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sur 176 notes
A soixante-douze ans, le narrateur, psychanalyste à Paris, en est réduit à compter à rebours les consultations qui le séparent de son départ en retraite, lorsqu'une nouvelle patiente à l'accent allemand, Agathe, vient bouleverser l'ennuyeuse routine et les grises perspectives du vieux praticien. Pour la première fois, le mal de vivre épanché dans son cabinet va éveiller chez lui d'inattendus échos personnels, et la thérapie agir autant sur lui que sur sa cliente dépressive.


Sur un rythme vif, à coups de phrases sobres et dirigées vers l'essentiel, ce court roman happe d'emblée le lecteur, piquant sa curiosité et le tenant désormais sous son charme. L'histoire assène les vérités sans avoir l'air d'y toucher, révélant en quelques mots l'âme de ses personnages, avec une simplicité et une précision non dénuées de poésie. Sans pathos et toute en pudeur, elle immerge dans l'intime et l'émotion, sans même laisser le temps de s'en rendre compte. Vous vous pensiez en terrain neutre, et vous voilà soudain au bord d'un gouffre. Tout paraissait écrit, mais la vie vous entraîne pourtant encore dans l'espoir de ses incertains possibles.


Il suffisait pour cela d'une rencontre que rien ne laissait présager, entre une jeune femme incapable d'affronter sa peur de la vie, et un vieil homme insidieusement emmuré dans l'aliénante protection de la routine et de la solitude. Alors, chacun miroir de l'autre, peut-être oseront-ils quitter la berge pour enfin suivre le flux de leur existence.

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Voilà un petit livre très curieux qui ne ressemble à aucun autre que je connaisse – merci à Sabine59 qui attiré mon attention sur ce récit par sa chronique.

La seule chose qui me soit rapidement venue à l'esprit c'est la série « En thérapie » diffusée sur ARTE il y a quelques temps.

Nous sommes dans la tête du personnage principal - un psychanalyste qui va prendre sa retraite dans quelques jours – avec 688 consultations à venir au début du récit. Nous sommes aussi à Montpellier, peut-être dans les années 30, mais ce récit est intemporel et la situation pourrait tout aussi bien se situer de nos jours.

La vie de ce psychanalyste est réglée comme du papier à musique : sous la houlette de Mme Surrugue, sa secrétaire qui organise son emploi du temps minutieusement, il reçoit des analysants qui semblent être là depuis des lustres, sans grand espoir de guérison, où tout simplement la perspective d'aller un peu mieux.

Sa vie serait donc plutôt marquée par l'ennui, si une nouvelle patiente ne s'était pas présentée à lui pour qu'il accepte de s'occuper de son cas. Elle s'appelle Agathe et présente a priori un dossier plutôt lourd et complexe. Comme il va prendre sa retraite bientôt, il décline dans un premier temps.
Mais celle-ci insiste auprès de Mme Surrugue et réussit à lui extorquer un premier rendez-vous … qui sera bientôt suivi de beaucoup d'autres.
Contre toute attente, l'existence morne et routinière de notre personnage principal va être bouleversée par la présence répétée d'Agathe. Insidieusement, Agathe se révèle un cas étonnant, qui pique sa curiosité et va l'entraîner là où il n'avait aucune envie de se rendre.

Pas de pathos pour autant. On suit l'analyse d'Agathe et l'hypothèse qui se forme peu à peu dans l'esprit de notre analyste pour expliquer le comportement étrange de sa patiente. Et entre les deux protagonistes que rien ne prédispose a priori à se rencontrer, une curieuse connexion va se nouer entre eux, bien malgré notre psychanalyste qui sait pertinemment qu'il ne saurait y avoir de relation personnelle avec une analysante …

On ne dira rien du final – qui n'atteindra peut-être pas le suspense de la rencontre entre la belle Mélanie Thierry et Frédéric Pierrot dans « En thérapie » - mais ce qui est certain c'est que la vie millimétrée que mène notre héros va être fortement perturbée : il suffit par exemple que Mme Surrugue prenne un congé maladie pour s'occuper de son mari malade en suppliant son employeur de passer le voir, pour que tout se dérègle…


Etonnant premier roman qui m'a laissée plutôt perplexe. Et si, pour un personnage de psychanalyste j'ai préféré la lecture de « La patience des traces » de Jeanne Benameur, « Agathe », par la sécheresse de son style qui colle au personnage, n'est pas dénuée d'un intérêt certain.
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Drôle de petit livre d'une psychologue danoise, acheté par hasard. L'action se passe dans les années trente, quarante, à Montpellier mais l'endroit importe peu, en fait.

