>
Critique de Mermed
Le roman policier, axé sur les enquêtes, et dans son sillage le roman d'espionnage, construit autour des conspirations, se sont développés comme des genres à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. A la même époque, la psychiatrie invente la paranoïa, la sociologie imagine de nouvelles formes de causalité pour expliquer la vie sociale des individus et des groupes et la science politique déplace la problématique de la paranoïa du psychique vers le social et cherche à expliquer les événements historiques en termes des théories du complot. Dans chaque cas, la réalité sociale était mise en doute. C'est à l'État-nation tel qu'il s'est formé à la fin du XIXe siècle que l'on doit le projet d'organiser et d'unifier cette réalité pour une population et un territoire particuliers.
Ainsi la figure du complot devient-elle le foyer des soupçons concernant l'exercice du pouvoir. Où réside vraiment le pouvoir et qui le détient réellement ? Les autorités nationales qui en sont présumées responsables, ou d'autres agences agissant dans l'ombre - banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dirigeante ? de telles questions ont fourni l'échafaudage d'ontologies politiques qui misaient sur une réalité doublement distribuée : une réalité officielle mais superficielle et son contraire, une réalité plus profonde, cachée, menaçante, non officielle mais bien plus réelle. Policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie - inventions plus ou moins concomitantes - avaient en commun une nouvelle manière de problématiser la réalité et de travailler les contradictions dont elle est héritée.
Les aventures du conflit entre ces deux réalités - superficielle versus réelle - fournissent la trame de ce livre très original. À travers une exploration de l'oeuvre des grands maîtres du roman policier et du roman d'espionnage - G.K. Chesterton, Arthur Conan Doyle, John le Carré et Graham Greene entre autres - Boltanski montre que ces oeuvres de fiction et d'imagination nous disent quelque chose de fondamental sur la nature des sociétés modernes et de l'État moderne.
Lien : http://holophernes.over-blog..
Ainsi la figure du complot devient-elle le foyer des soupçons concernant l'exercice du pouvoir. Où réside vraiment le pouvoir et qui le détient réellement ? Les autorités nationales qui en sont présumées responsables, ou d'autres agences agissant dans l'ombre - banquiers, anarchistes, sociétés secrètes, classe dirigeante ? de telles questions ont fourni l'échafaudage d'ontologies politiques qui misaient sur une réalité doublement distribuée : une réalité officielle mais superficielle et son contraire, une réalité plus profonde, cachée, menaçante, non officielle mais bien plus réelle. Policier et roman d'espionnage, paranoïa et sociologie - inventions plus ou moins concomitantes - avaient en commun une nouvelle manière de problématiser la réalité et de travailler les contradictions dont elle est héritée.
Les aventures du conflit entre ces deux réalités - superficielle versus réelle - fournissent la trame de ce livre très original. À travers une exploration de l'oeuvre des grands maîtres du roman policier et du roman d'espionnage - G.K. Chesterton, Arthur Conan Doyle, John le Carré et Graham Greene entre autres - Boltanski montre que ces oeuvres de fiction et d'imagination nous disent quelque chose de fondamental sur la nature des sociétés modernes et de l'État moderne.
Lien : http://holophernes.over-blog..
