, par
Urban Comics, en 2019.
Le récit est composé de 12 chapitres. Il est l'oeuvre du scénariste
Mike W Barr et du dessinateur
Brian Bolland (qui a dessiné, entre autres, "Killing Joke"). Au début des 80's, aux USA, il a marqué une étape dans la façon dont les comics étaient distribués, car seules les boutiques spécialisées pouvaient le fournir et l'édition était plutôt soignée, par rapport aux standards de l'époque, préfigurant l'essor des "graphic novel".
L'histoire est celle d'une invasion extraterrestre, qui menace la terre, en l'an 3000. Londres est ravagée et le jeune Tom Prentice se réfugie dans les ruines de Glastonbury, où il travaille sur un chantier de fouilles archéologiques. Il provoque, sans vraiment le vouloir, le réveil du roi Arthur, qui avait juré de se relever si jamais l'Angleterre se trouvait menacée. Rapidement, face à l'ampleur de la menace, Arthur cherche à restaurer les chevaliers de la Table Ronde, pour l'aider à vaincre l'ennemi...
Vous l'aurez compris, le principal atout de ce comic, c'est le fun. On prend deux univers très opposés et on les mixe pour donner un truc bien barré...mais pas tant que ça. Des thèmes très "osés" pour l'époque (et pour le media) sont abordés (transsexualité, homosexualité), mais l'astuce de ne pas vendre Camelot 3000 dans les kiosques permet à DC de s'affranchir du Comic Code Authority. Plutôt malin, donc. L'aspect épique est vraiment ce qui prime dans la narration. Pour autant, le développement des personnages n'est pas mis de côté, et le fait que les chevaliers d'Arthur se réincarnent dans des personnes réelles (enfin de l'an 3000, quoi), qui tranchent avec l'archétype du preux chevalier, c'est franchement bien trouvé (le décalage qui en découle). Il y a néanmoins des longueurs par moment, et l'aspect kitsch de l'ensemble pourra en rebuter certains (du genre, les aliens reptiliens digne de la série V). Les dessins très clairs et minutieux de
Brian Bolland sont clairement un atout non négligeable. Je ne saurais parler de la colorisation car je n'ai lu que la version en noir et blanc.
Au final, un récit daté, certes, mais agréable et proposant un univers vraiment original, pour ne pas dire unique. Et puis certains thèmes abordés montrent une réelle audace pour l'époque.