La narration est faite à la première personne par un psychanalyste de 72 ans, qui n'a qu'une hâte: être en retraite. Il ne supporte plus ses patients, son travail. Il compte à rebours le nombre de séances qu'il doit encore effectuer. Dans cet univers terne, routinier, solitaire qui est le sien , un élément perturbateur va souffler un tourbillon de vie...

Il s'agit d'une jeune femme, Agathe, pourtant dépressive, auto-destructrice. Il avait d'abord refusé de la suivre en tant que patiente, prétextant sa prochaine cessation d'activités. Mais l'insistance d'Agathe l'a emporté.

Peu à peu, le vide de sa vie va lui apparaître, grâce à elle, et l'espoir d'être enfin lui-même se dessiner...

On peut considérer ce livre comme une fable métaphysique, un conte philosophique, ou tout autre chose,c'est en cela qu'il est atypique, intrigant. Mais le fait qu'il soit si court ne permet pas de pénétrer en profondeur dans les âmes tourmentées des personnages, de creuser leurs souffrances. C'est ce que j'ai regretté. On reste un peu en surface. Et qu'elle est sombre, l'existence du psychanalyste, avant l'éclaircie !
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Le moins que l'on puisse dire c'est que le psychanalyste qui nous parle ici n'attire, de prime abord, aucune sympathie de notre part.
Monsieur va bientôt avoir soixante-douze ans et a donc décidé de prendre sa retraite, une décision tout a fait légitime sans aucun doute. Il lui reste cinq mois à se rendre dans son cabinet et il entame alors le compte à rebours des consultations restantes avec soupirs, indifférence, ennui et même agacement. Il nous évoque ses douleurs articulaires, ses pensées sur le vieillissement, ses petits croquis d'oiseaux caricaturaux dont il orne les dossiers de ses patients. Enfoncé dans son vieux fauteuil en cuir, il écoute d'une oreille distraite les différentes souffrances.
Il est célibataire, entretient avec sa secrétaire, madame Surrugue, une relation routinière pleine de déférence, purement professionnelle, sans aucune profondeur humaine.
Et puis Agathe se présente, très déterminée, et force sa réticence à prendre une nouvelle patiente. L'image de son regard puissant, de sa pâleur extrême, le déstabilise.

Ce petit roman surprend par le portrait de ce thérapeute qui a passé cinquante ans de sa vie à soigner des êtres en détresse psychique mais qui, en dehors de son cabinet, n'a jamais eu un geste, ni une parole vers quiconque, y compris son voisin immédiat. Il séduit par ses interrogations sur la façon de saisir sa vie, sur les difficultés de s'y couler sans qu'elle nous échappe.
Quelques aveux, portés par une très jolie plume, ouvrent sur les difficultés de vivre et de mourir. Au début, complètement résigné et indifférent, le narrateur éprouve ensuite des émotions de plus en plus confuses. Une interrogation ressort : Y a-t-il un mode d'emploi de la vie ? On glisse alors vers des réflexions sur l'existence tout en assistant à une évolution des relations.
Qui psychanalyse qui ?

J'aurais aimé rester plus longtemps plongée dans l'écriture sobre et plaisante d'Anne Cathrine Bomann qui décrit précisément les expressions physiques et morales des personnages et qui fait planer les impuissances de chacun.
La fin arrive trop vite et laisse dans son sillage un goût de trop peu. Je suis sûre que, tout en préparant ses tasses de thé, ce thérapeute pouvait encore nous parler des incertitudes de la vie.
Le sujet de la psychanalyse d'Agathe est également passionnant et ma curiosité aurait supporté plus d'approfondissement. C'est cependant un premier roman qui invite fortement à suivre l'évolution de cette auteure danoise.
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« Phénomène littéraire international », dit la description. de quoi créer des attentes…

Alors non, ce n'est pas l'enthousiasme. Mais en même temps, il y a vraiment une émotion qui passe dans ce roman.
Car il me met un peu mal à l'aise, ce psychanalyste tourmenté qui tient le décompte du nombre d'entrevues qui lui restent avant la retraite.

Un homme qui n'a aucune vie à lui, pas de famille, aucun ami. Il habite depuis toujours dans le même appartement où ont vécu ses parents, aucun décor personnel, rien. Une terrible solitude ? Et pourtant, il est là à écouter et à soigner des personnes dépressives, suicidaires ou mal dans leur peau.

