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Citations sur Agathe (72)

Sur le sol du côté droit du lit était installé un matelas avec un édredon et un oreiller. Sur la table de chevet à gauche, là où j’étais assis maintenant, il y avait une lampe, un verre d’eau, une cuvette et une boîte avec des bonbons à la menthe. C’étaient là les remèdes contre la mort.
— Je ne suis pas sûr du tout de la façon dont je peux vous aider, Thomas, dis-je. Je n’ai jamais aimé quelqu’un.
Mes propres mots me prirent de court, mais Thomas se contenta de répondre :
— Oui, nous n’avons pas tous cette chance. Peut-être vous sera-t-il plus facile de mourir.
— Peut-être, approuvai-je. Mais plus difficile de vivre.
Son rire était de pierre tombant sur la pierre.
— Vous avez peut-être raison, parvint-il à articuler, tandis que son rire se transformait en toux. Une vie sans amour ne vaut pas grand-chose.
Je lui souris et nous restâmes un peu en silence avant que je lui demande :
— Vous avez dit que vous aviez peur ?
— Complètement terrifié !
Il sourit de nouveau, avec les yeux cette fois.
— C’est agréable de l’avoir dit.
— Moi aussi, en fait, j’ai peur, avouai-je, mais je n’ai pas tout à fait découvert pourquoi.
— Je pense que le pire, c’est de ne plus revoir le visage de ma femme. D’aller quelque part où elle n’est pas.
Pour une raison ou une autre, je comprenais exactement ce qu’il voulait dire.
— Peut-être n’est-ce pas du tout elle que vous devez lâcher, proposai-je. Peut-être n’est-ce que tout le reste.
Je n’étais pas sûr que cela fasse sens, mais Thomas tendit la main et prit la mienne, de la même façon que l’avait fait sa femme quelques jours auparavant.
— C’est vrai, je sentis sa main se resserrer en une faible pression, elle, je ne pourrai jamais la lâcher. Le reste, peut-être.
Il relâcha ma main, se recroquevilla en un nouvel accès de toux sèche, et je lui tendis l’eau, dont il but quelques gorgées.
— J’espère que vous allez découvrir de quoi vous avez peur, dit-il d’une voix éraillée en se recouchant sur l’oreiller. Tout autre chose serait un terrible gâchis.
Je lui jetai un regard et haussai les épaules ; est-ce que cela n’avait pas été du gâchis jusqu’ici, pour la plupart ? Je lui demandai quand même :
— Comment découvre-t-on de quoi on a peur ?
— Mon expérience, dit Thomas, tandis que ses yeux se fermaient, c’est que l’on commence par ce dont on a la plus grande nostalgie.
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Si vous souhaitez aller mieux, madame, je vois deux chemins. Peut-être même sont-ils reliés. L’un consiste en ce que vous accordiez moins d’importance aux petitesses et réduisiez vos obligations quotidiennes. L’autre est que vous introduisiez quelque chose dans votre existence qui ait un sens.
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Vieillir, pensai je, pendant que l’amertume se déversait, consistait surtout à observer comment la différence entre son moi et son corps grandissait et grandissait jusqu’à ce qu’un jour on soit complètement étranger à soi même. Qu’y avait-il là de beau ou de naturel ?
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Comment aide-t-on un homme inconnu à bien mourir lorsqu'on n'arrive même pas à vivre sa propre vie ?
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A chaque instant, vous avez la possibilité de faire quelque chose dont vous pouvez être fière.
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Sur le sol du côté droit du lit était installé un matelas avec un édredon et un oreiller. Sur la table de chevet à gauche, là où j’étais assis maintenant, il y avait une lampe, un verre d’eau, une cuvette et une boîte avec des bonbons à la menthe. C’étaient là les remèdes contre la mort.
— Je ne suis pas sûr du tout de la façon dont je peux vous aider, Thomas, dis-je. Je n’ai jamais aimé quelqu’un.
Mes propres mots me prirent de court, mais Thomas se contenta de répondre :
— Oui, nous n’avons pas tous cette chance. Peut-être vous sera-t-il plus facile de mourir.
— Peut-être, approuvai-je. Mais plus difficile de vivre.
Son rire était de pierre tombant sur la pierre.
— Vous avez peut-être raison, parvint-il à articuler, tandis que son rire se transformait en toux. Une vie sans amour ne vaut pas grand-chose.
Je lui souris et nous restâmes un peu en silence avant que je lui demande :
— Vous avez dit que vous aviez peur ?
— Complètement terrifié !
Il sourit de nouveau, avec les yeux cette fois.
— C’est agréable de l’avoir dit.
— Moi aussi, en fait, j’ai peur, avouai-je, mais je n’ai pas tout à fait découvert pourquoi.
— Je pense que le pire, c’est de ne plus revoir le visage de ma femme. D’aller quelque part où elle n’est pas.
Pour une raison ou une autre, je comprenais exactement ce qu’il voulait dire.
— Peut-être n’est-ce pas du tout elle que vous devez lâcher, proposai-je. Peut-être n’est-ce que tout le reste.
Je n’étais pas sûr que cela fasse sens, mais Thomas tendit la main et prit la mienne, de la même façon que l’avait fait sa femme quelques jours auparavant.
— C’est vrai, je sentis sa main se resserrer en une faible pression, elle, je ne pourrai jamais la lâcher. Le reste, peut-être.
Il relâcha ma main, se recroquevilla en un nouvel accès de toux sèche, et je lui tendis l’eau, dont il but quelques gorgées.
— J’espère que vous allez découvrir de quoi vous avez peur, dit-il d’une voix éraillée en se recouchant sur l’oreiller. Tout autre chose serait un terrible gâchis.
Je lui jetai un regard et haussai les épaules ; est-ce que cela n’avait pas été du gâchis jusqu’ici, pour la plupart ? Je lui demandai quand même :
— Comment découvre-t-on de quoi on a peur ?
— Mon expérience, dit Thomas, tandis que ses yeux se fermaient, c’est que l’on commence par ce dont on a la plus grande nostalgie.
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Si personne ne vous aime, on peut finir comme une très petite créature. Parfois je me demande si une telle créature est vraiment une personne.
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En réalité, ce que je voulais dire, c’est que je ne savais absolument pas comment parler à une autre personne en dehors des quatre murs de mon cabinet. Il y avait à présent si longtemps que je n’avais pas mené une conversation normale avec quelqu’un que cela faisait mal d’y penser.
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Pourquoi (...) n’y avait-il personne qui vous disait ce qui arrivait au corps quand on vieillissait ? Qui vous parlait des articulations douloureuses, de la peau excédante et de l’invisibilité ? Vieillir, pensai-je, pendant que l’amertume se déversait, consistait surtout à observer comment la différence entre son moi et son corps grandissait et grandissait jusqu’à ce qu’un jour on soit complètement étranger à soi-même. Qu’y avait-il là de beau ou de naturel ? Et alors que le disque se terminait et que le silence me laissait solitaire dans la pièce, vint le coup de grâce : il n’y avait aucune issue. Il me fallait vivre dans cette prison grise et traîtresse jusqu’à ce qu’elle me tue.
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J'ignore totalement comment fonctionnent les gens ! Alors qu'en dites-vous ? Tout cela n'est qu'un grand spectacle ! (p127)
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