Et Agathe ? C'est une patiente, qui souffre depuis des années. Elle a déjà été internée, a subi des électrochocs et autres traitements barbares. Elle veut disparaître…

Alors, lire c'est parfois habiter un moment d'autres vies et pour moi, celles-ci sont aussi autres que possible, mais j'en ai vécu un instant la misère…
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Ce que j'ai ressenti:

Et si vous vous installiez sur vos canapés et qu'on discutait un peu de lecture, un peu de la vie aussi, et personnages de romans? J'ai ouvert Agathe, un peu par hasard, parce qu'en ce moment, c'est difficile de trouver de l'engouement, même pour la lecture…Là, on dirait que c'est Agathe qui m'a choisie pour passer une petite consultation-introspection qui donne un peu de profondeur, à ce temps ralenti…

Première approche, un psychanalyste ronchon…Sans trop spoiler, on va dire que lui et moi, c'est pas possible…J'évite ce genre de personnes, qui comptent…Les personnes qui comptent le temps qu'ils donnent, le temps qu'ils reçoivent, le temps qu'il reste…Mais j'imagine que cette antipathie pour ce docteur est bel et bien voulue pour que Agathe puisse prendre sa place dans ce petit univers d'heures vides…

En revanche, Agathe et moi, c'est le coup de foudre. Tout à la différence du docteur, c'est une personne qui donne, ses émotions, ses failles et son désarroi. Sa fragilité est tellement apparente qu'on a presque peur qu'elle se désagrège sous nos doigts pendant que l'on tourne les pages…Plonger dans les yeux d'Agathe, c'est rencontrer l'abîme, mais c'est aussi voir une délicatesse touchante.

En ce temps de confinement, on a plus de temps pour réfléchir au sens de nos vies. Grâce à cette lecture, à l'élégance de la plume de Anne Cathrine Bomann, on fructifie nos esprits. Avec la pertinence de ces questions existentielles, elle a réussi à me toucher et à me faire apprécier ce duo étrange de patient/docteur…C'est un texte qui aborde beaucoup d'émotions, et notamment les vertiges de la solitude, l'ultime sursaut d'éveil avant l'implacable renoncement…

C'était peut-être juste ce qu'il me fallait, ce temps enrichi par la sobriété et l'intelligence de l'essentiel…Merci Anne Cathrine Bomann pour ce temps gagné à vous lire.


Ma note Plaisir de Lecture 8/10
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Pas complètement emballée par ce court roman… Et pourtant tous les ingrédients étaient réunis pour que je m'attache à Agathe et à son thérapeute : le thème, le fait qu'il soit écrit par une experte en la matière et que mon attention ait été attirée par une personne dont les goûts littéraires s'apparentent au miens.
Pourquoi donc cette déception ? Les chapitres ne font que se succéder nous laissant la plupart du temps sur notre faim. de l'un à l'autre, pas de lien : ce sont les réflexions d'un psychanalyste au bord de la retraite dont la vie est aussi peu épanouie que celle des patients qui le consultent, une sorte de carnet de bord, relatant ses propres doutes voire ses angoisses et ses perversions. (Cet anti-héros m'a fait penser à celui du Pigeon de Patrick Süskind).
Je ne me suis pas ennuyée pour autant mais j'y ai vu une sorte d'ébauche, peut-être un scénario pour un court-métrage.à
En bref, je dirais que c'est pour moi une oeuvre non aboutie…
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Il y a des livres que vous choisissez parce que vous en avez entendu parler ou ceux dont vous aimez l'auteur, ceux qu'un ami ou un libraire, ou un libraire-ami, vous conseille et il y a ceux dont vous ne savez rien et qui vous choisissent.
Agathe a fait partie pour moi de cette dernière catégorie. Sans doute le visage froid, insistant et mystérieux de la couverture m'avait interpellée et avait eu raison de ma curiosité. Choisi sans même regarder la quatrième de couverture, une première pour moi, il a séjourné quelque temps dans ma pile de livres à lire. Puis le visage a réapparu un jour sur le dessus de la pile. Il me fallait en découdre et procéder à une analyse plus approfondie en me plongeant dans sa lecture.

D'analyse, il en est justement question dans ce petit roman qui n'a l'air de rien. A 72 ans et en fin de carrière, un homme aux articulations douloureuses, dont on ne sait ni le prénom ni le nom, mène une vie solitaire et routinière uniquement accaparée par son métier de psychanalyste. Il compte les jours et le nombre de patients qui le séparent de la retraite. Quand survint Agathe, insistante et déterminée à le rencontrer. Ce n'est pas vraiment le moment pour prendre une nouvelle patiente et encore moins pour entreprendre une analyse, compte tenu de ses antécédents psychologiques. Et pourtant… lequel a le plus besoin de l'autre ? Une rencontre va se faire révolutionnant ces êtres en mal d'existence.

En écrivant ces quelques mots sur ce roman, je ne sais pourquoi le prénom Agathe m'a fait penser à agate, la pierre. Je voyais bien les couches colorées et concentriques de cette pierre mais n'en savait guère plus.
En faisant quelques recherches, oh surprise, j'ai découvert ceci : "En lithothérapie, la pierre agate a pour principale propriété d'être une pierre de chance et une pierre d'ancrage. Ses propriétés et vertus s'articulent autour d'un apport au niveau de l'équilibre physique, émotionnel et intellectuel… La pierre agate est une pierre calmant les angoisses, elle apaise et harmonise... Elle aide chaque être à prendre de la confiance en soi et à s'accepter tel qu'il est. Elle apporte du courage dans les moments difficiles... La pierre agate offre en lithothérapie des vertus d'autopsychanalyse et des perceptions extra-sensorielles d'éléments dissimulés… La pierre agate permet d'apporter également plus de sincérité et incite à dire le fond de sa pensée. Cette pierre naturelle développe la concentration et favorise les souvenirs. C'est aussi une pierre favorisant la clairvoyance, l'enregistrement des différentes expériences vécues et la contemplation. Toujours dans cette optique de calme et de plénitude, la pierre agate permet de désarmer la colère intérieure. Elle a pour rôle de dissiper tous les éléments intérieurement perturbants et chocs émotionnels pour instaurer un sentiment de sécurité".
Tout y est dit sur Agathe et des interactions entre elle et son psychanalyste. Je ne sais si le choix du titre et le prénom du personnage du roman, sont un hasard ou une volonté éclairée de l'auteur...

Bref, un petit roman et des personnages qui n'ont l'air de rien, mais qui en disent plus qu'il n'y paraît.

Comme quoi une couverture peut vous attirer et vous emmener plus loin que vous ne pensiez.
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« Lorsque je fixai le miroir pour voir mon visage, il était vide, il n'y avait personne ! Et bien que je sache parfaitement que nous n'avions là aucun miroir, en prendre conscience me prit juste assez de temps pour que la pensée surgisse : c'est exactement ça ! »
Tous, nous vieillissons. C'est soit ça, soit mourir. Inéluctable, donc. Lorsque le narrateur en prend réellement conscience, lorsque ça fait sens pour lui, dont le métier est justement de tirer du sens de ce que les gens lui confient, de les amener à le voir par eux-mêmes (il est psy-quelque-chose-clinicien), ça le fait vaciller. Il a décidé que (peut-être) lorsqu'il aurait 72 ans il prendrait sa retraite. Quelques six mois à tirer encore, ça représente 800 entretiens à assurer. La pesanteur du renoncement se faisant sentir comme jamais, notre psy va lentement faire l'expérience (mieux vaut tard que jamais) du lien…
Que voici un étrange premier roman. L'autrice, Anne Cathrine Bomann, est danoise, mais situe son roman à Paris, en 1948. Par petites touches, elle esquisse un monde désuet et charmant, qui flirte avec la désespérance sans jamais y sombrer. Une fantaisie indéniable rythme l'ensemble et on se soumet comme sans y penser au charme de ces trop courtes pages. Une réussite !
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Au crépuscule de sa longue vie professionnelle, un psychiatre prend en charge, à contre-coeur, une dernière patiente. Sans le soupçonner, Agathe, jeune femme fragile comme du verre, va amener un peu de flamme dans la vie assoupie du vieil homme.
Résumer comme cela, l'histoire pourrait ressembler à un très mauvais roman de gare. Il n'en n'est rien tant le style de l'écriture est raffiné. Il y a aussi cette manière de prendre le temps, de jouer avec lui, en le regardant faire ses effets sur les êtres, à la fois simple et complexe qui n'est pas sans rappeler certaines pages de Virginia Woolf ou d'Henry James.
A mille lieux d'un monde en pleines convulsions, « Agathe » nous invite à suspendre le temps et mener une introspection intime tout en douceur et en silence. Atypique et solaire.
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